Magistrales arcanes...

N'étant pas joueur, je n'ai pas connaissance du jeu vidéo éponyme. J'ai entendu parler de cet animé qui semblait jouir d'une immense notoriété. Quelles que soient les personnes à qui j'en parlais, toutes n'avaient que les mots "génial" ou "excellent" à la bouche. Ca met la barre très haut. Grand amateur d'animés de tous genres depuis quasiment un demi siècle, je ne pouvais passer à côté de ce phénomène.

A l'occasion de sa sortie très récente en support physique, j'ai donc acquis cet objet singulier, espérant qu'il soit à la hauteur de sa réputation.

Arcane, issue d'un studio français (cocorioco !), n'a pas à rougir de la comparaison avec les meilleurs studios nippons. L'animation est incroyablement fluide, les personnages tout autant que les décors superbement illustrés. L'ambiance steampunk de la ville où se déroule le récit me semble fidèle à l'imaginaire des amateurs du genre. Si les couleurs, les lumières et les ombres, les effets et les combats sont d'une redoutable efficacité, l'expressivité des personnages m'apparaît comme un point fort de la série. Bref, au niveau graphique, c'est totalement bluffant, aussi bien voire mieux que tout ce que j'ai vu jusque-là.

Mais l'on peut ajouter d'autres atouts dans les arcanes de cet animé.

La bande son est léchée, les musiques puissantes, depuis le générique super énergique jusqu'aux effets symphoniques qui émaillent le déroulement du récit.

Sur les plans visuel et sonore, c'est une belle réussite. On ne saurait néanmoins taire ce qui constitue le cœur d'un histoire réussie : son scénario et ses rebondissements. Là encore, c'est un sans-faute. Point de manichéisme ici. Les gentils possèdent leurs failles, parfois béantes, et les méchants des ressorts d'une profonde humanité. Nul n'est exempt de passions humaines qui tiraillent les personnages : trahison, abandon, souffrances, manipulation, tous les ingrédients sont là pour une alchimie parfaite. Si l'on ajoute un suspense de folie qui clôture chaque épisode, le dernier de la série étant le plus dingue, le spectateur ne pourra qu'être happé par cette narration nerveuse, tendue et pétrie de drames.

Je dois donc me rendre à l'évidence, je fais désormais partie des thuriféraires d'Arcane. Il ne nous reste alors qu'à effectuer nos dévotions dans l'espoir que la saison suivante soit aussi de la plus belle eau.

Saison 2 : après une première vague qui m'avait submergé par sa qualité, la déception ne risquait-elle pas de me frapper ?

He bien il n'en est rien. Côté graphique, l'animation reste extraordinaire (au sens littéral, on ne voit pas des animés de cette qualité tous les jours). Je ne pensais pas cela possible mais certains passages sont encore plus léchés que dans la première saison : la subtile ondulation d'un coup de vent dans des tubes, une lumière fugace sur un visage, le talent des créateurs est bluffant ! En outre, certaines scènes, pour amplifier le propos, se parent de styles graphiques totalement différents voire déclinés en noir et blanc. Si le studio n'est pas précurseur en la matière, il s'en sert rudement bien pour une efficacité maximale.

Enfin, pour ce qui du scénario, les auteurs ont su se renouveler pour offrir au spectateur une narration qui alterne les moments d'action vraiment dynamiques et des scènes intimistes très émouvantes. En outre, l'histoire ne se révèle pas linéaire mais pleine de rebondissements qui surprennent par leur tournure singulière. Pour finir, pas de "happy end" sirupeux qui aurait tout gâché. Ce monde est rugueux, les tragédies le sont aussi. Franches. Brutales.

D'aucuns pourront déplorer tel ou tel manque d'originalité, telle maladresse. La perfection n'est pas de ce monde. J'ai pour ma part lu des milliers de romans de fantasy et de science-fiction, steampunk inclus. On lit souvent de resucées. Tout a quasiment déjà été écrit, on ne peut plus innover. Ce qui reste aux écrivains et créateurs, c'est le style. Dans Arcane, on peut affirmer qu'il claque.

Les auteurs se sont approchés du soleil mais, contrairement à Icare, ils n'ont pas chuté et m'ont fait planer. Bravo et merci !