A la recherche d'une série divertissante et pas prise de tête, j'ai opté pour ce bras-de-fer enlevé entre deux esprits rivaux, dans un jeu du chat et de la souris que le scénario subvertit assez vite pour que ça gagne en intérêt, passé le premier épisode, qui sacrifie à un certain nombre de modes assez pénibles. Par exemple, avant, pour passer pour un esprit libre, il fallait rire quand les scénaristes faisaient subir les pires sévices à des petits chiens à mémère. Cette fois, les yorkshires ont la paix et ce sont les enfants qui morflent. Les temps changent, on hésite à appeler ça un progrès. Mais bon, pour camper le personnage de cette psychopathe qui ne recule devant rien, on la regarde tirer la langue à des gamines ou leur renverser leur glace sur leur jolie robe. Quelle transgression, en effet ! Autant dire qu'elle ne respecte pas les vieux non plus... Bon, je pestais contre ces séries stéréotypées qui s'en prenaient exclusivement aux jeunes femmes, destinées à finir découpées en rondelles par les marteaux de service, au moins, là, ça change. Il faut reconnaître que cette Vilanelle fait ses ravages dans des tas de catégories de gens, tous friqués et riches, quand même, sans distinction de sexe ou de couleur. Une tueuse républicaine ? Bref. Le mieux, c'est qu'on cherche à nous la rendre sympathique en lui créant une fixette sur l'enquêteuse gaffeuse/brillante qui se lance à sa recherche et se laisse peu à peu fasciner. Voire séduire. L'ambigüité est assez finement entretenue, de part et d'autre. Et du coup, on cesse de se focaliser sur les meurtres, monuments d'irrespect joyeux envers la personne humaine, pour traquer les signes d'un véritable attachement de la part de la tarée pour sa persécutrice. Autant dire que, là, les scénaristes peuvent s'en donner à cœur joie et que leur petit humour à l'anglaise, à froid, fait merveille. Restent à souligner le rythme soutenu des péripéties, les personnages secondaires bien troussés et la BO qui va bien, et on arrive à un cocktail aux valeurs morales douteuses mais avec un petit goût de reviens-y quand même. Pari gagné pour les auteurs.