Je devais avoir 12 ou 13 ans quand j'ai vu mon premier épisode des Contes de la Crypte intitulé "Qui sème le vent". C'était l'histoire d'un type qui soupçonnait sa femme de le tromper avec un curé et le quiproquo morbide qui clôturait le récit m'avais profondément marqué et glacé le sang.
C'était tellement cruel, tellement jouissif, j'ai tout de suite adhéré et bien que n'ayant pas eu l'occasion de voir toute l'intégralité de cette anthologie à l'époque, j'en avais vu suffisamment pour la hisser parmi mes favorites, avec Au delà du réel et la série X Files.
20 ans plus tard, à savoir il y a un mois, je me suis lancée dans un re visionnage intégral cette fois ci, curieuse de voir comment tout cela avait vieilli. Dans l'ensemble, ça a évidemment pris la poussière au niveau des décors et des looks notamment, les effets spéciaux sont parfois désuets et les ficelles scénaristiques de certains épisodes sont tellement usées qu'elles laissent très vite deviner le dénouement , ce qui annule l'effet de surprise de la conclusion.
Car ce qui fait la force de ces contes, c'est avant tout leur twist, la morale sombre et nihiliste sur laquelle se termine chaque récit, ce moment où le héros qui est toujours un être vil, déloyal, manipulateur, vénal, infidèle ou meurtrier (parfois tout cela à la fois), finit par être copieusement châtié pour ses vices. Et quand le dénouement est bien amené, autant dire que la claque est énorme (Tête d'affiche par exemple est de ceux qui m'ont complètement bluffée, je crois même que j'ai applaudi) .
Il y en a donc de très mauvais avec des mises en scènes éculées et prévisibles, d'autres plutôt moyens et un peu maladroits malgré de bonnes idées et puis il y en a des excellents, intemporels et génialement scénarisés. Et rien que pour ceux-là, qui ne doivent être finalement qu'une petite quinzaine parmi plus de 90 épisodes, Les Contes de la Crypte reste à mes yeux une série culte qui vaut largement le détour.
Il faut aussi dire que ça fait son petit effet de revoir un certain nombre de visages du petit et du grand écran très familiers pour les gamins qui ont grandi dans les 90's, comme Katey Sagal, Joe Pesci, Corey Feldman, Catherine O'Hara, John Stamos, Zach Galligan, Lea Thompson, Teri Hatcher, Anthony LaPaglia, Dylan Mc Dermott, Beau Bridges ou Tim Curry (dont je tiens à souligner la performance hallucinante dans le cauchemardesque Mort d'un pigeon voyageur qui m'a fait passer une vraie sale nuit).
Sans compter les pointures comme Kirk Douglas, Timothy Dalton, Malcolm Mc Dowell, Louise Fletcher, Dan Aykroyd, Whoopi Goldberg, et les petits nouveaux en pleine ascension, de Demi Moore à Brad Pitt, en passant par Tom Hanks, Benicio Del Toro, Tim Roth, Steve Buscemi, mais aussi quelques musicos comme Iggy Pop ou Roger Daltrey.
Et puis bien entendu un certain nombre de réalisateurs comme R. Zemeckis, R.Doner ou M.J Fox et Arnold Scharzie, entre autres, qui sont passé derrière la caméra.
Enfin, comment ne pas citer le fameux gardien de la crypte, ce cadavre desséché et goguenard qui annonce chaque conte et fait partie de la mythologie télévisuelle de toute une génération, ou encore le générique parfaitement anxiogène orchestré par D. Elfman.
Au delà de ça, on peut dire que l'horreur y est explorée et exploitée sous toute ses formes et toutes ses coutures, du criminel psychopathe à la créature d'outre tombe, le mal se glisse dans toutes les peaux, la perversité humaine est toujours le point de départ d'un récit sordide et dopé à l'humour noir qui s'achève dans le sang.
Certains épisodes se rapprochent du thriller psychologique là où d'autres s'aventurent sur le terrain du fantastique, et bien qu'il y ait quelques récurrences au niveau des thématiques, on a globalement des histoires assez singulières et diversifiées, avec des approches esthétiques variées et surtout cette liberté de ton propre aux Contes, qui fait que la violence et la sexualité, souvent indissociables d'ailleurs, sont clairement explicites et d'une complaisance parfaitement assumée. On sent que les différents metteurs en scène ont pris un pied monstrueux à laisser libre cours à leur imagination et expérimentations. Ah les 90's, toute une époque!!
En fin de compte, même si la qualité des épisodes est inégale, je dirai qu'il y en a pour tous les goûts et que les amateurs d'horreur toutes générations confondues trouveront obligatoirement quelques pépites parmi les 7 saisons et les 90 épisodes environ que propose cette série, qui peut se vanter d'avoir eu sa part d'influence sur le genre horrifique au cinéma comme à la télévision.
Pour le coup, j'ai envie de finir sur un petit top 10 des épisodes qui m'ont particulièrement marqué par leur scénario, leur interprétation et leur chute absolument démoniaque:
- Mort d'un pigeon voyageur (s05e01)
- Tête d'affiche (s03e05)
- Escaliers maudits (s06e09)
- Trouillard (s03e14)
- Objectif meurtre (s05e03)
- Le canyon de la mort (s03e02)
- Le sacre de la Tronçonneuse (s03e11)
- Qui sème le vent (s05e02)
- Des pompes très funèbres (s03e09)
- Illusions perdues (s05e08)
Et en bonus:
- Dédoublement de personnalité (s04e11)
- Des frères très soudés (s05e05)
- Ulrich et les neuf vies du chat (s01e03)
- A l'amour à la mort (s02e05)