Comme dans les contes de Grimm, l'univers des enfants (et on parlera ici plutôt des "non-adultes" / "non grown-up") est le théâtre des puissances de la violence. La série concède à l'esprit de saga (je rappelle : récit historique mythologique ou histoire d'une famille à caractère légendaire) et reprend donc les caractères d'usage. Le xénomorphe de H.R. Giger est naturellement violent, la force résistante est détenue par une femme, les androïdes (ici les synthétiques) sont sournois etc. Là ou cette série développe, sinon innove, sa recherche des caractères, c'est bien dans un système de transfert de l'autorité parentale. Je m'explique : tous ces enfants réinvestis dans des corps d'adulte ont un souci de référent. Plus de corps d'enfant, frustration par l'absence de plaisir gustatif (il n'est plus nécessaire de se nourrir - et donc adieu aux goûters [une vraie torture pour un gosse]), parentalité explosée (au mieux ils leur manquent, au pire ils se prennent pour des géniteurs [voir Nibs]), défiance exacerbée envers les adultes. C'est certes un thème très courant actuellement, mais il est ici montré avec une sublime cruauté et un raffinement total.
apparté : il faut également souligner la grande qualité du casting. Je donnerais volontiers une mention spéciale à Adarsh Gourav, Slightly et Jonathan Ajayi, Smee pour leur jeu reprenant les attitudes de jeunes enfants. C'est véritablement une performance, en particulier dans tous les épisodes de la saison 1, jusqu'au 7e. Ils en sont assez effrayants et à mon sens, la violence du récit passe plus généralement par ces décalages que par les scènes obligées de boucherie par le xénomorphe.
A propos donc de cruauté : la bestiole la plus réussie est cet œil à pattes qui est véritablement le parasite le plus monstrueux que je connaisse. Lui aussi cherche à communiquer, à infiltrer la sphère de domination, comme Wendy.
Alors qui est le plus dangereux de tous et toutes?
La suite dans une prochaine chronique…