Tout commence à la naissance des triplés, au fond des bois. Deux filles et un garçon, fruits d'un viol, et qui, tous, portent au cou la même tache rouge que celle du seigneur Hugon, un personnage violent et sanguinaire. Trois fois la colère est une fable, le récit d'une vengeance longuement mûrie.
Exécutions, jugements expéditifs, tortures et viols abondent dans ce roman. Cette violence est tempérée par la délicatesse du style de Laurine Roux. Une écriture douce et généreuse qui contraste avec l'époque (les croisades) et la violence qui lui est associée. La nature est très présente : parfois protectrice, parfois menaçante, elle abrite les bannis, ceux qui vivent dans les marges, les innocents, et, sait-on jamais, les sorcières.
Pendant que les hommes violent, assassinent et tuent à tour de bras, les femmes, dans l'ombre, attendent leur heure. C'est ainsi que Miou, une quinzaine d'années, "occis" son grand-père d'un formidable coup d'épée, sous les yeux de l'ennemi éberlué. C'est la première scène du roman, ébouriffante, et on ne peut faire autrement que de poursuivre la lecture pour savoir : comment et pourquoi un « oiselet » en arrive à trucider son grand-père ? Ici, la solidarité féminine prend tout son sens, et les liens du sang sont remis en question.
Très gros coup de coeur pour ce roman qui pose des questions bien de notre temps. Laurine Roux a su adapter le vocabulaire et le style à l'époque qu'elle décrit, ça mérite d'être signalé. Une très belle réussite.