Un problème avec les femmes

Après la catastrophe qu'on a frôlé avec le troisième OSS 117 et Mascarade, je ne m'attendais pas à grand chose de la part de Nicolas Bedos. Après tout, je n'aime pas le bonhomme, mais j'ai aimé ses deux premiers film.

C'est moins pire que Mascarade mais pour un concept assez atypique, on doit se fader pas mal de digressions qui sortent de nulle part et qui ne sont pas satisfaisantes.

Pour être honnête je me suis un peu fait avoir par la construction de la série. Le premier épisode pose les bases du récit et on se dit que ça va être un genre de long film éclaté sur quelques épisodes. Mais dès le deuxième, on va commencer à explorer des sous-intrigues qui vont alourdir la narration et l'éparpiller. Le but de la démarche, c'est évidemment de pouvoir enchaîner sur une saison 2, mais j'ai du mal à y croire puisque la sortie de la série a été assez discrète. Prime Video l'a mis en avant sur son interface pendant quelques jours, mais je suis assez pessimiste sur l'avenir de la série car j'ai vu peu de monde en parler, en tout cas pas en bien. Enfin bref, seul l'avenir nous le dira.

Dans la réalisation, c'est du pur Nicolas Bedos, mais le rythme décousu et certains aspects de l'histoire vont la rendre un peu à côté de la plaque. Ainsi, ses sempiternels mouvements de caméra assez généreux et élaborés, la place de la musique ou encore les flashbacks avec un simple changement de lumière et les "souvenirs" qui surgissent dans le champ n'ont pas eu d'impact émotionnel sur moi alors que dans ses deux premiers films, ça marchait.

Je pense que le souci majeur de la série c'est que le personnage de Jean Dujardin devrait être passionnant à suivre mais a droit à une évolution sans grosses embûches et il s'attache à ses clientes alors que leur détresse psychologique devrait le malmener un peu plus que ça. Gigolo, ce n'est pas une profession "facile", mais Bedos va nous faire croire que ça peut permettre à un homme qui est paumé dans sa vie de rebondir. Ainsi, on a juste l'impression que la série est un prétexte à mettre en images des situations très étranges, comme un fantasme inavoué, et à recracher sans aucune finesse tout ce rapport aux femmes dérangeant que Nicolas Bedos a toujours eu dans son œuvre. Il arrivait à nous montrer des relations très toxiques avec une tendresse qui ne paraissait pas mal venue dans ses deux premiers films. Comme si des couples pouvaient fonctionner comme ça et que ce n'était pas si grave, qu'il y avait même quelque chose de beau là-dedans, bizarrement. Je pense qu'il a essayé de recréer ça dans Alphonse mais soit il s'y prend très mal, soit j'ai juste un peu vieilli et je n'arrive plus à rentrer dans le délire.

Il y a trop de choses auxquelles je ne crois pas lorsque je regarde cette série et je n'arrive pas à en faire abstraction, alors que je suis certain qu'il s'agissait de s'en amuser à l'origine. Entre la manière de parler du personnage du petit-fils voyou sur les bords, le tempérament du personnage de Charlotte Gainsbourg ou même celui de Vincent Macaigne qui est une vraie tête à claques, c'est difficile à encaisser. C'est trop d'un coup.

Pour terminer sur une note positive, il y a quelques trucs pas trop mal. La photographie déjà, vintage mais plutôt belle, et les flashbacks avec le personnage campé par Pierre Arditi passent plutôt bien. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est émouvant parce que c'est assez convenu en termes d'intrigue et d'exécution, mais ça s'intègre assez bien à l'histoire qu'on nous raconte et c'est joliment fait.