Basé sur le comic du même nom, ce drama produit par Apple TV+ qui s'aventure très rarement dans les séries coréennes, (hormis Pachinko je ne vois rien d'autres) n'atteint malheureusement pas la hauteur de ses ambitions; la faute à un format beaucoup trop court qui ne peut exploiter toutes les pistes, mais aussi à cause de choix discutables du réalisateur qui se perd dans des délires scénaristiques et scéniques sujets à controverse. D'ailleurs ce fut un one shoot dans ce domaine pour lui. Pourtant l'idée de départ est très bonne et a déjà été exploité dans certains films de science fiction avec plus ou moins de réussite. C'est avant tout le plaisir de voir évoluer dans un de ses derniers rôles l'excellent Lee Sun-Kyun au coté de Park Hee-Soon. Dr Brain est un thriller d’anticipation teinté de fantastique qui n'est pas dénué pourtant d'intérêt.
Enfant, Koh Se-Won(Lee Sun-Kyun) perd sa mère dans un accident de voiture (j'en peux plus de ces accidents bidons made in Korea). C'est un enfant spécial qui possède une intelligence et une mémoire hors du commun, à cause d’une anomalie cérébrale, mais en contrepartie il est dépourvu d'empathie. Adulte, il est devenu un neuroscientifique réputé et respecté. Mais un double drame le frappe: son jeune fils décède dans un mystérieux incendie, et sa femme qui avait tentée de mettre fin à ses jours sombre dans le coma. Il est persuadé qu'il peut arriver à communiquer avec elle pour savoir ce qu'il s'est réellement passé. En effet ses recherches portent sur le cerveau et l’accès à ses souvenirs, et donc à la conscience d'une personne. Grâce à un appareil de son invention mais encore expérimental, il espère se connecter au cerveau d'un défunt et voir des souvenirs tant que les neurones sont encore actifs. La "synchronisation” consiste ainsi à coupler ses ondes cérébrales avec celles d'un autre cerveau, ce qui n'est pas sans risques. Absorber les souvenirs de quelqu'un d’autre altère la réalité et génère des illusions. Un jour un privé dénommé Lee Kang-Mu(Park Hee-Soon), se présente à lui. Problème, il n'est pas réel.
Tout cela est est le prélude a une enquête que va mener Se-Won pour démeler le vrai du faux, la police lui mettant au départ des bâtons dans les roues. Si au départ on prend son temps pour nous laisser nous imprégner de cette étrange atmosphère pesante et oppressante, teinté de fantastique, la suite va glisser lentement mais surement dans un mix de polar/thriller de science fiction à la sauce conspirationniste. Bref, rien de vraiment original car oui, toute cette affaire est lié au passé de Se-Won comme on pouvait s'en douter. Se-Won va utiliser plusieurs fois sa machine pour progresser dans sa quête de vérité. Mais La "synchronisation” provoque des effets étranges sur notre héros plus ou moins acceptables ou risibles:
En ayant "phasé" avec le cerveau d'un chat mort (oui on s'assoit sur le fait que les ondes cérébrales d'un humain et d'un animal sont différents), il acquiert ses habilités physiologiques comme le fait d'être nyctalope et les habilités physiques du félin (rapidité, super saut, réception)
Le problème c'est que passé la moitié du drama, on est obligé d'accélérer la narration et tout va s'emboiter un peu trop facilement et rapidement, même si on arrive à caler un ou deux rebondissements bien placés. Oui car, tout n'est pas à jeter heureusement, le réalisateur connait son métier, c'est bien filmé et niveau mise en scène, on est plus proche d'un film d'action qu'un film sur la pêche au thon en Atlantique nord. La photographie est aussi très belle, les nuances de couleur pour évoquer le passé sont judicieusement intégrées. Mais d'un autre coté, certaines scènes tombent dans le ridicule lorsque un ennemi va tirer plus de 24 balles(si si j'ai compté) avec son pistolet 9mm sans recharger, ou bien quand on voit la machine de "synchronisation" qui fait vraiment cheap. Je ne vous parle même pas des décors en fond verts, peu nombreux, mais qui font tâches. Le propos a aussi tendance à se perde au plus on se rapproche de la fin. La conclusion se perd dans un délire métaphysique couplé à un affrontement ridicule où j'ai cru revoir la scène de Palpatine affrontant un Maitre Jedî. La trame suit un schéma classique et la fin n'aura finalement rien d'extraordinaire. On tombe aussi droit dans le piège du pathos, et vu que c'est tellement téléphoné, le dernier twist final tombe à l'eau.
Vu comme çà, Dr Brain donne une impression de gros gâchis, alors qu'il y avait de quoi faire quelque chose de bien, le Comic laissant libre court à une adaptation de qualité. Mais Est-ce la volonté délibéré de Apple de ne laisser que 6 malheureux épisodes pour développer une intrigue qui en aura mérité le double? Ici pas le temps d'étoffer le background des personnages, ni l'histoire. Le réalisateur fait des choix hasardeux et à tendance à s'éparpiller surtout vers la fin. La transcendance et donc l'immortalité qui en découle est évoquée succinctement, mais un thème fascinant comme celui ci, et déjà évoqué dans le film du même nom de Wally Pfister en 2014 avec Johnny Depp aurait mérité plus de sérieux. A voir juste pour Lee Sun-Kyun, toujours impeccable et sincère, et parce que c'est court.
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