On retrouve dans le troisième roman de Baldwin des thématiques déjà abordées dans ses précédents ouvrages : le racisme et son vécu par les Noir.e.s aux Etats Unis, l’homosexualité masculine, le sentiment de n’être pas à l’aise dans son pays d’origine. L’auteur narre des parcelles de vie de personnages connectés entre eux avec des intrigues se construisant notamment autour de la structure du couple et des conflits qui peuvent en découler (violence conjugale, jalousie, infidélité). Pourtant, j’ai peiné à m’investir dans ce récit, tant il semble faire attendre une prise de hauteur qui n’arrive pas. Les thématiques sont intéressantes, mais la narration fragmentée en fait un traitement bien moins pertinent que dans La Conversion ou La Chambre de Giovanni. La lectrice comprend la souffrance des personnages et à quels niveaux de domination elle se structure, ce qui fait l’une des qualités du texte, mais cette dernière ne compense pas le sentiment de longueur et de manque de profondeur de l’ensemble. La représentation des relations homosexuelles masculines est tout de même un acte politique majeur, surtout dans les années 1960 aux Etats Unis, et constitue un autre atout du roman.