le 28 mai 2023
Procès d'intentions
Depuis quelques années, le cinéma français, et plus particulièrement ses réalisatrices, trustent les lauriers dans les plus grands festivals. Au tour de Justine Triet d'être palmée à Cannes avec...
SensCritique a changé. On vous dit tout ici.
"Une rétrospective est une œuvre de fiction, mais elle ne contient aucun épisode imaginaire" écrit Juan Gabriel Vásquez dans sa postface à Une rétrospective, qui pourrait bien être son meilleur livre. L'affirmation de l'auteur ressemble à un paradoxe mais n'en est pas un, eu égard à la forme qu'il a souhaité donner à son récit, conçu autour de la vie de Sergio Cabrera, cinéaste colombien reconnu et bien vivant (Perdre est une question de méthode, La stratégie de l'escargot) et de sa famille. Tout ce qui est arrivé au héros d'Une rétrospective est relaté fidèlement, la fiction se chargeant de modeler et de tailler dans les nombreuses péripéties qui ont affecté la vie de Cabrera, dans ses 20 premières années et des poussières. Si le roman commence en 2016, lors d'une rétrospective de la cinémathèque de Barcelone consacré au réalisateur, alors âgé de 66 ans, ce n'est que pour mieux nous conter son enfance, son adolescence et ses premiers pas de jeune adulte dans un tourbillon d'aventures rocambolesques et inouïes, qui pourraient sembler invraisemblables si elles n'étaient pas vraies. Après avoir quitté l'Espagne de la guerre civile, la famille de Cabrera, politiquement très à gauche, va finalement se retrouver dans la Chine de Mao, en particulier pendant la période terrible de la Révolution culturelle. Comment Sergio, ses parents et sa sœur, tous acquis à la cause communiste, vont vivre ces années, à la fois comme privilégiés et suspects car étrangers, est raconté de manière prodigieuse et foisonnante par l'auteur, dans un véritable exercice d'immersion. La suite n'est pas moins passionnante avec le récit des combats menés par la guérilla maoïste en Colombie, à la fin des années 60 et le début de la décennie suivante. Ce qui ressort de ces incroyables épopées est un sentiment amer et douloureux, décrit avec une lucidité telle qu'elle ne peut être précisément que celle exprimée par Cabrera lui-même, recueillie et admirablement retranscrite par Juan Gabriel Vásquez. Celui-ci, à l'instar d'un Cisneros, d'un Carrère ou d'un Cercas, est de la stature de ces écrivains qui ont le talent rare d'écrire sur des vies réellement vécues pour en tirer des livres où le romanesque s'épanouit dans toute sa splendeur.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mes livres de 2022
Créée
le 2 sept. 2022
Modifiée
le 2 sept. 2022
Critique lue 56 fois
le 28 mai 2023
Depuis quelques années, le cinéma français, et plus particulièrement ses réalisatrices, trustent les lauriers dans les plus grands festivals. Au tour de Justine Triet d'être palmée à Cannes avec...
le 25 août 2021
Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...
le 25 sept. 2021
Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...
NOUVELLE APP MOBILE.
NOUVELLE EXPÉRIENCE.
Téléchargez l’app SensCritique, explorez, vibrez et partagez vos avis sur vos œuvres préférées.

À proposNotre application mobile Notre extensionAideNous contacterEmploiL'éditoCGUAmazonSOTA
© 2025 SensCritique