Je suis toujours intrigué quand un k-drama démarre à 4,8% de PDM et finit à 16%. Je sais aussi que par essence les goûts des asiatiques et ceux des occidentaux peuvent différés, tant au niveau de l'approche que de la finalité. Le mérite de cette série, c'est que même si c'est raconté de manière romancée, on se rapproche de la réalité, ou d'un moins d'une réalité dans le monde du travail qui est aux antipodes des niaiseries qu'on peut trouver dans la plupart des rom-com. Agency n'est pas juste une histoire de Chaebol, c'est avant tout la rencontre improbable entre deux femmes que tout semble opposer mais qui vont écrire une nouvelle page de l'entreprise dans laquelle elles travaillent: l'autodidacte qui aspire à devenir la première femme PDG, et la fille Chaebol dont la famille est actionnaire majoritaire et qui va commencer à travailler au sein de la firme. Inspiré en partie d'une histoire vraie, nous allons suivre l'ascension d'une femme ambitieuse qui devra jouer des coudes dans un monde entièrement masculin. Si tu aimes voir des femmes fortes en action, à l'œuvre en terrain hostile, tu es tombé au bon endroit.
Go A-In(Lee Bo-Young) s'et faite toute seule. Abandonnée très jeune par sa mère(on saura pourquoi à la fin), elle a même dû renoncer à intégrer la prestigieuse université Hankuk. Ayant commencé au bas de l'échelle, 20 ans plus tard, grâce à son travail, son intelligence et son talent, elle a gravi les échelons au sein d'un des plus grosses sociétés de communication et de publicité du pays. Toute sa vie repose sur son travail, elle n'a pas d'amis ni d'amant. Directrice artistique, elle est alors nommée cadre supérieure par le vice Président Choi Chang-Su(Cho Seong-Ha), qui en réalité se sert d'elle pour accéder au poste de PDG. A-In a été en effet promue pour que la société se fasse de la pub sur son dos, celle-ci étant la première femme nommée à ce poste. Le PDG étant partant(retraite), un combat va alors s'opérer entre Chang-Su(Cho Seong-Ha) et elle pour le poste suprême. Elle a 6 mois pour réussir sa mission, sinon elle devra démissionner et finir dans un placard doré. Isolée, une alliée de circonstance va alors entrer en scène.
Je ne vais pas vous cacher que l'introduction qui va s'étaler sur 2 épisodes est poussive, voire chiante. Je me suis demandé où j'étais tombé et j'ai dû me faire violence pour continuer. Et là, le miracle arrive, çà décolle enfin grâce à l'apparition du personnage de Kang Han-Na(Son Na-Eun) et de son secrétaire et garde du corps Park Young-Woo(Han Joon-Woo). Cette ancienne idol de K-pop va réussir l'exploit à faire de l'ombre à Lee Bo-Young qui a un jeu trop lisse et austère(encore). A partir de là l'histoire va être dynamitée et prendre tout son intérêt. Au drame professionnel et à la dureté du monde de l'entreprise très masculin, Han-Na la Chaebol et fille à papa, va amener toute son insouciance et sa naïveté. Mais attention, ne vous méprenez pas, ce n'est pas une cagole ou une écervelée. Bien entourée par Young-Woo qui est secrètement amoureux d'elle (et réciproquement), puis guidée par intérêt au début par A-In, elle va démontrer son talent pour affronter son frère et l'empêcher de devenir PDG du groupe, celui-ci étant l'idiot utile du système.
A-In pourra compter sur les conseils de son ancien mentor viré quelques années avant, mais surtout sur sa team dévouée et talentueuse. Elle devra aussi combattre ses démons à cause de son trauma d'enfance(sujet récurent dans les dramas).Agency est avant tout une histoire où les maitres (Chaebol et cadres dirigeants) affrontent leurs serviteurs (employés) et qui vient remettre l'église au centre du village. Chacun à son niveau va se servir de l'autre pour atteindre son objectif. Les travers du monde de l'entreprise seront dénoncés, dans le sens où les petits sont écrasés sans pitié, étant menés à la déchéance, voire au suicide. Pour éviter une trop grande lourdeur et des propos qui pourraient s'avérer rébarbatifs, les scénaristes ont eu la bonne idée d'insérer une romance non officielle entre Han-Na et Young-Woo qui forme un couple "sans en former un". Il y a une très belle alchimie entre les deux, lui qui est calme et posé, et elle qui est un volcan en éruption. C'est le feu et la glace qui viennent apporter la touche émotionnelle qui fait toute la réussite de Agency. De la douceur et de l'amour dans un mode qui y est totalement allergique. Je pense que sans ces 2 personnages la série tombe à plat.
Car c'est l'alliance atypique de ces deux femmes qui va faire exploser ce royaume assez misogyne, bien aidé volontairement ou pas en coulisse par les ainés de la famille Kang, à savoir le père et le grand père. Père étant en adoration devant sa fille, et un grand père aussi fourbe que joueur. Trois choses essentielles comptent: le prestige, la réputation et l'argent. Manipulation, règlement de compte, coups bas, c'est le mental et la tactique qui feront la différence dans cette histoire. Du drame et des déboires professionnels, mais aussi beaucoup d'humour et des tranches de vie hors entreprise vous seront proposées dans ce drama qui m'a agréablement surpris, car facile à suivre et étonnement addictif vers la fin. Vous allez trouver beaucoup de sarcasme, d'ironie et de piques acerbes dans Agency, mais aucune vulgarité ni violence physique. La construction est assez bonne, proche de la réalité et on verra que le talent ne suffit pas pour réussir si on a pas les appuis qu'il faut. Mais surtout, la fin est réussie, ce qui est souvent le défaut des séries coréennes.
Honnêtement j'ai été assez surpris et intéressé par la série, même si je dois l'avouer sans le couple chaebol/secrétaire particulier je n'aurais pas été emballé autant. J'ai été sous le charme de Son Na-Eun du début à la fin, elle vole littéralement la vedette à Lee Bo-Young. Alors tout n'est pas parfait, on introduit des personnages inutiles selon moi(la mère de A-in, le procureur, etc..) et il va y avoir plusieurs séquences sans intérêt. J'ai apprécié le mélange des genres, on insuffle toujours de la vivacité et du grain à moudre. Beaucoup de répliques au vitriol et qui font mouches sont savamment mélanger à d'autres plus légères. Et l'épilogue en guise de fin est juste ce que je voulais voir, on ne tombe pas dans la facilité. La leçon à retenir c'est que nous vivons dans un monde cruel et on ne mélange pas les torchons et les serviettes. Et ici il s'agit des maitres et de leurs serviteurs comme les Chaebol se plaisent à le répéter.(Lisez les paroles du titre de Depeche Mode). A noter pour être complet une très bonne bande musicale.
Min Theme: Johnny Stimson - Don't Say
Additionnel OST : NIve - Alarm
Bonus: Sunwoo Jung-a - Tell Me