Ah, quelle odyssée contemporaine que de s'immerger dans ce théâtre de vanités où la modernité, avec ses lumières crues et ses filtres obscurs, s'emploie à masquer la vacuité sous le vernis de la sophistication ! Dès les premières minutes, l'oeil est sollicité par des artifices visuels qui promettent la grandeur, tandis que l'esprit, lui, est abandonné à l'errance. Les protagonistes, figures emblématiques d'un dilemme moral censément tortueux, s'adonnent à des décisions si inconsidérées qu'elles confèrent à leur propre destin un parfum d'absurde tragique. On les suit, tantôt dans la frénésie de leurs entreprises, tantôt dans les méandres de souvenirs resurgissant comme des spectres insistants, et pourtant, malgré la virtuosité théâtrale de leurs incarnations, l'âme se perd dans le labyrinthe des épisodes interminables.
La narration, quant à elle, déploie avec une régularité métronomique des retours en arrière qui ne servent ni le drame ni la psychologie : chaque flashback, chaque détour temporel, apparaît moins comme un éclairage que comme un empêchement systématique à goûter la substance promise. L'intrigue, embrassant tout à la fois tromperies, ambitions dévoyées, magouilles et querelles fratricides, ne se distingue jamais que par son goût prononcé pour la répétition et le déjà-vu ; on frôle l'écoeurement tant l'originalité semble avoir pris congé.
On pourrait presque admirer la virtuosité de l'emballage, le chic des décors, le soin porté aux compositions, si l'ennui, lui, ne venait rappeler cruellement à quel point la chair du récit est mince et insipide. Comme je l'ai lu sur une autre critique, il est vrai que l'on peut s'interroger : la mécanique narrative obéit-elle à la logique d'un esprit humain ou à celle d'une intelligence impersonnelle et algorithmique, produisant des tableaux de tension factices et des émotions calibrées ?
En définitive, on ressort de cette expérience éreinté, le cœur en quête d'une vérité que la série, avec son zèle d'illusionniste, s'obstine à refuser. La magnificence des acteurs, l'illusion de profondeur, tout cela n'est que feu de paille, et l'on demeure, fatalement, spectateur d'une farce survoltée qui ne tient jamais ses promesses.