Cha Jeong-Suk, alias Sœur Marie Faustine

Doctor Cha est l'un des plus gros succès de JTBC, et je me l'explique par un public visé bien particulier que j'ai vais vous détailler. Personnellement je reste un peu dubitatif et circonspect à l'issue de ce drama, tellement durant la conclusion j'ai cru assister à un sacerdoce orchestré par notre bonne (sœur) doctoresse Cha. C'était du style :" je vous absous de vos péchés, je vous pardonne, allons en paix, Amen." En fait on va dégager une morale chrétienne déguisée, puisque elle ne sera jamais ouvertement affirmée comme telle(néanmoins la famille est décrite comme catholique pratiquante). Comme je l'ai déjà dis, je respecte tout le monde que vous soyez croyant ou pas, tel n'est pas le sujet, je vous dis juste comment j'ai perçu l'histoire. Le plus important pour moi quand je visionne un drama, c'est la façon dont on va me le vendre, avec un scénario et des acteurs à la hauteur, et ici mon avis est mitigé malgré un postulat de départ intéressant.

Cha Jeong-Suk(Uhm Jung-Hwa) est mariée à Seo In-Ho(Kim Byung-Chul), chirurgien en chef dans un hôpital universitaire. C'est une femme au foyer à plein temps depuis plus 20 ans, ayant élevé deux enfants, et supporté à domicile une belle mère qui s'avère être une mégère radine comme son fils. Après avoir abandonné sa carrière de médecin pendant son internat suite à sa grossesse, elle décide de changer radicalement de vie à presque 50 ans: en effet, après un contrôle médical, il s'avère qu'elle a contracté une hépatite B, un cancer du foie mettant en péril sa vie. Elle va alors reprendre ses études, au grand étonnement de toute sa famille. C'est aussi à partir de ce moment, qu'elle va découvrir aussi toute une partie de sa vie que son mari lui avait occulté. L'action va donc se dérouler au sein d'un hôpital, mais ce n'est pas très important, cela aurait pu se passer dans une entreprise. C'est juste pour accentuer le pathos en l''espèce et délivrer un message biblique.

Ne cherchez pas une histoire extraordinaire, une romance, un antagoniste vil et des rebondissements à tomber le cul par terre, il n'y a rien de tout cela dans Doctor Cha, une série pensée d'abord pour un public âgé de 40 à 60 ans et à la recherche du temps perdu, et en quête d'absolution. Car c'est le thème principal du drama : le pardon, la rédemption et la miséricorde, des thèmes chers à la religion. Oui il ne faut pas oublier que la Corée est pour moitié de culture chrétienne. C'est pour cela qu'il n'y a pas de bons ou de méchants protagonistes. Ce n'est pas non plus un affrontement entre vieux et jeunes médecins. Ici tous les personnages principaux ont quelque chose à se faire pardonner, car ils ont tous quelque chose sur la conscience à divers degrés. Tous sauf deux, à savoir le bon docteur Roy Kim(Min Woo-Hyuk), véritable apôtre du bien et la mère de Jeong-Suk, l'excellente Kim Mi-Kyung dans le rôle de Oh Deok-Rye. Doctor Cha doit être perçu comme un gigantesque vaudeville, avec une galerie de portraits qui va tourner autour de la famille de Jeong-Suk et de son entourage.

Il y aura donc le mari infidèle est un pleutre doublé d'un imbécile, totalement soumis à sa mère, une vieille peau tellement liftée qu'elle ferait peur aux chiens. Il y a aussi le fils, interne en médecine dans le même hôpital, un vrai canard soumis à sa copine interne aussi, une dominatrice qui a plus l'allure d'une lycéenne dévergondée. Sa fille est une gâtée pourrie qui croit que tout lui dû. Il y a aussi le beau gosse, le docteur Roy Kim, l'électron libre qui va avoir un crush pour cette femme beaucoup plus âgée. Et enfin j'ai gardé le meilleur pour la fin, la professeur Choi Seung-Hi(Myung Se-Bin) qui a un passé commun avec In-Ho. Voilà je vous fais pas un dessin, notre brave Jeong-Suk est la cocue de service. Au début on croit avoir à faire à une comédie légère et burlesque, avec comme prétexte le développement professionnel de Jeong-Suk, mais dès le 8e épisode, il va y avoir un peu plus de consistance et de profondeur. Le problème c'est que le drama va vite s'enliser et n'aura plus rien à raconter dès le 10e épisode, on va tourner en rond. Honnêtement, vous pouvez passer directement à l'épisode 15 sans aucun problème.

L'histoire dont on pouvait espérer plus de consistance, autour d'une working girl quinquagénaire qui reprend du poil de la bête va se perdre dans un récit sirupeux et faussement moralisateur. A en devenir chiant. Et plusieurs fois les personnages n'ont pas des comportements normaux dans l'adversité. Ainsi, que feriez vous si vous appreniez tout de go que vous êtes cocu(e) et même plus? Que votre famille sait que vous êtes cocu(e) et ne vous dit rien? La logique serait de s'énerver en insultant tous les responsables, en distribuant des gifles au passage, réaction humaine non? Pas ici en tout cas. Une altruiste, une sainte cette Cha Jeong-Suk...Mais en fait non, elle aussi devra se repentir de ses actes passés. Sur le fond les acteurs/actrices font le job, même si c'est risible de voir que souvent leur âge ne collent pas avec leur personnage. Uhm Jung-Hwa est tellement refaite et maquillée que j'ai eu du mal avec elle. Les personnages sont stéréotypés, c'est bourré de clichés, et àla fin, ils sont comme tous touchés par la grâce, une illumination divine va les transformer en belles âmes. Tout cela en devient pathétique et grotesque car cousu de fil blanc; j'ai cru que ça allait finir en banquet et que tout le monde allait s'embrasser.

Au global est ce divertissent? Oui et non, on va rire par moment, mais c'est surtout trop long pour ce que ça raconte, et la dose de "moraline" en devient insupportable car non crédible. Mais le pire, c'est qu'il y a une erreur de casting concernant le rôle de Cha. J'ai largement préféré Seung-Hi(et surtout l'actrice) qui finalement s'avère être la vraie héroïne du drama, avec ses bons et mauvais cotés: une femme célibataire, élevant seule sa fille, une femme active et fidèle à son amour de toujours. C'est la seule pour qui j'ai ressenti de l'empathie. Vers la fin on est trop dans le pathos, on est dans la surabondance de bons sentiments, avec des gens qui se (re)découvrent une conscience et un sens moral à toute épreuve. On navigue entre malaise et pitié. Les deux derniers épisodes en mode bisounours sont éculés car c'est du vu et archi revu: ça ne fait que chialer, s'apitoyer, c'est infernal toute cette repentance de dernière minute et qui sort de nulle part en plus. De la miséricorde très mal amenée et surtout mal placée. On a sauvé la bande musicale c'est déjà ça.

Main Theme: Jung Seung Hwan - Breath

Additionnel OST: PARK MIN HYE - After this night