L'anarchie est probablement un des "partis" politiques qui laissent le moins de personnes indifférents. Comme disait Léo Ferré : lorsque vous parlez des anarchistes, les gens ne rigolent plus, ils s'y intéressent et veulent comprendre ce que c'est. Bon, il l'a dit en 1968, aujourd'hui les gens ont oubliés ce qu'était la vraie racine de l'anarchie, ils ne veulent pas le savoir non plus et, par le fait, préfèrent confondre avec les p'tits durs des bas quartiers. Pourtant, à une époque, être anarchiste signifiait une ambition autrement plus grande que de faire des petits A dans des cercles sur des panneaux indiquant un sens interdit, et c'est ce que ce livre rappelle. Bakounine est une figure importante de la préservation du sens noble de l'Opposition, et c'est pour ça que j'étais très intéressé par son avis sur la question. Après tout, n'a-t-il pas si joliment dit "Le pouvoir ne doit pas être conquis, il doit être détruit" ?
Sur au moins 50 pages, il parle de la Nature et de la place de l'Homme dans celle-ci. Trois choses alors clochent. L'une, c'est que ça n'a pas de rapport direct avec la Révolution ou une quelconque inspiration socialiste. Ensuite, ses phrases s'éternisent le long des virgules, on a l'impression qu'il est dicté et retranscris par quelqu'un d'autre. On a clairement pas devant nous une œuvre vraiment littéraire, malgré l'intérêt. Et enfin, on n'apprend rien de bien nouveau sur le sujet... Peut-être qu'à l'époque c'était inédit, je ne dis pas, mais ça n'a pas vraiment traversé les époques. Mais je précise que, de temps à autre, il pousse pourtant une forte réflexion toute-nouvelle. Mais quelles réflexions ! Par exemple, la théorie qui dirait qu'au lieu d'être des Hommes dirigés par les lois de la Vie, les chefs sont des Hommes dirigés par des savants, est très profonde et infiniment intéressante. C'est, surtout, toujours d'actualité.
Dans sa deuxième partie, il rentre dans le lard et aborde les notions et valeurs que veulent appliquer les anarchistes (et les socialistes révolutionnaires, même si je doute un peu de sa signification) : abolition du mariage, abolition de l'héritage, sérieux remaniement du système éducatif... Ça devient d'un coup très concret. Hélas, son style littéraire très hasardeux met une distance à son discours, et devient même pénible à lire à la longue. Pourtant, c'était toujours intéressant, malgré des banalités incroyables qui surgissent parfois.
Dans ces deux parties, le même constat: malgré les idées belles et les propositions ne manquant pas d'enrichissement, le propos manque cruellement... d'anarchie. Autrement dit de lâcher-prise (socialement) ou de discours résurrectionnels. Un brin ironique, non ? Si vous n'êtes pas intrigués par l'anarchie, passez votre route. Si vous aimez vraiment l'anarchie, vous allez sauter des pages. Si vous êtes hardcore de l'anarchie, vous lirez tout. Si vous en avez rien à foutre, c'est normal.

Billy98
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le 17 févr. 2018

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