Quand on écrit autant (trop ?), dans le domaine policier, comme Michael Connelly, il est légitime d'avoir l'envie de se trouver de nouveaux héros, en mettant de côté, au moins provisoirement, son vieil Harry Bosch, même s'il y a le risque que ses fidèles lecteurs apprécient peu son évaporation. Indridason, lui, il y a quelques années, avait laissé son enquêteur fétiche disparaître dans le brouillard (définitivement ?), ce qui n'empêche pas certains de toujours espérer qu'il revienne un jour. Place donc au dénommé Stillwell, dans Sous les eaux d'Avalon, un policier "déclassé", exilé par sa hiérarchie sur l'île de Catalina, au large des côtes californiennes. Notre homme a déjà eu de sérieux problèmes avec ses collègues ou supérieurs et cela continue, évidemment, même sur son nouveau terrain de jeu, paradisiaque, où deux meurtres vont être commis en l'espace de peu de temps. Stillwell est sur la brèche, bien décidé à faire éclater la vérité, quitte à la jouer solo, eu égard à l'incompétence de ses collègues du continent et malgré la corruption ambiante. Hormis un finale brusque et insatisfaisant, il n'y a rien à reprocher de majeur à Connelly qui reprend ses vieilles recettes : deux enquêtes pour le prix d'une, menaces pour son héros et petite intrigue sentimentale pour aérer l'ensemble. Le nouveau décor remplit bien son office et ne manque pas de pittoresque. Sous les eaux d'Avalon ne laissera pas un souvenir impérissable mais ce n'est pas une surprise si l'on considère que le niveau des romans de Connelly a considérablement fléchi, ces dernières années, sans pour autant dissuader de ne pas lui donner une nouvelle chance, à chaque parution.