Une série très classique qui se distingue par quelques qualités.

J'ai beaucoup hésité entre le 7/10 et le 8/10 pour cette série malgré les retours dithyrambiques de mes éclaireurs.

Ma principale réticence naquit du classicisme exacerbée de la série. Je suis toujours étonné de voir les gens s'enthousiasmer devant les séries dramatiques au ton sérieux, "réaliste", et sombre. De nos jours, bon nombre de séries s'y essayent et plus fréquemment encore les séries britanniques. L'audace que l'on pouvait ressentir, il y a quelques années, vis-à-vis de ce parti-pris me semble aujourd'hui avoir perdu de son charme lorsqu'il suit les codes qui se sont depuis imposées pour ce genre de série. Peaky Blinders ne semble déroger à aucun de ces codes.

Son rythme est classique pour ce genre de série, relativement lent, il parsème régulièrement le scénario de scènes dramatiques, intimistes et psychologiques. Les scènes légères sont, comme la tradition le veut pour ce type de série, absentes. Le rythme apparait d'une certaine manière efficace, on ne s'ennuie pas devant la série, mais malgré tout peut paraître paradoxalement assez lent. En réalité, c'est la régularité du rythme de la série, trop bien calibrée, qui instaure malgré tout une monotonie certaine qui n'est pas pour autant désagréable mais empêche selon moi à la série de véritablement se distinguer.

La réalisation est aussi très classique. Propre et froide, elle a les qualité et les défauts cités précédemment. Maîtrisée de bout en bout, elle est agréable, relativement efficace, et instaure tout de suite l'ambiance attendue pour une série de ce genre. Mais elle instaure aussi une ambiance parfois trop unie, monotone. Le format d'une saison de 6 épisodes permet cependant là encore de ne pas être gêné par une série qui ne détonne jamais.

La série pour autant garde un attrait propre sans pour autant véritablement quitter le domaine classique. Le cadre historique n'est pas foncièrement original, il ne se permet pas non plus d'être l'objet central de la série. Il faut cependant avouer qu'au-delà de l'immersion finalement très classique du milieu des gangster britanniques, l'intégration au récit de diverses factions (nationalisme irlandais, mouvements communistes, forces de l'ordre) permet d'insérer le récit dans un cadre national mettant en avant la complexité des enjeux politique au sein du royaume britannique à cette époque. Ces multiples tensions se font ressentir, malgré tout on notera que celles-ci restent finalement bien moins développées qu'attendues. Un unique aspect historique s'affirme de manière plus conséquente et efficace, le traumatisme des soldats revenus de la première guerre mondiale. J'avoue que celui-ci m'a particulièrement plu dans la série, permettant d'asseoir en faveur des personnages une empathie qui distingue légèrement la série de la concurrence.

Les personnages là-encore finalement assez classiques sont tous plus ou moins caractérisés psychologiquement, ce qui est un bon point, mais de manière systématiquement simpliste, sans réel développement. Le jeu des acteurs est toujours crédible sans pour autant se démarquer forcément, excepté celui du personnage principal. Cillian Murphy en effet incarne avec intensité son personnage, implacable et relativement difficile à cerner. Il est véritablement un des piliers principaux de Peaky Blinders. Sam Neill jouant l'inspecteur se confrontant au héros, Annabel Wally incarnant un agent infiltré, et Hellen McRory interprétant le pilier féminin de la famille sont aussi, sans être aussi remarquables, des personnages très crédibles permettant à la série de ne pas reposer uniquement sur son personnage principal.

Finalement la série sans opter jamais pour quelques originalité, en assumant totalement son classicisme réussit à installer un scénario et une ambiance intéressants et plaisants à suivre grâce à des acteurs solides, l'intégration du scénario dans un contexte historique maitrisé, et une ambiance efficace à travers un rythme régulier et une réalisation sobre mais propre. On pourra finalement être quelque peu ennuyé par la monotonie d'une série un peu trop calibrée, mais l'intensité du personnage principal, les multiples tensions en jeu et le traitement des effets psychologiques de la guerre devraient réussir à prendre le spectateur dans cette intrigue solide.