Une série qui remue les tripes et les méninges. Avec 3 saisons époustouflantes, Charles Brooker continue à explorer les déviances de la relation entre les nouvelles technologies et ses utilisateurs et utilisatrices. Des écritures, des images, des mises en scènes de qui n'ont rien à envier à des productions cinématographiques traitant des mêmes thèmes avec moins de nuance et de subtilités.
Tous les épisodes revendiquent une identité forte. Ainsi le fil rouge de cette saison est l'implant parfois neuronal et ses multiples déclinaisons possibles ( médecine, justice, surveillance, intrusion dans la vie privée, réglementation ou pas?, causes et conséquences, de gré ou de force?).
Tous les épisodes devraient figurer à la première place du classement. Les comédiens et comédiennes nous entrainent dans les recoins les plus sombres de l'âme humaine, version high tech, car au fond la sauvagerie s'exprime aussi bien avec un bâton ou un compte twitter. La pulsion de base qui consiste à franchir la ligne rouge est la même. C'est juste l'outil qui change.
Au delà des réflexions posées, chaque épisode de Black Mirror saison 4 se regarde aussi comme un spectacle divertissant et terrifiant.
Une tentative de Top 3.
METALHEAD, le plus terrifiant.
Oeuvre dépouillée et punk. Une course poursuite s'engage entre une femme et un chien robot sur fond de monde post apocalyptique. Tourné en noir et blanc, ce duel éclair met les nerfs à vifs. L'angoisse est encore plus grande quand on sait que les drones tueurs sont une réalités aujourd'hui. On ne peut s'empêcher de penser aux vidéos présentés par la société détenu un temps par Jeff Bezos ( Boston Dynamics) ou le drone de compagnie commercialisé par Sony mais en version terminator vicieux.
ARKANGEL,un épisode poignant.
Avec Jodie Foster à la mise en scène, l'intelligence et la sensibilité sont à l'honneur dans cette fable intimiste. Une petite fille échappe à la surveillance sa mère. La petite est retrouvée à côté d'un passage à niveau. Saisie par une peur panique, la mère fait implanter un dispositif dans le cerveau de sa fille. Ainsi, via une application elle a accès à toute la vie de sa fille. L'opération est irréversible. On explore ainsi un large éventail de déviances intrusives et leurs conséquences. Les relations mère fille sont explorées avec justesse et subtilité. Est -il bon de confier les données biométriques et bien plus à une application? Un épisode sombre qui étale sans concession la question des jeunes et de l 'accès à des contenus qu'ils ne devraient pas voir.
USS CALLISTER,le plus méchant sur les geeks et les gamers. et le plus drôle.
Fan de Star Trek voici LA parodie ultime avec en prime de l 'autodérision de la part de NETFLIX qui nous fait un placement produit grotesque. Que ce soit les idéaux gnagnan de la Fédération, ou le monde impitoyable des start-up tout le monde en prend pour son grade dans cet épisode qui se distingue par sa ligne ouvertement comique. C'est réussi et jouissif à regarder.
Un créateur de jeu asocial se réfugie dans un monde virtuel ou il peux tyranniser à loisirs des avatars de ses collègues. Les addictions numériques sont déjà une réalité. Elles ont déjà modifier profondément nos comportements sociaux. Seul épisode positif de cette série, il interroge avec ironie le quotidien de millions de salariés du back-office et la superficialité commercial d'une pop culture dont les fans sont parfois des adultes qui refusent de le devenir en se réfugiant dans une idolatrie malsaine.
Caustique et jouissif.
Les autres épisodes sont à regarder aussi, provoquant tour à tour malaise et frayeur. Les futurs immédiats qui nous sont présentés ont un pied dans le présent. A écouter les Cassandre, on peut éviter les catastrophes, parfois.