Broadchurch est une petite ville paisible du sud ouest de l'Angleterre. Une ville où tout le monde se connaît, où la vie semble simple et saine. C'est un endroit magnifique, à la fois baigné des lumières marines, de la douceur de la campagne anglaise, ponctué par la bruine et le brouillard.
Pourtant, dans cette insularité, dans ce huis-clos paisible, un évènement surgit, tel un coup de poignard, la mort mystérieuse d'un enfant, au bas d'une falaise, sur la plage immaculée. C'est le drame. Les parents sont en deuils, les voisins eux aussi pleurent. Dans leur tristesse et leur affliction tout s'effondre. La police enquête. Un inspecteur bourru arrive en ville. Son caractère, asociale et froid, vient troubler la paix qui régnait jusqu'ici. Il enquête, découvre les cachoteries de chacun, les passés douloureux de ces êtres. Broachurch est le refuge des âmes en peine. Dans ce microcosme, au fil des épisodes, les personnages se dévoilent, avec leurs qualités et leurs faiblesses. Ils perdent la face. Le meurtre déchire leur âme. L'atmosphère se fait lourde et la mer, étendue immense à perte d'horizon, n'est pas un échappatoire. Ils sont condamnés à se dévoiler, quitte à tout perdre. Dégâts collatéraux. Un meurtre, un seul, est tout est dépeuplé. Chacun y perd des plumes. Puis, subitement, tout se débloque, au bout d'un suspens de huit épisodes très bien construits.
Le script est simple, presque simpliste. Mais de cette incroyable simplicité nait un portrait critique et touffu de cette micro-société anglaise : médias, police, famille, pédophilie, drogue ; tout est évoqué, par couches et par une technique du sfumato, chère à De Vinci, subtilement brouillé, comme pour tenir en haleine le spectateur. Et ça fait mouche.
Il faut dire que les anglais ont une classe inégalable. Les acteurs sont d'une sobriété impeccable. Le commissariat et son acolyte sont impressionnants. L'élégance de la mise en scène, l'atmosphère ténébreuse, tragique et magnifique à la fois est parfaite. So british.