J’y suis allé sans attentes particulières, un peu comme à chaque fois que je pioche quelque chose sur le catalogue Netflix. Je ne m'attend plus à apprécier un contenu, mais plus à être diverti, ce qui est profondément dommage... Quoi que, en même temps pas tellement puisque j’en suis ressorti un peu groggy, touché, et avec cette impression rare d’avoir été réellement compris par un récit.
J'ai vécu une très bonne adolescence. Certes, pleines de doutes et de peur et de non passage à l'action, par peur de déranger, mais une belle adolescence quand même. Cependant je voyais mes congénères et j'entend aujourd'hui lors de discussions les nombreuses souffrances liées à cet âge et j'en suis terrifié.
J'aimerai avoir des enfants et c'est clairement la période que je commence le plus à craindre!
Cette mini série a très bien pris le sujet et nous a rendu quelque chose de déchirant!
Ce qui m’a bouleversé, ce n’est pas juste l’histoire qu’on nous raconte, c’est la manière dont elle résonne, cette justesse dans les regards, les non-dits, les silences lourds de sens. On est face à une série qui ne surjoue jamais. Qui ne cherche pas à t’expliquer la complexité de l’adolescence, mais à te la faire ressentir. Et c’est là toute sa force. Chaque personnage semble en équilibre sur un fil entre fragilité et rage, entre tendresse et besoin de fuite. Et chaque épisode creuse doucement cette instabilité sans jamais trahir ses personnages.
Les dialogues sont d’une authenticité rare, parfois à peine audibles, presque étouffés, mais toujours chargés d’une vérité qu’on n’a pas l’habitude d’entendre dans des productions plus classiques. Ce n’est pas une série qui cherche à briller ou à être spectaculaire. Elle t’observe, elle te laisse entrer dans des scènes banales en apparence, mais qui en disent long sur les douleurs intérieures. Et c’est ce genre de retenue, de pudeur, qui me touche profondément.
La réalisation est sobre mais pensée, avec une caméra souvent posée, à l’écoute. Une mise en scène qui capte les détails, les gestes, les hésitations, comme s’il s’agissait d’un documentaire sur les états d’âme d’une génération. Et puis l’image... très belle, parfois crue, parfois douce, avec une lumière qui accompagne très justement l’évolution des émotions.
Puis parlons de l'éléphant dans la pièce, que dis-je, la marque de fabrique...
Chaque épisode est un plan séquence, montrant le talent immense et les efforts fou des acteurs et équipes techniques pour en arriver là.
J'ai pu lire quelques plaintes, sur certaines longueurs et certaines scènes qui semblent ne servir à rien. C'était quasi impossible de ne pas en faire pour un tel format et ces passages sont très peu nombreux. J'en compte deux, sur 4 épisodes d'une heure chacun, c'est dire la prouesse de rythme faite!
J’ai adoré, vraiment. Parce que c’est rare qu’une série ose autant la sincérité. Qu’elle ne cherche pas à emballer son propos sous des artifices narratifs.
Parce que ça parle aussi d’un âge, d’un moment de vie que beaucoup ont envie d’oublier ou de caricaturer, mais là, non. Là, ça le regarde droit dans les yeux. La dernière scène m'a mis les larmes aux yeux comme rarement et ça a fini de me laisser sur le fauteuil en silence pendant de longues minutes!
C’est une série que je recommande vivement. Pour celles et ceux qui aiment les récits humains, les portraits nuancés, les douleurs silencieuses et les émotions qui restent longtemps après le générique.