Avec Entre ciel et terre nous découvrions Jon Kalman Stefansson, un auteur à suivre. L'intrigue simple était le prétexte à laisser s'exprimer une langue merveilleuse, découvrant une Islande peuplée d'hommes aussi rudes que les conditions qu'ils devaient affronter.
Ici l'intrigue est beaucoup plus compliquée. Nous suivons un homme amnésique, prétexte pour amener les personnages, puisque sa mémoire vierge sera le réceptacle de toute cette fresque qui remonte les générations loin en arrière en récits enchâssés, le tout sur fond de citations venues de chansons, cette fameuse compile de la camarde dont il sera plusieurs fois fait mention. Car la mort est au centre du récit, sous l'égide de Kierkegaard. La mort, et donc la vie, puisque pour mourir il faut avoir vécu. Oscillant entre les ténèbres du titre et la lumière, Ton absence n'est que ténèbres s'avère souvent touchant.
C'est une œuvre indéniablement ambitieuse, mais sans doute trop encombrée de sa propre virtuosité. On se perd dans les méandres du récit, il faut sans cesse se rappeler de quelle génération on est en train de lire le récit.
Malgré tout, ça vaut la peine, car la langue est toujours un enchantement, et ça et là surgissent des moments d'une indéniable beauté. Et alors, on se prend à regretter la simplicité passée, qui laissait toute la place à ces moments.