A corps perdu
Je ne peux pas croire que j'ai finalement vue cette série en trois jours, avec 6 episodes le 3e jour. Je n'aime généralement pas binge watcher les séries, car ça ne permet pas de digérer l'épisode...
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le 11 nov. 2015
7 j'aime
Sur les écrans, le monde de la danse n’a été que peu ou mal représenté. La sortie du film Black Swan en 2011 a su remonter la barre avec un contenu riche tant sur le plan scénaristique que dans la représentation de cet art. La mini-série Flesh and Bone (2015) s’inscrit dans la même lignée. Son univers sombre, sa représentation envoutante de la danse, la profondeur de ses personnages ou encore le talent de son actrice principale sont autant de raisons d’apprécier ce chef d’oeuvre qui fait honneur au monde de la danse classique.
Souffrance, sacrifices et noirceur viennent se mêler à la beauté parfois impitoyable de la danse dans cette mini-série. Sa créatrice, Moira Walley-Beckett (productrice et scénariste sur Breaking Bad), y raconte le combat de Claire. Danseuse émérite, elle est confrontée à la dure réalité de son métier et aux démons de son passé. Combat explicité par les titres des épisodes se référant chacun à des tactiques militaires.
Plus que cela, la mini-série dépeint la brutalité d’un monde aux entrainements éprouvants tant pour les corps que pour les esprits. Elle tomberait presque dans le cliché. Anorexie, déclin de la danseuse Étoile issue des pays de l’Est, chorégraphe sadique… Chaque personnage se voit revêtir un des stéréotypes qui collent à la danse classique. Mais plutôt que d’alourdir le scénario, cela ne le rend que plus viscéral.
On notera également l’intelligence avec laquelle Moira Walley-Beckett a conçu ce scénario. Les amateurs de danse sont en effet naturellement plus enclins à s’intéresser à cette série. Néanmoins, son penchant pour le thriller et la psychologie ne manque pas d’attirer l’attention des non initiés et surtout, de la conserver. Car cette mini-série de 8 épisodes ne laissent pas le temps de respirer. Tout commence à l’épisode 1 et tout se termine au huitième et ce, sans ménager le spectateur qui ressort chamboulé de ces 8 heures de visionnage.
Claire est sans contexte le point central de ce scénario riche en émotions. Toutefois, la série ne s’en contente pas et exploite au contraire les histoires parfois très dures des autres danseurs. En se livrant ainsi à la caméra, ils crédibilisent la représentation du monde du ballet. Ils créent également une distance avec le personnage de Claire et son image de jeune fille frigide.
À noter les performances des acteurs jouant Roméo, SDF vivant dans l’immeuble de Claire, ainsi que Paul Grayson, directeur de l’American Ballet Company. Si leurs histoires ne sont pas mises en avant de la même manière que celle des danseurs, elles semblent tout de même nécessaires au bon déroulement de la série.
On a parfois l’impression de se perdre au milieu de tous ces choix scénaristiques. Mais c’est également grâce à cette diversité que peu évoluer le personnage de Claire. En tentant parfois d’imiter ses collègues, à l’instar de Daphné dans le club de strip-tease, ou en questionnant d’autres fois des choix, Claire tente constamment de se libérer.
Il ne suffit pas de maitriser quelques pirouettes et entrechats pour prétendre pouvoir jouer le rôle d’un danseur étoile. Et cela, Moira Walley-Beckett l’a bien compris. C’est pourquoi l’intégralité des acteurs jouant des danseurs sont de réels professionnels de la danse. Par des corps entrainés et une technique irréprochable, la manière dont ils évoluent sur le parquet est criante de vérité. Et on retrouve cette aisance lors des scènes extérieures. Il devient évident que les situations fictives qu’ils sont amenés à jouer ne sont que le reflet de situations vécues quotidiennement. Les entrainements et les chorégraphies n’en sont alors que plus exquis visuellement et la sincérité de l’histoire n’en est que plus forte.
De même, l’American Ballet Company dépeint de manière très juste les situations auxquelles doit faire face toute compagnie de danse. Problèmes financiers, naissance d’une nouvelle Étoile, concurrence, pression… Tout y est.
L’intégralité des acteurs nous offre une prestation de qualité. Néanmoins, celle de Sarah Hay crève l’écran. Cela passe notamment par une maîtrise hors norme de son art que l’on peut pleinement apprécier tout au long de la série. Mais également par la puissance et la sincérité avec lesquelles elle interprète le rôle de Claire et son évolution. Elle débute en effet par l’image d’une jeune fille fragile et apeurée. Mais au fur et à mesure des épisodes, Claire se voit monter en puissance. Elle s’endurcit, prend confiance en elle et en son talent, commence à tenir tête aux autres…
Sarah Hay interprète cette évolution de manière magistrale. Dans son attitude mais surtout dans son expression. D’un visage lisse et sans émotion autre que la peur, elle semble petit à petit devenir plus vivante. Jusqu’à la scène finale où son regard déterminé nous hypnotise.
Un générique à l’image de la série… Tout simplement sublime !
Fascinante, dérangeante, addictive… Dès les premières minutes, cette mini-série sait capter notre attention pour ne plus la lâcher. Et malgré la violence et la noirceur avec laquelle elle décrit le monde de la danse classique, on ne peut nier la passion et la beauté qui s’en dégage.
Créée
le 27 mars 2017
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