Six jours
7.3
Six jours

livre de Ryan Gattis ()

Los Angeles, 3 mars 1991: quatre policiers (blancs) interpellent un homme (noir) à coups de taser, le matraquent, le rouent de coups, puis le traînent au sol. L'incident est filmé, la ville s'indigne.


29 avril 1992, 15h15: trois des quatre policiers sont acquittés, le jury n'est pas parvenu à un verdict pour le quatrième.


Moins de deux heures plus tard, la ville s'embrase, littéralement.


Six jours, c'est le temps que mettront les autorités, complètement dépassées (on parle d'environ 8 000 membres des forces de police pour 100 000 membres de gangs), pour reprendre le contrôle de la ville folle de colère.


Six jours, c'est aussi un temps pendant lequel les gangs auront le champ libre pour régler leurs comptes...



Je vais illuminer la ville, y mettre le feu à moi tout seul. Tout brûler, pour qu'on puisse reconstruire en mieux. Repartir à zéro. Un jour, quelqu'un me remerciera



Ryan Gattis, avec un plume flamboyante, nous plonge au cœur de ces quartiers où s'exercent quotidiennement la peur et la violence, et qui sont devenues de pures zones de non droit pendant six longues journées.


Lynwood, Compton..., Gattis nous fait pénétrer ces territoires interdits sous l'aile de leurs principaux protagonistes: les gangstas eux-mêmes.


C'est en effet que le roman est construit sur une narration chorale: chaque chapitre présente un personnage, qui en est également le narrateur. L'auteur parvient à lier chacun d'entre eux avec une infinie délicatesse, qui rompt par ailleurs avec la violence des faits évoqués.


Le coup de génie de Ryan Gattis, c'est d'avoir construit son roman en temps réel. Les personnages se succèdent dans une même unité de temps, jour après jour, heure après heure, ce qui apporte une urgence dans la narration qui permet de tenir le lecteur en haleine de bout en bout.


Le choix du roman choral était probablement le plus pertinent, parce que finalement, seule l'accumulation des vues subjectives permet d'approcher au mieux de la vérité des faits.


Le titre original du roman est All involved. C'est un titre particulièrement évocateur, dont la traduction française littérale ne pouvait pas rendre la puissance.


En effet All involved signifie littéralement "tous impliqués" et au sens figuré, lorsqu'on évoque les gangs, dire de quelqu'un qu'il est impliqué, involved, signifie qu'il est membre d'un gang.


Au début du roman, l'un des personnages s'adresse directement au lecteur et lui demande:



Genre, si vous pouviez faire tout ce que vous voulez, vous feriez quoi?



Toute l’ambiguïté du titre, et du roman, est résumée dans cette phrase: en situation d'urgence, lutterions-nous au nom d'un idéal ou serions-nous tous "impliqués"?


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le 22 janv. 2018

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