Allahu Alabarre

Pardonnez le titre de ma critique grossièrement caricaturé, mais qui colle (à mon sens) bien à cette série. Depuis l'attentat du 11 septembre, la communauté musulmane a été salie d'une image terroriste et Nasir Khan, personnage principal, bon élève comme gentil garçon, pratiquant respectueux doit lui aussi subir des railleries par rapport à sa couleur de peau et sa religion. Évidemment ces clichés sont utilisés par les médias et le dénigre aussi lorsqu'il se retrouve avec du sang sur les mains, accusé et mis en détention pour un meurtre qu'il prétend ne pas avoir commis.

Sexe, drogues et rock'n'roll

Qui dit étudiant dit soirée, et cette nuit la Nasir était invité à une fête qu'il rêvait d'aller. "Je n'aime pas que tu aille à ce genre de fête" disait sa mère non rassurée de savoir son fils si proche de l'alcool et (sûrement) de la drogue. Puis les événements ont fait qu'un de ses amis ne pouvait pas l'emmener s'amuser et il se retrouva au volant du taxi de son père sans sa permission, après s'être faufilé chez lui pour voler les clés.

Les premières (30) minutes du pilote offre une certaine appréhension globale, car on sent que le jeune Nasir se tient au bord du trait qui le limite à sa religion, on voit les choses venir lentement vers lui et quand cette jeune fille (la future victime) entre dans son taxi la pression commence à s'installer près de nous. Alors que les plans sont filmés de manière à voir les détails comme ou Nasir pose ses mains, les caméras de surveillance qui l'ont filmés à tel moment, les tâches de sang etc histoire que le spectateur soit témoin des événements, l'ambiance pesante ne fait que monter de minute en minute au point de s'en ronger les ongles, un premier verre, un jeu sanglant, du sexe, un réveil douloureux et la découverte du corps inerte de sa compagne... puis s'arrête brusquement lorsqu'il se retrouve interrogé par Box, lieutenant de la police, pour qu'on puisse maintenant se poser des questions sur la culpabilité du jeune pakistanais.

Comment changer un homme

Vu que toutes les preuves sont contre "Naz", surnom du présumé coupable, il se retrouve en détention avant d'être transféré dans une prison où il est vite prit pour cible, car les crimes contre les femmes sont mal vus dans ces murs. Dehors, il est prit en charge par Jack Stone, avocat pathétique souffrant d’eczéma au pied, qui se les grattes sans honte avec des baguettes seul ou en publique. Les épisodes se divisent souvent en deux, d'un côté la vie carcérale de Naz luttant pour sa survie dans cette cage à loup et de l'autre la vie de l'avocat, souvent ridicule et sans intérêt qui est la (à mon avis) pour détendre l'atmosphère et pour voir l'affaire d'un regard extérieur. Les avis divergent sur ce meurtre et plus le temps passe, plus Nasir se transforme physiquement et se renforce mentalement derrière les barreaux. Une transformation impressionnante de la part de l'acteur Riz Ahmed (Nasir) qui réussi à donner l'air d'un taulard dangereux au sage pakistanais qu'il interprétait.

Beaucoup de choses changent aussi au cours des épisodes, mais il y a toujours cette pression qui tient nos tripes, puis on ressentira de la sympathie pour Jack et ses problèmes personnels, on aura peur pour Naz et sa nouvelle vie avec les prisonniers, pour le père du coupable et le regard que jette l'entière communauté muslim à la famille d'un "assassin" qui les représente.

The Night Of

Est une très bonne série policière qui sait manier le suspens et qui étale devant nous plusieurs possibilités scénaristique. Les personnages présents sont tous importants d'une certaine manière et chaque détail retient plus ou moins notre attention pour espérer démêler le nœud où Nasir Khan s'est ligoté de lui même. Une série à voir, au moins pour le rôle de Riz Ahmed et sa transformation impressionnante.