Alors je sais, je suis comme vous, chère communauté de senscritique. Un connard hautain avec de vagues connaissances en littérature (c'est faux, je suis également modeste), bercé par le multucuralisme de Disney, notre père à tous. Amen. Comme vous, je suis arrivé en 2022 essoufflé par dix années de superhéros-mania et de fanculturisme hypertrophié qui ont vu tomber un à un chacun de mes classiques :
Marvel, Le Seigneur des Anneaux, Indiana Jones, Star Wars. Autant d'histoires où j'étais jadis comme un adolescent devant son premier sein, à crier "encore, encore" mais où le trop plein m'a transformé en un trentenaire gavé de plaisirs, à prier pour que tout s'arrête.
Star Wars.
Le meilleur d'entre tous était aussi le pire, depuis le rachat par Disney, et leurs catastrophes successives, sur grand écran, sur jeu vidéo, et plus récemment sur petit écran où Obi Wan a unanimement déçu, en perpétuant cette logique de faire du neuf avec des vieux, de vomi numérique et de déni scénaristique. Avec Obi Wan je touchai les abysses, et décidai de mettre mon enfance au placard, et d'arrêter de donner de l'argent (ce n'est pas vrai je suis un pirate) à des projets aussi minables que bien marketés.
Andor, poids du passé et charisme.
Rogue One m'avait laissé froid à cause de ses personnages/acteurs et leur manque de charisme, c'était facile pour moi de zapper ce dernier projet Star Wars autour de Cassian Andor.
Mais après les 3 premières semaines, la vague de bonnes vibes m'a rattrapé.
Heureusement, car dès ses premiers épisodes, Andor souffle un vent de renouveau sur la franchise, en se consacrant exclusivement au développement du charisme de ses personnages et à la création de tension. Exit les Jedi, à la trappe le fan service, adieu l'humour, crevée la pseudo-sagesse à la mords-moi le noeud. La période transcrite est sombre et sans échappatoire. Les personnages tous faillibles, tous mortels, tous potentiellement héroïques tout en étant parfois néfastes les uns pour les autres dans un monde où c'est chacun pour sa gueule.
Andor, sang et larmes
On reste chez Disney, il n'y a pas de sang. Mais pour le coup OSEF. L'Empire est un rouleau compresseur et la domination du côté obscur a perverti les mondes, qui deviennent gris, et pauvres sans retour en arrière possible. La rébellion n'existe pas et la tension vient des hommes eux-mêmes, de ceux qui ont du pouvoir et qui en abusent, mais aussi de ceux qui n'en ont pas et tentent de survivre. Au milieu de tout çà, il y a de petites tragédies qui se retrouvent prises dans l'engrenage de manoeuvres politiques bien plus grandes.
Andor, politique et kiff
Chez Andor, l'univers Star Wars reste sur sa retenue, si bien qu'on pourrait être dans n'importe quelle histoire de SF crépusculaire. Le rythme est lui bien géré entre moments sur le terrain, qui comprend violences et action parfaitement crédibles et maitrisées (quand le budget ne passe pas sur le cachet d'acteurs bankables, il y a de quoi faire péter les mirettes et battre nos coeurs) et entre moments plus aériens, où la politique est un jeu vénéneux qui prolonge la tension que subit physiquement le petit peuple.
Le kiff est sur tous les tableaux, d'une série extrêmement bien écrite et réalisée où rien n'est vain, ni les enjeux, ni la musique ou cette (op)pression qui fait plier les personnes, mais pas toutes.
Andor, à suivre
Une longue critique et quelques blagues pour en arriver à l'essentiel. Si vous vous êtes un peu retrouvé dans ce que j'ai dit, que vous aimez Star Wars ou plus largement les bonnes histoires de SF, Andor DOIT être vu. D'autant que le découpage est parfait (2 fois douze épisodes) et que ce genre d'implication totale mérite le meilleur. À vos écrans !