Une description qui met bien dans l'ambiance de Six Fourmis blanches je trouve (voir citation ci-dessus). Car toute l'histoire se passe en Albanie et a un lien de près ou de loin avec la montagne, et plus on avance dans le roman, plus on s'enfoncera dans des paysages glaciaux, escarpés et dangereux.
Deux narrateurs se succèdent d'un chapitre à l'autre. Nous avons d'un côté Mathias, un homme dont l'occupation principale est à découvrir au fil des chapitres, car le nom de "sacrificateur" ne doit pas parler à grand monde. Il possède une sorte de don fortement lié aux croyances culturelles et de ce fait connaît la montagne comme sa poche. De l'autre côté, il y a Lou, une femme peu sportive qui part avec son mari faire un trekking de 3 jours dans les montagnes albanaises avec quatre autres touristes et un guide local.
On sent très vite qu'il doit exister un lien entre les narrateurs puisqu'ils arpentent les mêmes terres et il faut que le récit se mettre bien en place avant que le lecteur puisse être sûr de ce lien. Cependant, je trouve que cette mise en place des éléments et des personnages est un peu longue. Bien faite, certes, mais malgré tout un peu longue, ce qui crée un léger déséquilibre avec le reste du livre. Pas bien grave, mais tout de même légèrement négatif puisque lors de ma première longue soirée de lecture, je n'ai pas eu le temps même d'entrer dans le suspense du roman.
Mais une fois que les péripéties commencent, tout se met en mouvement. J'ai nettement préféré les passages se concentrant sur le groupe de touristes, que je trouvais plus complet et plus dynamique. J'ai aimé les idées présentes dans ceux de Mathias, mais selon moi, ce sont surtout ces passages-ci qui ralentissaient le rythme.
Par contre, en ce qui concerne les péripéties et le dénouement, j'ai beaucoup apprécié. On sent l'urgence, l'état d'esprit des personnages (surtout de Lou, puisque c'est à travers ses yeux qu'elle narre l'histoire) et j'ai adoré me retrouver dans cette montagne aussi inhospitalière que dangereuse. Les descriptions sont à son image : froides et dures.
La tournure que prennent les événements aux deux tiers du livre permettent au lecteur de ne pas s'ennuyer et de relancer les aventures de notre groupe de montagnards en herbe. Malgré tout, j'aurais aimé sentir un peu plus de suspense, certains personnages acceptant, je trouve, un peu trop facilement certaines choses.
Un bon roman, une bonne trame (bien qu'un peu longue), une plume adéquate, mais un manque de suspense qui se fait parfois sentir et qui, je crois, aurait pu aisément être amplifié au vu de la situation des personnages.