Woody Allen le dit souvent, il lui est très difficile de se faire financer ses films du fait des petits scores au box-office. Donc, il passe de producteur en producteur, jusqu'à aller chez Amazon, qui lui a financé trois films à ce jour ; Café Society, Wonder Wheel et A Rainy Day in New York. Dans le package était aussi inclus une série, ce que le réalisateur n'a jamais fait jusque là : d'où la création de Crisis in six scenes.
L'histoire se passe dans les années 1960 aux Etats-Unis à la période contestataire du Vietnam. Un vieux couple vit à l'écart de tout cela, jusqu'à l'arrivée d'une jeune hippie dans leur maison, et qui bouleverser leurs vies.
Tout d'abord, il faut parler du format en lui-même, à savoir une seule saison de six épisodes, chacun durant moins de 25 minutes, génériques inclus. Woody Allen n'a pas du tout cherché à faire une série, avec ses codes, mais plutôt un long film qu'il a coupé par épisodes à chaque fois que ça fait tant de minutes, à tel point que sans les génériques, ça donne l'impression d'être dans la continuité.
Ce qui donne une impression très étrange, d'un long film comme je le disais, car Woody Allen n'a jamais dépassé les deux heures dans un long-métrage. Le risque est aussi que ça se dilue, et c'est le cas, car plus d'une fois, ça donne l'impression de scènes faites pour la rallonge.
Ça fait tout de même plaisir de revoir Woody Allen acteur, mais là aussi dans un rôle qu'on connait par cœur, à savoir le personnage hypocondriaque, qui est limite asocial, et qui en plus, années 1960 oblige, a constamment peur d'être sur écoute. Il incarne un scénariste de séries dont il galère à trouver une bonne idée à une chaine ; tiens, une mise en abime ?
A ses côtés figure Elaine May, peu connue en France, mais qui a fait énormément de spectacles de stand-up Outre-Atlantique, et qui est elle aussi amusante, faisant contre-point avec Woody du genre arrête de psychoter. Et la grosse surprise est la présence de Miley Cyrus dans le rôle de cette jeune hippie, résolument contre la guerre du Vietnam, et qui s'incruste dans la vie du duo Allen-May : finalement, elle est plutôt correcte dans le rôle, bien qu'elle reste au fond sur cette corde unique de la complainte.
Ça ne révolutionne en rien le talent de Woody Allen, car tout y est, ou a déjà vu dans ses autres films ; j'ai plus l'impression que ça a été fait par-dessus la jambe pour donner à Amazon ce qu'il voulait, à savoir une signature, un grand nom, et rien de plus. D'ailleurs, la personne la plus critique sur cette série n'est autre que Woody lui-même, pour qui ça a été une catastrophe, au point que cette proposition (contre le financement de ses films) sonne un peu comme un cadeau empoisonné.
Mais au moins, ça se voit très vite, et rien que pour ça, on ne crache pas sur un (long) Woody Allen.