Ce polar orienté action/thriller, base sa narration sur un thème original, à savoir le dédoublement de personnalité du héros. C'est quelque chose d'assez rare dans ce genre de k-drama, et plutôt novateur. Oui, je ne vous déballe pas un scoop, le réalisateur lui même vous le précisera à la fin du 2e épisode, au cas où certains qui seraient un peu lent de la cafetière n'auraient pas compris ce que l'évidence montrait. Le duo est formé par l'unique et même héros interprété par deux acteurs différents. La partie psychologique est un des fondements sur lequel repose le scénario, qui nous expose le cas clinique d'un individu, qui doit lutter pour trouver un équilibre mental, pour ne pas sombrer définitivement dans la folie. Alors, allons nous aussi participer à cette hallucination et sombrer dans ce délire à la fois comique et funeste?
Ryu Soo-Yeol(Lee Dong-Wook) est un policier qui bosse au sein de l'unité anti corruption. Mais il a néanmoins une éthique douteuse, prenant des bakchich pour arrondir ses fins de mois, et contournant le système pour être bien vu. Il va être amené à enquêter sur une affaire de drogue touchant un député véreux et des trafiquants russo-coréens. Plusieurs de ses collègues vont être impliqués et mis en danger, dont le jeune Oh Kyung-Tae(N), mais surtout son ex, Lee Hee-Gyeom(Han Ji-Eun), dont visiblement il a encore des sentiments. A un moment donné, un mystérieux individu habillé en motard lui apparait. Il est complètement déjanté, se bat à ses cotés et mieux que lui, et à le sens de la justice et se fait appeler K(Wi Ha-Joon). Il rend fou Soo-Yeol par ses agissements incontrôlés. Mais il faut se rendre à l'évidence, K n'est autre que son alter ego, une projection altruiste de lui même qui émerge à un moment précis. C'est la manifestation d'une partie de sa personnalité refoulée, et que son inconscient avait occulté depuis son enfance.
La série démarre sur des chapeaux de roue, le rythme est infernal, ça part dans tous les sens, Lee Dong-Wook et Wi Ha-Joon nous en donne pour notre argent. Ils forment un duo improbable et détonant qu'on se plait à suivre. Jusqu'au 7eme épisode, c'est le feu, le scénario est cohérent, fluide et vraiment prenant, amenant sa part de rebondissements. On voit que les deux acteurs, amis dans la vie, s'en donnent à cœur joie. L'enquête policière est entrecoupée de scènes de poursuites et de bastons jubilatoires. La balade en moto durant le 2e épisode vaut son pesant de cacahuètes. j'ai adoré le gimmick avec le psy à la ramasse. Ne vous étonnez pas si vous vous surprenez à rire comme un con. Beaucoup de burlesque surtout au début, et de scènes hilarantes et surréalistes. Mais attention nous ne sommes pas dans une comédie policière. Progressivement le récit va s'étoffer et on va rentrer dans une partie plus sombre. Honnêtement ce mélange des genres fonctionne plutôt bien, mais à partir du 8e épisode, il va y avoir un dérapage incontrôlé du scénario qui m'a laissé un peu dubitatif, puisque comme il faut expliquer la présence de K, on va faire intervenir le "boss final du game" à l'origine du trouble psychique de Soo-Yeol.
A partir de ce moment, le scénario devient beaucoup trop tortueux, la trame autour des trafiquants de drogue disparait en un claquement de doigts et on va se raccrocher à des branches du passé et des explications qui sont très mal amenées, souvent alambiquées, en usant de raccourcis et de facilités scénaristiques qui nous prennent pour des cons. Durant 4 épisodes, il va y avoir de nombreux trous d'air et de coup de mou. Contrairement à ce que certains disent, le ton et l'ambiance ne changent pas, ils évoluent comme les personnages. On ne reste pas dans le conformisme. Le personnage de K est toujours présent jusqu'à la fin, prompt à la folie et la déconne, mais étant lié à Soo-Yeol, son tempérament s'adapte aux changements psychologiques de son "hôte". K est tout simplement la bonne conscience de Soo-Yeol et va lui rappeler qu'il fait fausse route dans ses choix. L'humour décalé reste toujours présent, même s'il est plus discret, normal j'ai envie de dire puisque la seconde partie est plus "sérieuse", voyant toute la psyché de Soo-Yeol se reconstruire grâce à l'impulsion de l'individu responsable de tous ses maux. Il combat ses propres démons dans un délire paranoïaque et schizophrène libérateur et salvateur.
Il y a du très très bon dans ce drama, durant les 6 premiers épisodes, c'est un pur régal, on boit du petit lait. La transition opérée au court du 7eme épisode et qui arrive de manière trop abrupte, en éludant la trame originelle, n'est pas très optimisée. Il y a aussi beaucoup trop de longueurs par moments. Heureusement que le cast principal fait le job, ainsi que les personnages secondaires. Soo-Yeol est un héros torturé, et on a de l'empathie pour lui. Mais on va pécher par orgueil en voulant trop en faire, alors qu'il suffisait de rester dans la simplicité. Il y a beaucoup trop de situations abracadabrantes. Et surtout le rôle de Yong(Kim Hieora), une des antagonistes, sombre dans les oubliettes du scénario, du grand n'importe quoi. Le format de 12 épisodes convient parfaitement, à condition de rester dans une cohérence qui a parfois tendance à se déliter. La mise en scène est heureusement efficace, et la musique axée heavy métal colle parfaitement aux situations de baston. J'ai aussi adoré la beauté naturelle de Han Ji-Eun, qui apporte la nuance romantique, tout en distribuant les châtaignes quand il le faut.
J'étais parti pour mettre 6, mais l'épisode final de Bad and Crazy retrouve les fondements qu'on avait pu observer durant la première partie, à savoir légèreté, burlesque et surtout sim-pli-ci-té! Il y a aussi des moments émouvants à ne pas occulter, notamment autour de la famille du héros, et de son entourage professionnel et amical, qui ressemble à une vraie petite famille. Le twist final aussi je ne l'avais pas vu arriver. Enfin, l'alchimie entre "Jekyll et Hyde" fonctionne très bien, mettant en perspective le traumatisme latent de notre héros qui a rendu sa vie souvent misérable et pathétique. J'ai pris beaucoup de plaisir à suivre ce drama, à la fois drôle, poignant, efficace dans ses scènes d'action, mais dont la trame scénaristique apparait confuse dans la seconde partie. Mention spéciale à l'OST. Pour ceux qui espèrent une saison 2, vous pouvez faire une croix dessus, parce que ce drama a été un bide total en Corée et qu'il a déjà 4 ans.
Main Theme: G2 - BUMP!
Additionnel OST: Bad n Crazy Theme - Kim Woo Kun
Additionnel OST2: Vincent -Out of My Way