Il est rare qu’une série de super-héros parvienne à conjuguer action, émotion et développement psychologique sans sombrer dans la surenchère ou la redondance. Arrow, diffusée dès 2012 sur The CW, réussit cet équilibre pendant une grande partie de son parcours. Sans être parfaite, elle a su se tailler une place solide dans le paysage télévisuel du genre, notamment grâce à un héros complexe, une atmosphère sombre maîtrisée et une narration souvent captivante. Voilà pourquoi je lui attribue un solide 8/10.
L’adaptation du personnage de Green Arrow prend ici le pari de l’humanisation : Oliver Queen, loin d’être un simple playboy repenti, se transforme en un justicier torturé, mû par la culpabilité et un profond sens du devoir. La série s’ouvre sur une île, lieu de survie et de transformation, et dès ces premiers épisodes, l’écriture s’attarde sur les dilemmes moraux du protagoniste. L’alternance entre passé et présent, surtout dans les premières saisons, donne une profondeur bienvenue à la narration. On comprend d’où il vient, ce qu’il a traversé, et pourquoi il agit comme il le fait. C’est cette cohérence psychologique qui m’a particulièrement accroché.
Côté mise en scène, Arrow ne déçoit pas : chorégraphies de combat efficaces, ambiance visuelle sombre mais esthétique, et un rythme soutenu qui évite l’ennui. Cependant, au fil des saisons, certaines mécaniques se répètent : l’ennemi de la saison, le secret qui détruit les relations, la trahison attendue… Si cela reste globalement efficace, on sent parfois un manque de renouvellement qui aurait pu pousser la série vers un 9 ou un 10. Néanmoins, certains arcs narratifs – notamment autour de Deathstroke ou Prometheus – relèvent brillamment le niveau, apportant une vraie tension dramatique.
Un autre point fort d’Arrow réside dans sa galerie de personnages. Felicity Smoak apporte une touche d’humour et d’humanité bienvenue. Diggle, Laurel, Thea… tous ont des trajectoires intéressantes, même si certaines sont inégales en termes d’écriture. Là encore, on sent que le format long oblige parfois à étirer inutilement certaines intrigues. Malgré cela, l’attachement aux personnages reste fort, preuve que la série a su construire un univers émotionnel crédible.
Il serait injuste de critiquer Arrow sans reconnaître son rôle de pionnière dans la création du Arrowverse. Elle a ouvert la voie à des séries comme The Flash ou Legends of Tomorrow, contribuant à une nouvelle ère de super-héros télévisuels. Mais cette ambition a parfois tiré la série vers une certaine dilution narrative, en multipliant les crossovers et les intrigues interconnectées. Cela peut plaire à certains, mais j’ai trouvé que cela nuisait parfois à la cohésion interne d’Arrow elle-même.
Arrow n’est pas exempte de défauts, mais elle demeure une série marquante, portée par une identité visuelle forte, un héros charismatique et une vraie volonté de traiter le genre super-héroïque avec maturité. Si certaines longueurs et répétitions viennent freiner son envol, l’ensemble reste très réussi et mérite pleinement sa note de 8/10. Une flèche bien tirée, qui a laissé sa trace dans le mille.