Superbe
Après l’échec d’un premier mariage sans enfant, Kenji Takahashi se découvre stérile. Ne supportant plus la pression de ses riches parents traditionalistes pressés de le voir assurer la lignée...
Par
le 13 avr. 2021
Après l’échec d’un premier mariage sans enfant, Kenji Takahashi se découvre stérile. Ne supportant plus la pression de ses riches parents traditionalistes pressés de le voir assurer la lignée familiale, conscient que la seule véritable affection qu’on lui ait jamais prodiguée fut en définitive celle de sa nourrice Sono, il se détourne des siens pour épouser, envers et contre tous, une jeune femme sans pedigree ni fortune dont il est tombé amoureux, Mariko, déjà mère du petit Yukio. Près de cinquante ans plus tard, sur la tombe de Sono, il découvre enfin la raison de l’intransigeance de ses parents…
Décidément, dans ce Japon d’avant-guerre où la tradition et l’honneur encadrent toute existence, il n’est aucun personnage de cette série qui ne cache jusqu’à sa mort un drame secret, avec dans son sillage une cascade de désastres impactant à son insu la génération suivante. Ainsi, comprend-on a posteriori que, recroquevillés leur vie durant sur une honte soigneusement dissimulée pour préserver les apparences et leur conformité aux bonnes mœurs japonaises, les parents Takahashi ont dû voir avec horreur leur propre tragédie les rattraper au travers de leur fils. Ne pouvant sans se renier exiger de lui autre chose qu’une rigueur et un sacrifice semblables aux leurs, ils n’ont pu qu’être choqués par les choix différents du jeune homme : un acte de rébellion destiné à poursuivre longtemps celui-ci, déchiré entre son amour pour Mariko et Yukio, et le devoir filial, si fondamental au Japon, qu’il s’est trouvé obligé de sacrifier.
Tous les personnages d’Aki Shimazaki se construisent sur une béance secrète, que le texte laisse deviner au travers des déchirures que leurs existences vécues vaille que vaille finissent par laisser apparaître, souvent au soir d’une vie, à l’heure des bilans et des questionnements. D’une magnifique et touchante humanité, la plume si légère et si épurée de l’auteur n’en finit pas d’éblouir par les profondeurs et les émotions suggérées avec tant de poétique sobriété. Coup de coeur.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 13 avr. 2021
Critique lue 27 fois
D'autres avis sur Wasurenagusa
Après l’échec d’un premier mariage sans enfant, Kenji Takahashi se découvre stérile. Ne supportant plus la pression de ses riches parents traditionalistes pressés de le voir assurer la lignée...
Par
le 13 avr. 2021
Je trouve les motifs littéraires de plus en plus maîtrisés et évocateurs (le songe merveilleux de la femme et son enfant dans une barque qui change par trois fois de signification... quelle poésie),...
Par
le 5 janv. 2021
Un autre beau tome, dans lequel on en apprend plus sur monsieur Takahashi, un homme qui est l'héritier d'une famille illustre, qui compte sur lui pour avoir une descendance. Hélas, il est stérile...
Par
le 28 mai 2020
Du même critique
Lui-même ancien conseiller de Matteo Renzi, l’auteur d’essais politiques Giuliano da Empoli ressent une telle fascination pour Vladimir Sourkov, « le Raspoutine de Poutine », pendant vingt ans...
Par
le 7 sept. 2022
17 j'aime
4
Emile n’est pas encore trentenaire, mais, atteint d’un Alzheimer précoce, il n’a plus que deux ans à vivre. Préférant fuir l’hôpital et l’étouffante sollicitude des siens, il décide de partir à...
Par
le 20 mai 2020
15 j'aime
7
En 1986, un vieil homme agonise dans une abbaye italienne. Il n’a jamais prononcé ses vœux, pourtant c’est là qu’il a vécu les quarante dernières années de sa vie, cloîtré pour rester auprès d’elle :...
Par
le 14 sept. 2023
14 j'aime
6