Ahlala, chienne de vie. Tu m'as tout pris, tout. J'étais tranquille j'étais peinard accoudé à mon Netflix quand d'un seul coup tu m'as suggéré Dark. En fait non, c'est Twitter, mère de toutes les sagesses qui m'a suggéré Dark. Et ce fut la descente dans une grotte dans laquelle j'ai mis les deux pieds. Ahlala chienne de vie. Tu m'as vraiment tout pris.
A la base je ne connaissais pas Winden. A vrai dire, l'Allemagne et moi sommes en guerre psychologique depuis longtemps. Je ne suis pas fan de la teutonnie, nation amie auparavant ennemie mais pour laquelle je n'ai pas d'affect particulier. Rien, tu ne m'as rien laissé Dark. Moi qui n'aimait que les BMW, moi qui n'était qu'en allégresse que devant une Mercedes, aujourd'hui je vis un moment plus sombre à cause d'une série à la teneur en talent aussi concentré que la bière germanique en houblon.
Dark parle de disparitions dans une ville allemande avec une centrale nucléaire en son sein. Dark raconte les mystères de cette ville, de ces familles au destin bouleversant, bouleversé par les effets du temps et du chaos. Finalement comme nous tous? Et bien non, oh que non. En dire plus c'est révéler trop de la série, impossible de la raconter sans la spoiler. Disons que la meilleure façon de la résumer est simplement de dire que la binarité, le bien le mal, c'est de la merde.
Après une saison 1 bien obscure dans les décors (faut quand même pas avoir le cafard quand on regarde Dark), on se surprend à dire "pas mal les effets spéciaux". Pas habitués à voir une série allemande à ce niveau, ni même une prod européenne. Le sceau Netflix apporte donc à des oeuvres il faut croire, on aimerait bien avoir quelque chose comme ça dans le catalogue français, histoire d'être un peu chauvins... J'ai du mal à critiquer la façon de faire la série, elle a son style, déjà vu et revu mais elle en garde les codes. C'est sombre, ça marche.
La sonorisation est grandiose. Entre l'opening qui est une véritable gifle donnée et que vous ne comprendrez que bien tard, la série joue beaucoup sur les tubes des années 80 mais au service de l'histoire. D'ailleurs la musique sert de marqueurs pour la temporalité, chaque épisode semble scindé en 3, avec une intro un dénouement et une conclusion. Une des rares fois sur Netflix où vous risquez de ne pas passer l'opening.
Et l'histoire? On entre dans la cerise sur le gâteau. Cette série m'a tout pris. Elle est épuisante, elle demande à son spectateur du temps de cerveau disponible. Pas de super héros, pas de clichés scabreux pour spectateurs peu exigeants. Rien n'est au hasard, ce soucis du détail est une véritable plaie au départ, et se révèle être une pépite de narration à la fin. On sent que la série a été rédigée avec un soin immense, et ça donne une qualité dingue au récit. Pas de fioritures, pas de choses inutiles. C'est une série qui semble donner une leçon de savoir faire, traînant parfois en longueur son spectateur pour ne pas le précipiter dans une immédiateté d'action qui est trop, beaucoup trop souvent la norme de nos jours. Un des thèmes de la série, le temps, elle s'en joue elle-même.
Le casting de la série, dont je ne reconnais pas vraiment les acteurs, marche à 100%. C'est limite prodigieux. Les différents acteurs incarnant les personnages dans le temps se ressemblent en plus. Que dire de plus? J'ai du consulter le site Première pour me remettre tout dans l'ordre, la série est complexe et pas forcément accessible à tous si on désire la comprendre vraiment. On peut se contenter de la voir pour ce qu'elle propose, mais elle sera alors particulièrement pénible et douloureuse à voir. Il faut lui donner ce qu'on a. Chienne de vie, Dark m'a tout pris...
A l'issue des deux saisons, ma sentence est sans appel, c'est à voir à voir à voir. Malgré des deus ex machina qu'on pourrait croire facile, la série est un hommage à l'intelligence et à la science fiction. Une série qui montre que l'on peut toujours filmer des séries avec une histoire originale, bien qu'un peu fantaisiste sur la rigueur scientifique, sans être totalement choquante pour les puristes. Seuls les amateurs d'actions ou les plus exigeants ayant un métabolisme ne leur permettant pas de rester zen vont s'ennuyer très vite. Mais pour peu qu'on ne fuit pas devant le don de soit à faire pour que la série vous rende un divertissement intéressant, on finit par se retrouver satisfait. Car même si elle nous prend tout, le temps qu'elle nous prend n'est pas perdu. Ne dîtes pas que vous n'avez pas le temps de la voir, vous l'avez forcément, c'est inévitable.
P.S: après la saison 3, je maintiens la critique telle quelle. Clôturant la série d'une manière satisfaisante sans toutefois lui donner une approche ni originale ni surprenante, cela reste une série de qualité sur Netflix. J'ai senti un peu de rush dans l'écriture, et un manque flagrant d'envie des comédiens de doublages pour la version française (pas tous heureusement). Bref Dark c'est bon, mais ça ne restera pas une série mythique. L'ambition première est retombée, et comme pour faire un soufflé, ça gâche un peu le résultat final. Mais ça se mange sans faim.