Super risqué de parler de la quintessence d'un génie pour un morceau de 5'09", parce qu'on prend inévitablement le risque d'attirer le béotien, l'ignorant ou le simple curieux sur la chanson en question pour qu'il se dise au bout du compte «ah bah si c'est ça l'artiste, je fais bien de faire l'impasse sur le reste de sa carrière».

Et pourtant. On en est pas loin ici. De la quintessence.

Nick Cave est un créateur multi-protéiforme (chanteur, compositeur, scénariste, écrivain... pour le reste on sait pas) dont la personnalité et la brillance irradie chaque facette de son expression artistique. C'est assez rare pour être noté.


«Stagger Lee», c'est d'abord et surtout cette boucle de basse, oh !.. une petite dizaine de note tout au plus, qui tourne à l'intérieur de votre boîte crânienne et en tapisse les parois pour un siècle ou deux. Pas moins.
Il faut dire qu'elle est sacrément bien mise en valeur par ce tempo de batterie syncopé juste ce qu'il faut, certes, mais aussi par cette guitare rythmique démoniaque, sorte de reggae dégénéré passé sous les fourches caudines d'un vieux groupe électrogène épileptique rendu fou par 50 années d'alimentation au rhum avarié.
Alors si on ajoute un deuxième gratteux furieux, des maracas classieux et un clavier tout sauf tempéré...

Au milieu de ce maelström orgasmique, une voix de cowboy pleine de poussière vient raconter le destin plein de pétaradance de Stagger Lee. Le lutin lubrique (pas grand le Nick) nous conte ses affres avec force jurons, répétition et coups de fusils. Cet homme est suavement fou. Je l'aime.

Le mieux, c'est encore de jeter un œil sur la vidéo, bien dans l'esprit de la chanson et de son auteur:
http://youtu.be/Nbe5RERDh4k
...ou comment rester cool et viril en rose.

C'est pas compliqué, un même mot répété à la fin de chaque phrase, si c'était pas Nick, ça me donnerait des envies de meurtre. Là, non seulement j'en redemande mais j'ai en plus l'envie frénétique de lécher mes enceintes à chaque fois que j'entends le morceau.
L'avantage, c'est qu'après j'ai plus besoin de passer le chiffon.
guyness
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le 7 juil. 2012

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guyness

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