Peaky Blinders
7.9
Peaky Blinders

Série BBC One, BBC Two (2013)

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Par Hélène Coutard

Pour Peaky Blinders, le scénariste et showrunner Steven Knight emprunte et mélange deux archétypes américains : le western et le film de mafieux. Le premier épisode s’ouvre sur l’arrivée d’un homme à cheval dans le quartier chinois du Birmingham de 1919, cowboy de l’Angleterre d’Oliver Twist, le regard dissimulé, voix grave et Zandstra de Nick Cave qui recouvre les pas feutrés de l’étalon noir. Une jeune chinoise terrorisée souffle une poudre rouge sang dans l’air, « pour qu’il gagne la course », et le John Wayne à l’accent nordique disparaît comme il est apparu. Mais cet onirisme superstitieux n’est qu’une mascarade. Thomas Shelby est juste en train de booster les paris en vue de la prochaine course de son cheval. Clint Eastwood rencontre un dark Tarantino et lit Mario Puzo.

Proche d’un Boardwalk Empire pour l’époque, la violence, la corruption, le sexe, et la trahison familiale, Peaky Blinders se considère comme la caution HBO de la BBC. La famille Shelby règne sur le Birmingham post-première guerre mondiale. Rien de ce qu’ils font n’est légal, des paris truqués à la gestion approximative d’un pub, mais tout se complique encore d’avantage quand Tommy Shelby – magnétique chef de famille torturé – se retrouve par hasard en possession d’armes volées au gouvernement de Churchill. La série tire son nom d’un véritable groupe criminel de la fin du XIXème, les “peaky blinders” donc, renommés ainsi à cause de cette fâcheuse manie de coudre des lames de rasoirs sur la visière de leurs casquettes – ce qui leur permettait de couper une oreille ou d’aveugler un ennemi. Décors, costumes, accents travaillés, photographie ultra léchée, l’imagerie de Peaky Blinders frappe le premier coup. Sur une BO anachronique faite de Jack White, Nick Cave et Tom Waits, les membres de la famille Shelby jouent avec des guns, des lames de rasoirs et des pintes de bières, règnent sur le pub du coin et les rues cradingues du quartier industriel avec un style incisif qui rappelle Reservoir Dogs. Punch lines à tous les épisodes, gros plan sur le regard glacial du manipulateur de service, ciel menaçant, duels d’égos et gros rock sur les bottes dans la boue: tout y est pour rentabiliser le gros budget investi par la BBC, pour fabriquer de l’épique et du percutant. Ca marche, le mafieux est taciturne, le flic est méchant, les frères des brutes et les trahisons définitives (du moins le croit-on pendant les 5 premiers épisodes). Le spectateur n’a d’autre choix que celui d’être happé par le stratagème, de céder à la tentation de cette narration express et de garder les quelques questions qui subsistent pour plus tard. (...)

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Chro
8
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le 26 mai 2014

Critique lue 456 fois

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Chro

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