C'est tellement réussi que ça en devient décevant...

En tant qu'aficionados d'Astérix j'ai un sentiment mitigé, mais disons le tout de suite c'est une adaptation réussie. J'ai pris du de plaisir à regarder chaque épisode mais je ne peux pas m'empêché d'avoir des regrets, en me disant qu'on est passé pas loin de la perfection.

Tout d'abord l'humour est très bon, ça fourmille de détails qui sont dans le ton de l'œuvre originale, pour cela déjà le travail de Chabat est remarquable. Visuellement c'est aussi très beau, l'animation est réussie et cela fait déjà beaucoup de points positifs.

En revanche là où ça pêche beaucoup, mais alors beaucoup, c'est sur le doublage. Désolé, pour toute la clique d'acteurs, potes de Chabat, qui veut se taper l'incrust', mais doubleur c'est un métier ! Il ne s'agit pas seulement de jouer un texte dans le bon rythme, il faut aussi savoir transformer sa voix pour trouver le timbre qui correspond à l'identité du personnage. Une mention honorable pour Lafitte qui campe un très bon Jules César mais pour le reste, quel ratage ! Quand j'écoute Panoramix, j'entend Pierre Brochant du dîner de con... Nakache en Bonemine, ça ne fonctionne pas. Lellouche en Obélix, c'est toujours pas ça (et c'est d'autant plus dommage que la voix de Gadeboix qui double Aplusbegalix semblait coller parfaitement à notre héros). Bref, il est vraiment temps d'arrêter avec les voix de "vedettes" qui massacrent les personnages.

Concernant l'adaptation du scénario, beaucoup de libertés sont prises et il faut dire qu'il y en a de très bonnes, comme l'idée d'envoyer Obélix au combat à la place d'Abraracourix. C'était LA solution évidente au problème gaulois, à laquelle Gosciny lui-même n'avait pas songé, ce qui je l'avoue avait toujours suscité chez moi une certaine déception quant à cet album. Donc mille fois bravo ! En plus, cela permet de développer une nouvelle facette du personnage d'Obélix, amenée intelligemment dès le premier épisode de la série. Bilan donc, une intrigue plutôt chouette, avec un découpage en épisodes, ponctués de cliffhanger, qui fonctionne.

Par contre on peut déplorer quelques scènes qui sont malheureusement du remplissage et qui n'amènent rien au scénario. À commencer par la crise de foie d'Abraracourcix, qui est une retranscription parfaite et très réussie de la scène dessinée dans "Le Bouclier Arverne", mais qui malheureusement ne sert que de faux prétexte à l'escapade de Panoramix en forêt... Alors que bon, Panoramix qui cueille des trucs en forêt... c'est juste son quotidien. Autre moment un peu tiré par les cheveux, le bannissement d'Astérix. Un évènement qui semble revêtir une importance capitale et qui accouche finalement d'une souris. Je m'arrête là pour les exemples, mais globalement, il ressort de la série beaucoup trop de scènes qui nous laissent sur notre faim, et qui font penser que le scénario n'était pas complètement adapter au format, ou inversement.

Maintenant je vais entamer le chipotage en tant que fan de la bande-dessinée. Je trouve assez déplorable la transformation du personnage d'Amnésix en une sorte de Rossy de Palma punk allemande... Je peux comprendre que l'on veuille ajouter des figures féminines à l'œuvre originale, mais pourquoi remplacer un personnage secondaire par un autre tout aussi insipide ? Et pour enfoncer le clou, on termine par un banquet durant lequel le barde n'est pas bâillonné... L'erreur est tellement grossière, qu'il est légitime de se demander s'il n'y a pas une volonté de la part de la production de lisser les mœurs de nos amis gaulois...

Je suis assez sévère, au vue du nombre d'adaptations foireuses qui ont émergés ces dernières années (sans parler des derniers albums), mais la déception est d'autant plus grande qu'il y avait dans cette énième opus d'Astérix, tout le potentiel pour atteindre la perfection. Or ce sont, comme souvent, les petites concessions qui viennent gâcher le résultat final. Dommage.