Jeanne, une femme de 39 ans, vient d'apprendre qu'elle a un cancer du sein. Elle rencontre Brigitte dans la salle d'attente du médecin, une habituée du service. Alors que Jeanne a l'impression de voir sa vie s'effondrer à l'annonce du médecin et manque de soutien de la part de son mari, Matthew, Brigitte la prend rapidement sous son aile en l'aidant à traverser la tempête existentielle qui s’abat soudainement sur elle. Brigitte lui offre le soutien dont elle a besoin et lui présente d'autres femmes qui sont elles aussi atteintes d'un cancer : Assia et Mélody. Ensemble, elle vont former "le club des K". K pour cancer, cette lettre qui sert aux médecins de nom de code pour désigner les patients atteints d'un cancer. Car apparemment, même parmi ceux qui sont chargés de les soigner, ce mot est tabou. Comme si en prononcer le nom faisait courir le risque d’en attraper un.
Mais Jeanne n'est pas au bout de ses surprises. Ses nouvelles amies vont lui faire une proposition qui va la faire tomber des nues : braquer une grande bijouterie parisienne de la place Vandôme. Jeanne se sent trahie, elle a l'impression de s'être fait manipuler par ces filles à qui elle a donné sa confiance alors qu'elle ne les connait pas vraiment. Brigitte n'avait-elle que ça en tête depuis le début ? Cette idée lui paraît déraisonnable, folle, et elle trouve que leur plan ne tient pas la route. Pourquoi faire une chose pareille ? Jeanne ne se serait jamais imaginé qu'un jours elle commetrait un crime quelqu'il soit. Elle, la gentille petite libraire bien élevée abandonnée par son mari alors qu'elle vient d'apprendre qu'elle a un cancer. Et pourtant, elle va le faire. La question est alors de savoir si elle vont y arriver...
Tragédie nuancée de petites touches d'humour, « Une joie féroce » parle d'un sujet difficile avec un regard original. Ce roman montre comment la pair-aidance peut aider à surmonter les épreuves que représente la maladie. Car, ensemble, Jeanne, Brigitte, Assia et Mélody développent une résilience hors du commun pour faire face à cet "ennemi invisible qui les attaques de l'intérieur" et contre lequel la "guerre" comme le dit Jeanne s'annonce longue et difficile.
La narration à la première personne permet au lecteur de ressentir une véritable compassion pour Jeanne. On a l'impression d'être à sa place, de vivre avec elle ce qu'elle vit. Cette impression de proximité avec le personnage principal est probablement renforcée par le fait que Sorj Chalandon s'est inspiré de sa vie personnelle pour écrire ce roman. Il a commencé son precesus d'écriture alors qu'il était au chevet de sa femme lorsqu'elle était touchée par un cancer du sein. Un très beau roman d'un auteur dont le talent n'est plus à prouver.