Game of Thrones
8.2
Game of Thrones

Série HBO (2011)

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Guère épais


Lire les livres. Tu déconnes. Une page déjà ça déprime. J'ai jamais eu l'coeur à la Fantasy, j'imagine qu'il manque l'auteur qui saura la révolutionner, y glisser quelque chose. Alors comme tout l'monde, et sans conviction, je regarde la série, j'ai fini la trois il y a peu, et ça me trotte dans la tête. Avec le début de la quatre, c'était le sommet, quelle horrible saison, il ne se passe rien, je me demande c'qu'il y a dans ces milliers de pages, de plus j'entends, que cette grande soupe dans laquelle nage, flotte ou coule nos pauvres héros. Tolstoï - le titre n'est pas juste pour rire - était passionné d'cette idée, la grande soupe de la vie, l'infinitésimal dans la guerre, j'en ai déjà parlé ailleurs et j'imagine qu'il y a une touche de ça dans Game of Thrones. Du coup, on tue les héros régulièrement, et c'est cool, parce que les héros morts sont les plus grands - imagine James Dean faire de la pub pour des assurances auto ou Jimi Hendrix vendant des lunettes de vue - les petits personnages font des petites choses sous notre regard attendri et on aime bien aussi, s'attacher à des nuls, ça nous rappelle que c'est lundi et qu'on rentre du boulot.


Cette critique, je vous l'avoue, en plus d'être possiblement longue, sera passablement vide. D'ailleurs, il n'y a rien de tel, quand on a peu à dire de l'dire avec le sourire, et une imitation si possible, moi j'ai choisi d'faire une critique à la guyness. C'est pas grave, me dites vous, prends ton temps, on a regardé plusieurs jours de discussions sans aucune pertinence, on peut bien perdre encore dix minutes. Et je vous en remercie. Même si on trouve tous ça un peu dommage. Peut-être que ce qu'il manque à Game of Throne, c'est une touche d'intelligence. De la politique, par exemple, ça semblait être le thème, mais ils se sont arrêtés à "les gens vont être contents s'il y a un mariage", ou "les esclaves sont contents d'être libérés, mais c'est un peu l'anarchie maintenant", ou de poésie à la place du cul, mais ça devait pas être dans l'oeuvre originale.


Frime et châtiment


La remarque la plus persistante dans les critiques avec coeurs et note à deux chiffres, c'est le non-manichéisme de la série. "Que c'est cool, y a pas de gentils et pas de méchants." Aïe. En fait, si, il y a peut-être beaucoup à dire, tellement que je ne sais plus par où commencer. Commençons pas le début, il y a des méchants ! Des clairement méchants, un vrai camp du mal, si si si, et il est même séparé du reste du monde par.. des principes ? non, non, un grand mur, un gigantesque mur. Reste le cas des gentils, les gentils sont des salauds, la belle affaire, c'est ça l'originalité ? On dirait. Dans Oz, ils avaient opté pour une vraie neutralité d'alignement, c'était tous des méchants, se battant pour survivre, au point que même les gardiens n'étaient plus les gentils depuis le premier épisode. Ici, on a juste à faire à une brochette de salauds, chacun fait ses petits coups de putes avec sourire ou grimace selon le style, toujours pour le bien, untel de sa famille, un autre pour lui-même, ou pour débarrasser le monde d'un pire salaud, souvent pour un genre de rédemption ; en fait, c'est affreux, on voit le bien et le mal partout. Enfin, ce n'est pas tellement affreux, moi j'aime bien les distinctions.


D'ailleurs, mais c'est là l'coup de bluff de la série, et je m'étonne que ça ait si bien marché, ce n'était pas de mélanger le bien et le mal, mais de faire des gentils avec des têtes de méchant et l'inverse. Regardez l'autre rigolo moustachu, celui qui trahit l'gentil papa au début, il s'était trahi dès le début, ouvertement - c'est le syndrôme Walter-Donovan, je n'assume pas d'être un traitre, "N'ayez confiance en personne, professeur Jones", très très commun - ou le coup du mec qui a une sale gueule mais qui est cool avec la petite fille parce que son frère était méchant avec lui. Ça marche, c'est beau.


L'idiote


Par contre, il y a cette fille, la blonde ; c'était probablement l'erreur affreuse. Oh, je comprends le romancier qui a besoin d'elle pour conclure son histoire mais quand même, était-il besoin d'en faire autant ? Dans un roman un peu plus chic, cette jeune fille aurait été une légende, légère comme un coup de vent, insidieuse comme une rumeur ; comme si la capitale ne regorgeait pas assez d'espion, ce pauvre homme s'est dit, tiens, on va suivre la fille DU DÉBUT A LA FIN - guyness aussi il met des majuscules des fois, j'garde le rythme - et alors, j'peux te dire, c'est pas la grosse rigolade. La pauvre actrice qui a mis les pieds là-dedans. La moitié du temps dans le désert, et l'autre sur fond vert ; elle parle les trois quarts du temps en des langues absolument absurdes, elles ne traînent qu'avec des sixièmes couteaux et des personnages dont la durée de vie ne dépasse que rarement les deux chapitres. Le peu de temps libre qu'ils lui ont laissé elle regarde des gros bonhommes aux physiques particulièrement dégueulasses, mais là, début de la saison quatre, ils ont remplacés le nouveau mec à la tête horrible par un type un tout petit peu moins pire, sale histoire. Vraiment, pauvre petite blonde. Je me demande si quelqu'un t'aime ; moi, elle m'ennuie.


Vie et dessein


Mais pourquoi tu regardes alors, se demande le mec qui a lu jusque là - et qui peut-être, en plus, aime bien la petite blonde - et il a raison de poser la question. Surtout que j'ai repris après avoir arrêté lâchement vers la fin de la deuxième quand c'est sorti. Parce qu'il reste quand même une poignée de personnage cool, et une trame qui avait mine de rien du potentiel, ce mur, ces zombies, c'est dommage d'avoir laissé tomber tout ça, et puis, je dois avouer que j'ai attrapé une certaine tendresse pour certains personnages. J'ai hâte de voir le papy lion mourir, mon personnage préféré aura j'espère une fin cool, j'aime bien la petite fille qui veut tuer des gens, j'aime bien ce pauvre manchot à la recherche de son honneur, j'aime bien ce nain qui prend trop cher pour lui, et j'aime bien ce pirate qu'ils ont, ces bâtards, abandonné aux mains de la gamine défigurée et première de la classe.


Oui, parce que cette saison 4 s'annonce très mal, je m'y ennuie à mourir. Mes chers personnages se laissent tranquillement étouffés par une intrigue magico-chamanique sans but, des destins amoureux ennuyeux, de la maltraitance jusqu'à l’écœurement - vous y croyez une seule seconde au débile (bon on avait compris depuis le début qu'il était particulièrement simplet) qui ne se rappelle même pas qu'il est lui ? (pauvre acteur lui aussi, un rôle pareil ça doit faire mal à la postérité...) - des bagarres d'une nullité effroyable - rappelez-vous la fin de la saison 2, combien de vains coups d'épées pour un grand incendie qui tenait en trente secondes, ça s'annonce pareil là avec les méchants du nord, non ? - et j'espère tenir jusqu'au bout.


Si seulement l'hiver pouvait se presser.

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le 16 juin 2014

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J. Z. D.

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