L'ère Dahmer

La série, forte de ses dix épisodes, raconte la vie de Jeff Dahmer, un tueur en série qui a sévi dans l'état du Milwaukee entre la fin des années 1970 et 1992, date à laquelle il sera incarcéré à la prison à vie, et mourra deux ans plus tard.

Pour ce faire, la bonne idée est d'avoir choisi Evan Peters, que je connais surtout dans la saga des X-Men où il jouait Vif-Argent, mais là, c'est peut-être le rôle de sa vie : à la fois charmant et inquiétant, choisissant ses futures victimes dans des bars gays où il les ramenait chez lui, les droguait, et les découpait en morceaux. Ce qui n'est pas sans créer des problèmes avec son voisinage, qui se plaint régulièrement des odeurs émanant de son appartement.

Mais c'est surtout du coté de la morale que je trouve le message parfois contestable. Bien qu'il soit clairement montré comme quelqu'un de criminel, voire monstrueux avec des détails parfois sordides, les deux derniers épisodes, où il est en prison, tendent presque à nous le déculpabiliser de ses meurtres, et notamment lors d'une scène presque gênante où il va être baptisé dans les derniers temps de sa vie, avec une musique angélique comme si le mal partait en lui. Jusqu'aux derniers moments où il va être mortellement agressé où la façon dont elle est tournée confine presque à l'empathie, ce que j'ai du mal à accepter.

De plus, la mise en scène se veut parfois languissante, avec une photo de couleur dorée, mais au fond, je crois que ce qui m'a le plus intéressé n'est pas Dahmer en lui-même, mais le traitement de son affaire ; l'immobilisme des forces de l'ordre quand des témoins se plaignaient, les victimes qui restent encore marquées par cet homme y compris quand il est en prison, et surtout, comment se reconstruire après un drame pareil. A ce sujet, je trouve que Niecy Nash, qui joue sa voisine, est peut-être celle qui m'a le plus touché, davantage que le père incarné par Richard Jenkins.

Bref, malgré le bon moment passé devant cette série, dérangeante à plus d'un titre, je ne vois pas vraiment en quoi ça a été un carton sur Netflix.