Empathie n’est pas une série qu’on regarde distraitement. C’est une immersion dans les zones sombres de la psyché, là où les blessures fondatrices ne s’effacent jamais. Les patients qu’on y croise incarnent chacun une face de la folie : Monsieur Koskov enfermé dans ses spirales paranoïaques, Monsieur Dallaire consumé par ses visions hallucinées, Madame Moisan dont l’agitation nerveuse glace autant qu’elle émeut. Filmés avec justesse, ils ne sont jamais réduits à leurs troubles, mais montrés dans leur humanité la plus fragile.
Au centre, Florence LoMpré irradie. Son personnage est hanté par un passé écrasant : . Elle incarne la faille et la survie, avançant comme une patiente en quête de sens et une analyste malgré elle. À ses côtés, Thomas Ngijol surprend par une retenue qui lui confère une profondeur psychologique inattendue.
La réalisation agit comme un scanner : gros plans qui sondent, silences comme diagnostics suspendus, éclats qui explosent comme des crises. Mais c’est dans les détails que la série frappe le plus fort : un dîner banal, une phrase lâchée comme une évidence — « tu serais étonné de ce que l’on trouve dans une poubelle ». Une réplique qui condense à elle seule le vertige de la série : la folie, la mémoire et la douleur de ce qui ne devait pas survivre, mais qui persiste.
Empathie n’est pas qu’une œuvre sur la folie : c’est une série sur la mémoire des blessures, sur ce qu’on garde et sur ce qu’on jette, sur nos propres poubelles intérieures. On en ressort comme après une thérapie brutale : vidé, secoué, mais étrangement soulagé.