Cette mini-série de seulement 4 épisodes nous fait vivre l’explosion d’une cellule familiale et plus largement la déliquescence de la société après un acte d’une violence indicible perpétré dans une petite ville anglaise.
Loin d’être une énième enquête sensationnaliste surfant sur la vague du « true crime », ADOLESCENCE met ses personnages au cœur du récit.
L’histoire nous est racontée en 4 temps et à travers différents points de vue :
- Jour 1 : le premier épisode relate la première heure de la mise en examen de Jamie , un jeune garçon de 13 ans. La caméra le suit, de son arrestation chez lui à sa garde à vue au commissariat où on lui annonce enfin pourquoi il a été arrêté : une jeune fille a été assassinée, il est suspecté.
- 3 jours plus tard : le second épisode suit les deux policiers chargés d’enquêter sur l’affaire, ils se rendent à l’école de Jamie et de la victime et sont confrontés au chaos provoqué par cette tragédie.
- 7 mois plus tard : dans cet épisode, on suit une psychologue chargée d’analyser le comportement de Jamie. Le spectateur, en totale empathie avec elle, s’identifie à son envie de croire en l’innocence de Jamie, mais plus l’entretien avance, plus Jamie devient inquiétant
- 13 mois plus tard : ce dernier épisode suit la famille de Jamie, ses parents et sa grande sœur, dans leur nouveau quotidien : entaché par la douleur de s’être vu retirer Jamie et par le jugement de leur voisinage.
Ce récit déjà dense est enrichi par un parti pris de mise en scène impressionnant : chaque épisode est un plan séquence unique.
Loin d’être un simple tour de forces technique, ce procédé permet d’être au plus proche de ce que ressentent les personnages. Le spectateur vit en temps réel ce qu’endurent les personnages et partagent ainsi leur sidération face aux événements.
La série brouille dès le début nos repères moraux, en s’ouvrant sur une séquence d’introduction très brutale, qui permet d’instaurer une empathie immédiate pour cette famille interrompue dans son quotidien et pour ce petit garçon effrayé qui semble totalement dépassé par les événements.
Comme lui, on ne sait pas tout de suite de quoi il est accusé, les éléments nous sont révélés petit à petit.
Cette loyauté implicite envers Jamie et sa famille nous pousse à souhaiter son innocence, cette volonté nous anime presque plus que l’envie de découvrir la réalité de ce qu’il s’est passé.
Véritable pamphlet sur la banalisation du mal, cette série nous interroge, nous secoue et nous émeut. Malgré la brutalité de son propos, elle nous livre des séquences d'une grande humanité.