Une série anglaise digne d'intérêt

Après Twin Peaks ou plus récemment Top of the Lake, Broadchurch risque de de devenir un classique parmi les séries policières. A la vue des trois premiers épisodes de la première saison, il y a cette atmosphère oscillant entre la stupeur (comment la communauté de Broadchurch peut accepter la mort d'un de ses gamins de onze ans?) et la suspicion ( chaque âme de ce bourg étant potentiellement coupable). A cela se superpose la collaboration non choisie entre un enquêteur en chef nommée d'office et celle à qui il a piqué son poste pendant son congé maternité. L'intérêt de la famille touchée par ce drame les amènera à se démener de concert pour trouver le coupable. Il y a beaucoup de scènes silencieuses ,beaucoup de non-dits entre des habitants impliqués qui n'ont pas encore tout dit. Le puzzle se forme,quelques révélations tombent au compte goutte et donnent envie de voir l'épisode suivant. A noter au générique la présence d'un ancien Doctor Who dont la posture en retrait rappelle un certain Sherlock Holmes,mais en plus tourmenté. Vivement la prochaine diffusion.
Saison 2
La poursuite de la série se joue sur le procès du meurtrier du petit Lattimer tandis que l'enquêteur voit ressurgir une ancienne affaires de moeurs dans sa vie. Cette double focale introduit de nouveaux personnages, deux femmes avocates aux styles diamétralement opposés, ainsi que ce couple ambigü au coeur du "cold case" de l'enquêteur. Ca fonctionne et on en découvre un peu plus sur le passé professionnel de Hardy qui apparaît, malgré sa volonté, comme un collectionneur de tuiles en série. Saison 3: Cette ultime saison met les deux enquêteurs face à une agression sexuelle d’une femme mûre.En prenant une victime vivante,le showrunner renverse la logique de sa série et appréhende une autre gestion d’affaire criminelle.A voir si elle tient la distance.La bonne surprise intervient à partir de l’épisode 3 avec le retour de la famille Lattimer. Entre la souffrance fédératrice que prône la mère pour sa voisine abusée sexuellement,surgit aussi la soif de justice du père.Un contraste intéressant qui devrait influencer les futurs avancements de la saison. Il faudra attendre les deux derniers épisodes pour voir Miller et Hardy aboutir sur cette série de viols en série sordides.La perversion du coupable fait froid dans le dos et son inconscience de la gravité de ses actes interroge sur le manque de repères de la jeunesse actuelle.Je retiendrai le moment où la fille de Trish convoque la communauté de Broadchurch pour qu’elle lui apporte son soutien.Une mise en scène nécessaire pour que cette femme meurtrie puisse se redresser et se reconstruire.C’est là où vous estimez la notion d’appartenance malgré les épreuves.Au-delà du factuel de l’enquête,le showrunner de Broadchurch aime à insuffler des moments à part où la communauté se ressert pour éviter le réflexe d’indifférence.Une imagerie digne des westerns d’antan mais dont la force d’évocation n’est pas ridicule,bien au contraire.