"Toi, le frère que je n'ai jamais eu..."
Le narrateur a passé une bonne partie de son enfance à s'imaginer un frère inexistant, un frère qui l'accompagnait toujours, qui le soutenait, avec qui il se disputait aussi, etc. Bref, une présence autre que la sienne.
Et comme ce narrateur est très imaginatif, il s'amusait aussi à se figurer la rencontre de ses parents, tous deux très sportifs, leur mariage, leurs années en fuite du côté de la Zone Libre, et sa naissance.
Jusqu'au jour où, à 15 ans, il apprit la vérité sur sa famille.
Et alors, ça change tout, puisqu'il se met à imaginer la rencontre de ses parents, tous deux très sportifs, leur fuite du côté de la Zone Libre, leur mariage et sa naissance.
Et il imagine son frère, Simon.
Au bout des 180 pages de ce livre (pages peu remplies d'une grosse écriture), une question s'impose : à quoi ça sert, tout ça ? Je veux dire, parmi les livres inutiles, celui-là, il est bien costaud.
Soyons clairs : il n'est sûrement pas inutile pour son auteur, qui est visiblement le narrateur lui-même. Le caractère autobiographique du Secret n'est pas une découverte. Et son aspect cathartique est évident : Grimbert a écrit ce livre pour se libérer de quelque chose, certes. En tant que psychanalyste, il connaît la force de la parole, et son livre est un livre de parole.
Le problème, c'est que ça n'en fait pas une œuvre littéraire pour autant. Et ça ne fait pas de Grimbert un romancier. Il n'y a manifestement aucune qualité littéraire dans ce livre. Nous sommes exclusivement plongés dans les pensées et l'imaginaire du narrateur, les autres personnages ne sont que des ombres et le fruit des délires d'un ado qui n'avait décidément que ça à foutre (et qui est devenu un adulte qui n'a décidément que ça à foutre).
Que Grimbert ait besoin d'une séance de thérapie, soit. Mais qu'il ne nous l'inflige pas, ce serait bien.
Alors, forcément, ce n'est pas désagréable à lire. Et pour cause : il n'y a aucun style. Rien qui vienne détourner de la fonction purement utilitaire de ce livre. Et donc rien qui vienne lui donner le moindre intérêt. ça se lit en une après-midi, il n'y a aucun mot compliqué. Mais il n'y a non plus aucune idée. Rien qui accroche le regard. Qu'une sorte de déballage affectif. Aucun intérêt, vous dis-je !