Ha Yun-seo est une travailleuse acharnée, une femme dévouée et consciencieuse. Elle a élevé seule son petit frère et a gravi les échelons jusqu’à devenir responsable marketing dans une grande société financière. Elle entretient une relation avec Seo Ju-won, plus jeune qu’elle, qui finit par lui révéler qu’il est l’héritier de la famille propriétaire de l’entreprise. Un schéma classique, mais le point de départ repose ici sur un renoncement. En apprenant la relation, la mère de Ju-won propose de l’argent à Yun-seo pour qu’elle rompe, ce qu’elle accepte. Mais Ju-won, lui, est bien décidé à la garder auprès de lui.
Yun-seo organise alors la rupture, espérant qu’il finira par se lasser. Cependant, Ju-won persiste, déterminé à prouver que l’amour peut triompher des conventions et des attentes sociales. Yun-seo, femme lucide, sait parfaitement où elle met les pieds. Elle a souffert en élevant son frère, a travaillé dur pour atteindre son niveau, et mesure toute la différence de classe sociale entre elle et Ju-won. Déjà, accepter qu’il soit plus jeune qu’elle n’est pas simple. Alors se préparer aux remarques blessantes d’une belle-mère méprisante, on comprend ses réticences.
L’histoire est bien construite. En poussant Ju-won à accepter la rupture, Yun-seo se confronte malgré elle à ses propres sentiments, au point de vaciller dans ses certitudes. Peu à peu, elle réalise la profondeur de ce qui les unit. Le bonheur n’a rien d’un conte de fées : il faut du courage pour oser plonger dans l’inconnu. Et c’est précisément ce que Ju-won offre à Yun-seo. Conscient des réalités de sa famille, il sait qu’il lui revient de la protéger et de la soutenir. C’est tout le message de la série : la vie n’est pas un conte, et un couple doit apprendre à rester uni face aux épreuves. Ici, Ju-won, malgré son insécurité et sa peur de la perdre, fait preuve de beaucoup de lucidité et d’empathie. Il prend conscience du poids qu’elle porte : ses responsabilités familiales, sa crainte du regard des autres, son sentiment d’infériorité.
Mais cette série n’est pas parfaite. La lenteur, d’abord en accord avec sa douceur, se transforme en longueur, en langueur monotone, laissant place à un ennui certain. Les moments censés être drôles ne le sont pas, et les scènes, trop convenues, ne suffisent pas à nous tirer de cette torpeur. Là encore, la série peine à choisir un ton. Elle oscille entre comédie, tragédie et romance, sans jamais trouver le bon équilibre. Je n’aime pas quand on cherche à ratisser large.
Cinderella at 2 pm reste cependant une série calme et douce, qu’il faut regarder avec indulgence car elle a le mérite de parler de reconstruction et de reconquête après la rupture. La seconde romance, très agréable à suivre, va aussi dans ce sens : elle explore l’amour qui éclot au sein d’un mariage arrangé.
Les acteurs sont tous très bons. Shin Hyeon-bin est très convaincante dans ce rôle de femme sérieuse. Et même si l’écart d’âge réel avec Moon Sang-min est plus grand (14 ans) que celui de leurs personnages, leur couple fonctionne parfaitement. Moon Sang-min, que j’avais découvert dans Under The Queen’s Umbrella, confirme à 25 ans son talent et la maturité dont il sait faire preuve. Il est beau et irrésistible à chaque apparition.
Commentaire :
Le choix du casting a suscité de nombreuses critiques ce qui m’a donné envie de regarder cette série. Je pense justement que ce contraste est pleinement assumé. La différence d’âge fait partie des obstacles que Yun-seo anticipe, au même titre que le statut social ou le mépris de classe. Oui, Moon Sang-min a une apparence juvénile. Mais il incarne avec une justesse rare un homme sincère, tendre, capable d’aimer sans dominer. Ce décalage visuel renforce la position délicate de Yun-seo, femme mature, posée, dont la crédibilité ne repose ni sur des artifices ni sur des filtres. Le choix de Shin Hyeon-bin bouscule les normes : elle incarne une féminité assumée, forte, sans ostentation.
L’un et l’autre échappent aux archétypes dominants. Il n’est pas un bad boy charismatique au regard noir. Elle n’est pas une trentenaire figée dans une jeunesse fabriquée. Et c’est là que ça coince pour certains : dès qu’un drama montre une femme de 35 ans avec son vrai visage et un homme jeune qui n’a rien du mâle alpha tourmenté, les commentaires s’énervent.
Mais c’est précisément ce que la série a de précieux : faire exister un amour vrai, sans vernis, ni domination, ni posture. Un amour lucide et libre. Et rappeler que parfois, aimer, c’est désobéir et combattre.
La photographie lumineuse, la mise en scène délicate, l’absence de personnages caricaturaux, la seconde romance et l’OST participent beaucoup au charme de la série.
Cinderella at 2 A.M. n’est pas inoubliable, certes mais c’est une jolie romance cocooning, qui avec 10 épisodes se savoure assez vite pour sa douceur et ses personnages touchants.
OST : titre Boyfriend (Yeonjun TXT) https://youtu.be/eD8NC174Jik?si=_zcOOoJWb-NNAJIJ