Beyblade X
Beyblade X

Anime (mangas) TV Tokyo (2023)

Fût un temps, que nous sommes de moins en moins nombreux à avoir connu, Gulli avait Code Aventure. Sans être une réelle émission comme pouvait être Le Big Jump (une émission sur Canal J où les présentateurs marchaient pas qu'avec du café et affichaient un malin plaisir à s'amuser avec le minimum de budget possible) ou même In the boite sur Gulli (l'une des seuls émissions où le public pouvait venir accompagnés de bébés), c'était une créneau horaire (généralement entre 15h30 et 17h30) où le jeune public pouvait avoir des programmes internationaux et centré pour garçon. C'est ici que les enfants de l'époque pouvaient voir les dessins animés les plus intéressants (souvent japonais comme Pokémon, Yu Gi Oh ou même Beyblade), en comparaison des programmes journaliers européens qui consistait à diffuser le dernier programme Xilam pour le meilleur des cas (c'était un quota lancé vers la fin des années 80 pour mettre en avant les programmes européens face à la domination américaine et le contenu violent des animés japonais, tout un programme). Il y avait aussi Gulli Girl pour les filles entre 14h et 15h (avec même des journées entières consacrés aux programmes jeunesses mettant en avant des personnages féminin, on ne demandera pas pourquoi il n'y a jamais eu de journée comme ça avec les programmes masculins car la réponse est assez simple: l'ambiance et le message métatextuel de la chaine aurait été bizarre) mais, à l'image de Code Aventure, ces programmations ont peu à peu disparu. On peut expliquer la chose de plusieurs raisons différentes qui se tiennent. D'un côté on a le désintérêt des jeunes aux médias télévisuels, privilégiant les téléphones et l'ordinateur, de l'autre on a des dirigeant et des programmateurs qui privilégient ce qui attire le plus de spectateurs: l'information en continu (d'où la disparition progressive de TFOU ou même de M6 Kid). A cela, différentes décisions quant à l'avenir des programmes jeunesses sur le service public, amenés à être réhabilités en application téléphonique pour enfant, qui a fait ses débuts officieux durant la période Covid et qui a fait de très gros dégâts en terme d'audience. Les audiences étant en baisse, les personnes en charge des programmes pensent qu'il faut lâcher le monopole jeunesse pour une programmation plus familiale, moins de programmes jeunesses sont diffusés à la télévision ce qui participe à la fermeture des studios en France qui tombent les uns après les autres, avec Cyber Group Studio (Héros à moitié, Gigantorus, Alex Player), TeamTo (Angelo la débrouille, L'Armure de Jade) ou encore On Animation Studio (Le Petit Prince, Miraculous). Mais plus que cela, j'ai l'impression que cette baisse d'intérêt des jeunes vis-à-vis des programmes télés aurait été inévitable, même en ayant une gestion des programmes jeunesses beaucoup moins catastrophique. Ce constat je le tire d'études qui ferraient souffler du nez plus d'un (si ce n'est pas déjà le cas maintenant... si cela en intéresse certains, je conseille Dominique Château et son étude sur "l'esthétique du flux"), mais aussi de l'analyse des animés récents qui poussent à ce rejet. Cela peut paraitre kamikaze que de concevoir un programme (qu'on peut voir à la télévision) qui incite à de moins en moins regarder la télévision (tout en étant diffusé à la télévision), mais cela vient dans une logique de surconsommation de l'image et du programme qui débouche à des séries comme Alex Player en France qui sont parmi les pires que j'ai pu voir de ma vie. Pour en revenir aux programmes de Code Aventure, qui sont sensé être les programmes les plus alléchants pour le jeune public, on peut noter une chute drastique de la qualité des programmes qui viennent en ricochet d'une baisse drastique du soin que peuvent apporter les studios à leurs séries. L'un des exemples les plus parlant reste la franchise Beyblade qui semble vouloir prendre le même tournant que Yu Gi Oh qui a connu une fin tragique précipité par la disparition de son créateur dans des circonstances abominables. Après la fin de la quatrième saga qui s'est conclue non pas sans douleurs avec Beyblade Burst QuadStrike, il était question du lancement d'une cinquième saga Beyblade avec Beyblade X devant faire table ras des précédentes saga, et relancer la franchise avec des "enjeux actualisés". Si on avait de quoi s'inquiéter quant au possible sens de "enjeux actualisés" lorsque l'on connait le contexte actuel, on est très loin de s'imaginer les proportions du désastre.


Je sais que c'est presque malhonnête d'attaquer l'analyse par cela, surtout lorsque l'on voit les réactions que cela a pu susciter, mais il faut parler du doublage français. J'en parle pour deux raisons. L'une d'entre elle (outre la principale dont on reviendra plus tard) est que je pars du principe que la majeur parti des personnes découvriront cette série à travers la VF accessible facilement en ligne grâce à la chaine Youtube Gulli, ou encore à la télévision car diffusé en français. Pour les non connaisseurs qui voudraient en apprendre d'avantage sur le doublage, je peux conseiller de faire des recherches sur les acteurs et actrices présents sur les cartons de doublage à la fin de chaque génériques (ou même vous orienter vers des vidéastes comme Mister Fox, même s'il faut prendre parfois beaucoup de pincettes), mais je vais tenter de faire une présentation très courte (ou au moins plus courte que l'introduction de cette critique). Il n'y a pas qu'un seul doublage français, et toutes ne se valent pas. Le meilleur reste le doublage français réalisé en France qui est réputé pour être une référence mondiale dans le doublage, et les réactions quant au doublage français de Super Mario Bros le film n'en est qu'une des démonstrations les plus récentes. Pourtant, le doublage peut couter chère, et les studios derrière des séries d'animation ont souvent peu de budget à louer pour des doublages (ou veulent gagner plus d'argents en économisant sur la VF, au choix), poussant ces derniers à réaliser leurs VF dans d'autres pays où les charges sont moins lourdes. C'est comme ça que la VF de Pokémon a été intégralement réalisé en Belgique dans ses premières saisons et qui s'est prolongé sur le reste de la série parce que doublage y est devenu indissociable. De manière général le doublage belge est très bon et détient parfois de très belles interprétations comme Aurélien Ringelheim, de loin l'un des meilleurs doubleur francophone toute nationalité confondu, que vous avez déjà entendu car étant la version française de Sacha Ketchum dans Pokémon, ou encore Donatello dans les versions récentes des Tortues Ninja. De là, il y a eu le développement d'un véritable marché de la VF où plusieurs autres pays ont pu eux aussi proposer des versions françaises à des séries étrangères. Pour peu que les studios soient peu regardants ou très resserré vis-à-vis des budgets doublages, et sans compter le cas très particulier des Québécois qui eux même ont beaucoup de mal avec leurs "VQ" (avec notamment tout un débat autour du Joual et de sa censure pour mieux coller au français parisien international), il est aujourd'hui très difficile de compter les pays qui peuvent produire des VF parce que tous peuvent en produire, tant qu'ils ont un micro et un traducteur même bas de gamme. C'est ainsi qu'on arrive à des cas tristement célèbres comme en Allemagne avec les dessins animés Mondo ou même Dingo Pictures, mais aussi des tout aussi agréables doublages Marocains de Casablanca qui peuvent compléter des doublages belges lorsque le budget est vraiment serré comme sur Yu Gi Oh Arc V, ou encore des doublage comme la VF de Beyblade X, réalisé en Israël par la production Perfect Voices. Sans forcément tomber dans des attaques sur le casting ou la direction de voix, toutes ratés chacune à leurs manière au point d'en ressentir l'envi morbide d'assister à un enregistrement pour comprendre comment on peut chier un doublage à ce point là (pour donner le baromètre, le fan doublage de Birdemic est meilleure sous plein d'aspect), on ne peut pas occulter le fait que le doublage rend le visionnage laborieux et quasi impossible. Cela en est à un point où l'on n'a plus tant envi de critiquer car on sent à chaque répliques que l'ensemble des personnes travaillant sur le projet n'ont pas beaucoup d'expérience, voire pas beaucoup d'envies. Mais du coup, pourquoi commencer par le doublage ? Car aussi incroyable que cela puisse paraitre, le doublage raté est loin d'être le premier problème de la série.


Il ne faut pas beaucoup de temps de visionnage pour constater les problèmes, que ce soit visuellement ou narrativement. Les designs sont irréguliers d'une scène à une autre et donnent l'air d'avoir été bâclés. Que ce soit cette envi bizarre de faire des dessins dans l'iris des personnages, allant encore plus loin dans la tendance qu'a pu avoir la franchise à repousser toujours plus les limites du bon goût vestimentaire, ou même la fascination malsaine des réalisateurs qui a poussé le héros à adopter une coupe de cheveux similaire au fion d'un Zigzaton en gros plan, rien ne pourra rattraper la pauvreté des décors (le plus souvent limité à des décors gris d'intérieur) et des figurants, parfois sans visages ni design. Mais plus que les design (dont le goût douteux pourrait plaire à je ne sais trop qui) c'est la réalisation qui démontre une absence total d'envie. Les personnages oscillent entre Jojo Bizarre Aventure et Inazuma Eleven, dans le cadre d'une même scène, sans parler de certaines expressions faciales qu'on dirait sorti de je ne sais quel œuvre fauché sans argent qu'on retrouve dans des memes à base d'Hentai. Cette série est d'une laideur folle, sans aucune cohérence artistique, qui semble enchainer les références sans jamais les comprendre. On sent une démarche comme Beyblade Burst QuadStrike d'enchainer des choses pouvant parler au public, comme des séquences utilisant de l'électro swing démodé en 2025, et capter l'attention avant de créer quelque chose de cohérent ou même concret. Mais ce qui inquiète le plus c'est l'écriture qu'on dirait sorti d'un ordinateur tant tout semble invraisemblable et illogique à coup de joueurs présent au bon endroit au bon moment, ou de comportement répondant à aucune logique naturelle. C'est pour cela en parti que je tenais à parler du doublage car celui-ci est involontairement le reflet d'une série tout aussi imbécile, voire plus.


On suit un parcours initiatique du personnage principal dont on est sensé s'inquiéter pour la poursuite dans un tournois, alors qu'il est accompagné d'un champion du monde du Beyblade. Ce dernier se veut en rupture de ton avec une "vision trop sérieuse" que peuvent avoir les autres joueurs, mais tout sonne faux. Entre la gimmick du fameux "Bleydeur X" qui retire son casque dans des parcs ou au beau milieu d'une arène remplit de monde, le côté "sportif à la cool" qui fonctionne à aucun moment tant c'est une personnalité ressentant le besoin de capter l'attention de la foule (et d'avoir ainsi une sorte de retour sur investissement qui est incompatible avec le fait de jouer "pour le plaisir" comme il le dit), le caractère "passionné" du personnage principal qui semble découvrir sa passion en même temps que le spectateur alors qu'il pratique le Beyblade depuis des mois... rien ne fait sens, que ce soit dans sa démarche ou ses intentions d'apparence. Le jeu des personnages sonne faux tant ils peuvent passer d'une émotion à une autre sans qu'on ait à ressentir un fort intérieur ou même une quelconque personnalité. Multi, la coéquipière du héros principal, passe du rire au larme jusqu'au ton presque malsain en quelques secondes lors de son match contre Bleydeur X lors des qualifications au tournois. C'est troublant d'invraisemblance et d'artificialité. On est quand même sur une série où l'ensemble d'un tournois se passe dans une tour dont on rabâche en permanence la nécessité d' "atteindre le sommet", et où le bâtiment en question est un "X" (donc avec deux sommets au meilleur des cas), rien que là on peut voir à quel point l'écriture de cette série semble sur une autre planète. On sent l'influence vis-à-vis de séries comme Yu Gi Oh où, dans ses premières saisons, il y avait aussi la notion de progrès et de réussite en gravissant une tour pour chercher Pegasus. Pourtant tout est fait dans un contexte autre où l'on assemble les références et les gimmicks sans jamais que cela soit cohérent. Mais ce qui m'inquiète le plus et ce qui explique cette écriture proche de la folie furieuse, c'est la vision très effrayante du divertissement qui était déjà promu dans Beyblade Burst QuadStrike, et qui est ici développé à son extrême. Dès l'épisode 1, on tente d'instaurer une forme de remise en question des volontés du héros en expliquant il ne faut pas tant l'effort mais le plaisir, qu'il n'est pas tant question de victoires mais de faire forte impression. Tout cela reflètent les problématiques récentes liés aux nouvelles technologies et aux intelligence artificielle par extension. Tout comme les algorithmes de recommandations des plateformes de streaming, ou même l'intelligence artificielle devant répondre aux demandes d'un client, la série vise avant tout l’approbation du spectateur à travers sa capacité à éprouver du plaisir, mais aussi à toucher le plus de monde possible (d'où le fait d'éviter de promouvoir la victoire à tout prix, car pouvant exclure les personnes pouvant ne pas gagner). Ce concept est appuyé au fer rouge dès l'ouverture de chaque épisode lorsque l'on questionne la signification du X et que la série répond "Quelque soit sa signification, elle est entre tes mains", sous entendant que la série offre un service voulant avant tout accomplir une tâche avant d'être porteuse de sens. On a ainsi les objectifs se réunissant au nombre de 3: Un service devant plaire à un client, une efficacité s'assurant de la réussite du service et, une visibilité permettant au service d'être reconnu et pleinement apprécié. A aucun moment on ne parle de réflexion car ces dernières sont des sources potentiels de rejet pour le spectateur/client. Si l'on parle de "victoire à tout prix" dans Yu Gi Oh ou Pokémon, c'est avant tout un mantra qui permet aux héros d'avoir un code d'honneur, une dynamique qui permet aux personnages d'avancer et de se surpasser en dépassant le statu quo avec lequel ils ont commencé leur aventure. Ici, tout comme dans des séries comme Alex Player qui marche avec les même mécaniques, on a l'impression que la série prend tout au pied de la lettre, sans nuances, comme si l'aventure et le divertissement était vu à travers les yeux d'un programme. En cela on peut voir l'ensemble des personnalités constitutif du groupe protagoniste avec divertissement/service incarné en "fion de Zigzaton", aidé par "Beydeur X" pour l'efficacité et son expérience d'ancien champion qui s'assure que le personnage principal avance quoi qu'il arrive dans la tour, et "Multi" qui s'occupe de travailler l'image que renvoi le groupe dans le tournois. L'équipe s'appelle "Persona", littéralement un terme marketing permettant d'identifier un groupe de personne identifiable teste grâce auquel les concepteurs conçoivent un produit marketing. En plus de renforcer ce sentiment désagréable et gênant de voir une série intégralement écrite par une IA, ces trois personnages n'ont aucune forme de cohérence. Si Multi est celle qui s'en tire "le mieux" car se reposant sur plus de 20 ans d'archétype de coéquipière féminine pour le héros (car en plus d'être pas originale et mal écrit, le personnage conforte un stéréotype de personnage secondaire exclusivement tenu par des personnages féminins), Bleydeur X et Fion ambulant sont incroyablement mal pensé car, sur le papier, c'est Bleydeur X qui est sensé être le personnage principal, et celui-ci est traité comme un personnage secondaire (pire que cela, à l'épisode 3 on a Multi qui lui demande d'être de moins en moins présent à l'écran, on y revient tout de suite). L'info est facilement vérifiable quand on vérifie les fiches techniques de la série (réalisé par l'équipe de distribution en accord avec les studios, si ce ne sont pas les studios eux-même), ou encore dans la communication autour de la série, tout invite à considérer Bleydeur X comme le personnage principal alors qu'il est constamment relégué au second plan. On n'est même pas sur une logique de mise en avant des personnages secondaires comme Shaman King où là aussi le personnage principal de la série est amené à s'effacer pour mettre en avant la dynamique de groupe, mais sur des personnages mal pensés, mal écrits, mal mis en scène qui portent un récit qui est tout aussi incohérent voire pire. L'un des moments les plus glaçant et révélateur de la nullité des personnages reste la première rencontre entre l'équipe Persona avec les présentateurs, des intelligences artificielles arrivant à dégager plus d'énergie et de personnalité que des humains protagonistes. On se retrouve ainsi avec un produit qu'on dirait sorti tout droit d'un bureau d'étude du marketing, bâclé et à peine commencé, qui ne cache même plus ses intentions. Là où Beyblade Burst QuadStrike avait au moins le mérite de montrer une forme de dépaysement à travers des épreuves en extérieur qui ne soit pas du Beyblade, Beyblade X incite à ne pas sortir car suivant une logique algorithmique pour booster la visibilité et l'appréciation de la série. Tout comme les plateforme de streaming incite à ne pas sortir de chez soi (pour aller au cinéma voir les films qu'ils peuvent voir chez eux), la série enferme ses personnages dans cette Tour X qu'on finit par ne plus voir que de l'intérieur mis à part dans le générique d'intro (l'un des plus tiède et triste qui m'ait été donné d'entendre depuis longtemps). On ne voit plus le ciel ni la nature, juste des murs gris et un stade sombre dans la majeur parti des épisodes, la plus part des scènes se déroulant en intérieur afin de ne pas inviter le spectateur à aller vers l'extérieur (et ainsi arrêter le visionnage). Mais plus que cela, ce qui inquiète le plus, c'est que si l'on peut penser de prime abord que cela est accidentelle, résultant d'une volonté d'optimisation atteignant un niveau d'absurdité qui rend la série visionnable, et qui enlève toute forme de divertissement sans jamais penser à le remplacer... sauf que non, c'est beaucoup plus pervers que ça.


On pourrait se dire que la série n'innove en rien, qu'elle n'apporte rien à ce qui a été proposé auparavant, et qu'elle tente de faire marcher des mécanismes ayant déjà fait leurs preuves dans le passé sans trop réfléchir à les actualiser. D'un côté c'est vrai car la série reproduit de manière très académique la recette des épisodes de la franchise, malgré des moments vraiment embarrassant qui semble ignorer tous les codes élémentaires d'un scénario bien écrit (je reste sous le choque de la rencontre entre le groupe et multi dans un parc façon vendeur de tour Eiffel sur le champ de mars pour qu'au final Multi soit sincère dans sa démarche de donner gratuitement une toupie à un inconnu sans aucune raison apparente). Pourtant, il y a bien un ou deux apports qui méritent d'être mentionné. L'un des seuls points que je pourrais défendre sans trop de mauvaise fois, c'est le personnage de Bird et sa fâcheuse tendance à souvent perdre ses match qui, d'une manière inattendu, renouvelle la manière de montrer le héros en position de force comme quand un adversaire est persuadé d'avoir perdu face aux progrès fulgurants de Bird mais qui, gagne in extremis car la toupie de Bird a arrêté de tourner. Cela amène des scènes vraiment intéressantes et fortes qui arrivent à un peu cultiver le suspense et à capter l'attention. Maintenant, c'est une innovation qui se perd dans d'autres beaucoup moins glorieuses et beaucoup plus inquiétantes qui sont révélatrices des intentions des personnes derrière la série. La première reste cette rampe permettant aux toupies de gagner en vitesse et réussir des attaques plus violentes. C'est quelque chose qui a probablement été introduit par la gamme de jouet en elle-même, et honnêtement l'idée est maligne. Dans une logique marketing devant dynamiser une série d'animation dérivé d'un produit (dans une logique où les consommateurs de toupies sont avant tout les spectateurs de la série, là où au tout début c'était l'inverse avant que la série ait eu son succès), ça a une vrai plus valu. On redonne une physicalité aux toupies, on rationalise la pratique du Beyblade avec un élément fantastique et, en amenant bien la chose, ça peut effectivement donner du dynamisme avec de nouvelles façons de jouer au Beyblade. Le souci étant que, comme vous vous en doutez à ce stade de la critique, le soin et la qualité ne sont pas trop les priorités des studios derrière cette série. A l'image de Beyblade Burst QuadStrike, les matchs sont désolants de rapidité, avec vaguement quelques mouvements et quelques plans de toupies qui tournent en gros plan. Tout ceci est dans la continuité de Quadstrike où le service rendu par la série n'est pas tant le divertissement du spectateur par le spectaculaire, mais le fait de retenir le plus possible le spectateur devant la télévision grâce à un contenu qui est fait que pour passer le temps. Pourtant il y a ces instants avec la rampe qui, pour le coup, dynamisent par moments les combats mais finissent par très rapidement devenir un frein lorsque la série s'évertue à réutiliser encore et encore la rampe dans un même match, avec quasiment les mêmes plans qu'on recycle d'une séquence à l'autre. Mais plus que la sur-utilisation de cette rampes qui finit par ennuyer comme ce n'est pas permis, c'est la manière même d'utiliser la rampe qui m'interpelle. J'ai dû faire des recherches sur cette fameuse rampe et après avoir trouvé une vidéo présentation (vraiment efficace, n'hésitez pas à vous abonner à la chaine si vous vous intéressez au Beyblade, ça a l'air d'être un passionné), j'ai pu avoir des éléments de réponses qui ont confirmé mes impressions. D'une part, malgré que j'ai pu être septique quant à cette histoire de rampe qui booste la vitesse des toupies pour une attaque chargée, sachez que cela marche en vrai et que cela marche plutôt très bien. D'autre part, pour revenir à l'analyse de la série en elle-même, la vidéo montre bien qu'il y a qu'une seule façon d'utiliser cette rampe car ayant qu'une seule "sortie" (dans les faits il y en a deux faisant face au joueur, mais les toupies ne tournant que de gauche à droite, il ne peut y avoir qu'une seule façon d'utiliser la rampe), ce qui "justifie" le fait de réutiliser des plans pour illustrer l'utilisation de la rampe. On pourrait avoir des plans en vu suggestive depuis la toupies se faisant attaquer, en plan séquence, des plans topshot du dessus, du dessous à travers le plastique de l'arène... mais soit, même en ayant plusieurs façon de filmer cette rampe, il ne peut y avoir qu'une seule sorte d'attaque. Cette idée est pour moi assez révélatrice de comment Beyblade X conditionne le divertissement et le plaisir de pratiquer le Beyblade. Pour être boostée, pour avoir de la nouveauté, il faut aller toujours dans le même sens, et reproduire inlassablement la même technique. Ce concept est appuyé par la réalisation qui réutilise inlassablement le même cadre, peu être pour iconiser l'utilisation de la rampe (malgré qu'il n'y ait aucun autre élément permettant de rendre iconique cette utilisation de rampe) mais surtout pour conditionner l'utilisation de la rampe à un seul et même protocole à devoir reproduire pour espérer avoir un divertissement, à l'image des enfants qui doivent regarder et répéter une même démarche pour regarder le même programme inlassablement. Outre les métaphores, c'est la mise en scène des matchs qui se retrouve très amoindri. Plus d'excentricités, de prises de risques, ou même de créativité, ici la magie et le divertissement se résume à une rampe qui dévalorise la beauté du Beyblade originel. Mais l'apport le plus notable et le plus controversé de Beyblade X reste l'IA et les enjeux communicationnelle des équipes. L'ensemble des figures pouvant représenter un regard extérieur tend à être de plus en plus numérisé. Le public est résumé à des émojis anonyme et déshumanisés qui réagissent mécaniquement à ce qui se produit, et les présentateurs sont tous des IA. On peut y voir la manière assez glaçante qu'a la série de considérer le public Beyblade, à savoir des chiffres et des réactions positives ou négatives permettant d'indiquer si le divertissement proposé est bonne ou non. Mais surtout, c'est toute la culture de l'image médiatique et des réseaux sociaux qui fait passer un cap à la série. En plus du Beyblade et des relations intergroupes (qu'on pourrait limiter à ce qui a déjà été proposé par les autres séries de la franchise), la série met en avant la nécessité de se mettre en avant et de cultiver son image afin de réussir dans le Beyblade. Cela peut avoir de bonnes choses comme l'épisode où l'équipe Persona cherche un sponsor (et ainsi éduquer le jeune public aux problématiques de la pratique d'une activité de manière professionnels, les sensibiliser aux responsabilités et aux charges derrière le divertissement d'apparence, même si cela participe d'avantage à démystifier le Beyblade en le rationalisant peu être à outrance, à la limite ça a ses vertus) , cela a surtout ses mauvais côtés au point de rendre la série presque malsaine et dangereuse. Entre la culture de l'image qui passe au dessus du droit à l'image et à l'intimité, la nécessité presque maladive de Multi à tout filmer et à compter sur ses followers plus qu'à ses amis... alors qu'on s'attendrait à avoir un discours développant la personnalité individuel et l'intimité afin d'aider au développement de l'enfant avant le passage au collège, Beyblade X semble presque former le jeune public à son passage précoce sur internet et incite presque son spectateur à s'exposer dans un milieu dont il ne présente jamais les risques. On pourrait penser que c'est une série pour un public plus mature, mais sous plein d'aspect, sans parler de ce qu'on a déjà pu voir en long et en large auparavant, la série a un ton très infantilisant et rabaissant, donnant l'air de jouer sur le fait que le public visé est trop jeune pour comprendre ce qu'il regarde. On a ainsi une série développant de mauvais discours, réalisés avec de mauvaises intentions, qui s'adresse aux jeunes pour exploiter leur crédulité, et qui les poussent même à se mettre en danger sur internet. C'est épouvantable.


Lorsque je parlais du doublage en disant que c'était loin d'être le souci principal de la série, c'est parce que je pense que celui-ci aurait moins dérangé si la série n'était pas aussi abjecte. En soit, le doublage n'est que le reflet d'une série raté sous tous les points: Opportuniste, malhonnête, dégradante, imbécile, négligeant, éprouvant et détestable. Je pensais qu'on ne pouvait pas faire pire que Beyblade Burst QuadStrike ou Alex Player, qui semblent toutes deux avoir été pensé par des intelligences artificielles, mais Beyblade X démontre qu'on peut faire bien pire. Il y a rien de plus déprimant de voir une franchise aussi prometteuse et fructueuse tomber aussi bas. On ne peut que s'inquiéter du futur du divertissement jeunesse car, avec l'intelligence artificielle et la cupidité des studios, cela risque d'être de pire en pire. Je me demandais comment des programmes télés peuvent ne plus être attractif pour les enfants, j'ai ma réponse: tout évolue pour qu'à terme, il n'y ait plus de téléspectateurs, mais des viewers sur une plateforme de streaming, et cela passe par la conception de séries comme Beyblade X dont l'utilité intrinsèque est de dégouter les jeunes de la télévision. Sa mission est trop bien remplie.


3/20


N’hésitez pas à partager votre avis et le défendre, qu'il soit objectif ou non. De mon côté, je le respecterai s'il est en désaccord avec le miens, mais je le respecterai encore plus si vous, de votre côté, vous respectez mon avis.


Youdidi
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le 29 mai 2025

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