Le petit livre noir du Parti Yagamiste

Death Note est-elle une bonne série ? Oui.

Son succès est-il, ne serait-ce qu'un poil, surestimé ? Oui, aussi.

Disons qu'on tente de prêter certains propos aux auteurs alors qu'eux-mêmes ne les partagent pas. Le scénariste, Tsugumi Oba, est d'ailleurs très clair à ce sujet : il n'y a aucun message dans le manga Death Note, aucune idéologie, et le tout se résume, selon lui, à un combat stratégique et psychologique entre Light et ses adversaires.

Cela ne veut pas dire qu'il n'y a rien à creuser, bien au contraire, mais force est de constater qu'on a tendance à nous présenter comme du génie ce qui ne l'est finalement pas tant que ça. En l'occurrence, dans Death Note le récit avance parce qu'il doit avancer, les ficelles sont bien plus grosses qu'il n'y parait, les facilités scénaristiques bien trop présentes et il y a pas mal d'incohérences. Light et L, pourtant censés être des génies, passent à côté de nombreux détails pourtant évidents pour le spectateur… et parfois, ils partent dans des déductions abracadabrantesques, dans lesquelles ils planifient leurs actions plusieurs coups à l'avance, du même niveau qu'une partie d'échec entre les deux meilleurs joueurs mondiaux. Il y a un certain manque de constance concernant la sagacité des protagonistes.

En plus de ça, pour une série de 37 épisodes, on retrouve de nombreuses longueurs. Inutile de vous dire laquelle est la pire puisque la majorité des personnes ayant vu l'animé s'accordent dessus… certains ayant même arrêter le visionnage de la série après cet événement particulier. Pour le coup, je pense que l'animé aurait gagné à être bien plus court.

Le pinacle de la série arrive selon moi lors de l'épisode 7. C'est très tôt certes, mais c'est surtout le moment où on se rend compte qu'il n'y a plus de retour possible pour Light : qu'il ne tient pas tant que ça à ses idéaux, qu'il tient à lui avant tout, quitte à se révéler effrayant, voir sadique. À partir de là, on retrouve essentiellement une confrontation entre un psychopathe et un sociopathe… confrontation qui fonctionne, notamment parce que les deux personnages sont bien plus similaires qu'il n'y parait, mais qui tire un peu trop sur la longueur. Le dernier épisode a tout de même le mérite de ridiculiser son personnage principal, d'éviter toute tentative de l'iconiser, de le faire mourir en héros… même si encore une fois, ça n'empêche pas de voir certaines personnes IRL idolâtrer Light sans aucune raison.

Il y a quand même des spécificités que j'apprécie beaucoup comme les nombreux liens évidents avec la religion (L qui lave les pieds de Light, le lien entre Ryûk et les pommes par exemple) et le côté "aucun des deux protagonistes n'est bon" : L n'hésitant pas à séquestrer des suspects, et voyant davantage Light comme un adversaire de jeu que comme l'ennemi n°1, l'homme à arrêter en priorité. Cela dit, une fois qu'on s'est fait cette réflexion, il apparaît évident que Light ne peut que gagner. Aussi, la série s'emmerde un peu trop avec ses règles : certaines d'entre elles apparaissent comme par magie, d'autres sont inutiles à la série mais on nous les explique quand même… bref, on nous emmerde avec des trucs dont on aurait très bien pû se passer.

Enfin, on retrouve les affres de l'animation japonaise : les dessins étant inégaux, certains étant même plutôt moches.

Bref, l'animé est très agréable à suivre et, même s'il y a des longueurs, il ne s'éternise pas comme d'autres animés japonais. Après, encore une fois, certaines personnes ont tendance à prêter des intentions aux auteurs alors que ces derniers ne les partagent pas. Death Note c'est une série sympa à suivre, un peu nanardesque et moins intelligente qu'il n'y parait… dans la même veine qu'un Now You See Me en fait !… mais en mieux, quand même, faut pas déconner !