Cette série en 4 épisodes vous prend d’entrée à la gorge : Jamie, un gamin de 13 ans est arrêté au petit matin, chez lui, accusé d’avoir tué une camarade de collège à coups de couteau. Ses parents sont sous le choc mais on comprend très vite que sa culpabilité ne fait aucun doute grâce aux caméras de surveillance. Toute la question est de savoir pourquoi il en est arrivé à commettre un tel crime. Le parti-pris des concepteurs de la série est de ne s’intéresser qu’au jeune accusé et à sa famille ; on en saura très peu sur la victime. Chaque épisode est filmé en un seul plan séquence, donc en temps réel. On devine le travail titanesque de préparation et de répétition que ça a pu représenter, en particulier le 2e épisode qui se passe dans le collège de Jamie ressemblant à une véritable jungle avec des centaines d’élèves ! Ça donne presque un aspect documentaire à cette fiction dans laquelle on est plongé, un côté très fluide et bluffant puisqu’il n’y a pas de coupure. Maintenant, ce choix de réalisation peut aussi révéler ses limites : dans le 3e épisode qui se passe trois mois après l’arrestation de Jamie, toute l’action se déroule dans une pièce unique où l’accusé rencontre une experte chargée de dresser son portrait psychologique. Dans ce cas-là, la caméra en est réduite à tourner autour des protagonistes. Le plus décevant étant le dernier épisode, plus d’un an après l’arrestation, qui nous permet de voir les ravages que ce drame a créés dans la famille alors que le père de Jamie s’apprête à fêter son anniversaire, mais qui n’apporte pas grand-chose à l’intrigue.
Cette série est donc une vraie réussite avec un casting sans aucune faute, qui ne vous lâche pas jusqu’à la fin mais (car il y a un vrai bémol), elle soulève beaucoup de questions qui au final restent sans réponse : la responsabilité de l’école et des parents (le collège est dépassé; les parents n'ont rien vu venir), le rôle des réseaux sociaux et du cyberharcèlement, une société qui promeut des modèles « masculinistes » ou « virilistes » (en particulier par les réseaux sociaux mais pas uniquement) qui ont un impact sur la jeunesse…Et bien d’autres encore. On a l’impression qu’on touche l’écume de toutes ces questions essentielles mais qu’on n’approfondit rien, c’est dommage. J’ai imaginé (mais ça n’engage que moi) ce que cette affaire aurait pu donner si chaque épisode adoptait le point de vue d’un personnage différent (Jamie, son père, l’experte, son avocat…). Ou alors, rajouter quelques épisodes de plus pour creuser les questions évoquées, le procès par exemple manque dans cette affaire. Une très bonne série malgré mes petites réserves. J’ai hésité entre 7 et 8.