Brothers (2009) avait les cartes en main pour frapper fort : un sujet délicat mêlant retour de guerre, traumatisme psychologique, et triangle affectif, porté par un casting de premier plan. Pourtant, à mes yeux, le film s'effondre sous le poids de ses ambitions mal maîtrisées.
Dès les premières minutes, l’écriture laisse transparaître un manque de subtilité dans la construction des personnages et de leurs relations. Le drame familial, censé évoluer avec finesse et ambivalence, s’installe au contraire dans des ressorts narratifs attendus et parfois même convenus. Les dilemmes moraux sont à peine effleurés ; les tensions psychologiques deviennent rapidement mécaniques, presque forcées.
Tobey Maguire, pourtant loué pour son engagement, pousse parfois son jeu jusqu'à la surenchère. Là où l'on attendait de la complexité et du trouble intérieur, on se retrouve face à des accès de colère théâtraux, qui finissent par desservir la crédibilité du personnage de Sam. Jake Gyllenhaal, en frère tourmenté, reste trop en retrait, et Natalie Portman, bien qu’impliquée, semble sous-employée dans un rôle qui manque cruellement de consistance.
La réalisation de Jim Sheridan n’aide pas. D'une platitude désarmante, elle ne parvient jamais à instaurer la tension dramatique que le sujet exigeait. La mise en scène reste sage, presque effacée, refusant de véritablement plonger le spectateur dans la psyché de ses protagonistes. Résultat : le film patine là où il devrait oppresser, survole là où il devrait fouiller.
Certes, quelques scènes isolées arrivent à susciter une émotion sincère, mais elles apparaissent comme des îlots perdus au milieu d’un récit trop linéaire, manquant d’aspérités et de surprises. L'ensemble donne l'impression d’un drame psychologique édulcoré, qui n’assume jamais totalement l’intensité de son propos.
En fin de compte, Brothers m’a laissé une impression de rendez-vous manqué : une œuvre qui caresse des thématiques puissantes, mais qui reste en surface, prisonnière d’un traitement académique et d’interprétations inégales. Un film frustrant qui m’amène à lui attribuer une note de 4.5/10.