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Lumière sale. Soleil trop blanc. Chez Enríquez, même la clarté brûle. Chaque page suinte une chaleur d’os — l’Argentine y devient cimetière incandescent. On croit d’abord à la chronique sociale, puis le réel s’effrite : derrière le béton, les fantômes attendent. La traductrice Anne Plantagenet conserve cette granulosité nerveuse, ce rythme haché qui fait trembler la phrase. La prose tressaille, halète, comme si chaque mot venait d’un corps qu’on exhume. Les nouvelles s’enchaînent — pas d’unité, mais une pulsation commune : le mal est familier. Une maison, un trottoir, un reflet dans une vitre. Puis tout déraille. L’écriture d’Enríquez oscille entre réalisme cru et surréalisme viscéral. Elle filme ses histoires comme un cinéaste de la nuit : plans rapprochés sur la peau, ombres qui s’allongent, lumières grésillantes. L’image devient bruit, l’odeur devient peur. On pense à Cronenberg pour la chair, à Poe pour la fièvre. Pourtant, c’est une voix singulière : féminine, argentine, traversée d’électricité sociale. Le titre dit tout — Un lieu ensoleillé pour personnes sombres : contradiction parfaite. L’enfer n’est pas obscur, il est trop clair. Ces femmes hantées, mutilées, effacées, ne cherchent pas la lumière : elles s’y consument. Chaque nouvelle révèle un fragment de violence ordinaire, mais transfigurée par la magie noire du style. Dernière page : une silhouette d’oiseau, un souffle de cendre. On referme le livre avec la sensation d’avoir marché dans un rêve contaminé. Un recueil irradiant, à la fois charnel et spectral. Ma note : 14 sur 20
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