Game of Thrones
8.2
Game of Thrones

Série HBO (2011)

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« Three great men : a king, a priest, and a rich man. »

Une petite intro ne fait pas de mal... Cette critique est en faites le mix de trois critiques, chacune écrite pour chacune des trois saisons actuellement produites de Game of Thrones (et probablement une de plus dans pas longtemps, je mettrais à jour), publiées sur mon blog (qui devrait se situer en annexe de cette critique et que je vous invite à visiter !). Quoi qu'il en soit, c'est très long. Difficile de donner un avis général sur une série en cours de production sachant que la saison suivante pourrait faire mentir tout ce blabla. J'ai donc opté pour ce format. Toutes écrites avec parfois un an d'intervalle, il y a donc des répétitions. Notamment dans l'intro de chacune, mais j'assume. Mes excuses. Quoi qu'il en soit, merci à vous si vous avez le courage de tout lire, et désolé si ça parait trop long. Mais bon, résumer trente heures (actuellement) de show, c'est pas forcément très simple. Surtout quand on a lut les livres. Ah oui, aussi...
SPOILERS !!



Saison 1



Game of Thrones – adapté de la saga A Song of Ice and Fire, sobrement traduit en français par Le Trône de Fer, écrit par George R.R. Martin, ancien scénariste pour le cinéma et la télévision dont on retrouve des ingrédients dans son style d’écriture et le découpage de ses bouquins. Autant dire que si Le Trône de Fer n’avait toujours pas été adapté, il fallait évidemment que ça se retrouve en série, au vu de la complexité et de la densité de l’œuvre originale. Le premier bouquin de quelques 700 pages est ainsi adapté sur dix épisodes pour une durée d’environ neuf heures. Ce qui frappe tout de suite si l’on a lut les livres, c’est la fidélité avec laquelle la série retranscrit l’œuvre de Martin – certains passages sont repris mots pour mots, phrases pour phrases, comme si le livre était le scénario finalement – ceci étant moins vrai pour la saison deux, adapté du deuxième livre A Clash of Kings qui s’éloigne en de nombreux points qui à modifier totalement certains passages.


C’est aussi dans leur objectif de réunir un casting so british que les deux créateurs de la série – David Benioff et D.B. Weiss – ont frappé un grand coup. A de rares exceptions près d’acteurs non-anglais (mais excusables car ils sont très bons : Peter Dinklage est américain, Jason Momoa est hawaïen, Nikolaj Coster-Waldau est Danois pour les plus importants – les trois étant très bons), il faut dire que le casting est incroyable dans ses airs d’outre-manche : Sean Bean, Charles Dance, Lena Headey, Alfie Allen, Maisie Williams, Sophie Turner, Michelle Fairley, Iain Glen, Richard Madden, Emilia Clarke, Harry Lloyd, Mark Addy ou encore Jack Gleeson – j’en oublie. Longue liste de noms mais acteurs tous exceptionnels. Pas de Kit Harington (Jon Snow) dans la liste – acteur le moins convaincant pour le coup même si il a de la gueule.
Le budget permettant un niveau technique assez élevé, on se rend rapidement compte que de ce côté-là les producteurs et réalisateurs n’ont pas fait les fines bouches – les décors sont somptueux, les CGI sont d’excellente qualité pour une série, sans parler de la photographie juste monstrueuse. Ne nous étalons pas trop sur l’aspect addictif de la série – elle l’est, et pas qu’un peu : difficile de décrocher une fois la série commencée, tant les cliffhangers absolument déments (qui se succèdent à chaque fin d’épisodes au vu des multiples intrigues présentes) et le scénario qui, même si on a lut le livre, captive tant qu’on aurait envie de se faire Saison 1 & 2 dans la même journée – l’ending de la saison 1 étant grandiose.


Quoi qu’il en soit, et quelques puissent être les minces défauts de la série (on va être tatillon : Kit Harington n’est pas un très bon acteur, l’abondance de sexe un peu trop souvent et pas tout le temps utile, le fait que la série sois trop courte – oui bon ça c’est une revendication de fanboy désolé), on est devant rien de moins que sans doute la meilleure série jamais créée – tant à travers un scénario en béton armé, des acteurs parfaits, une mise en scène exceptionnelle, un thème principal (ainsi que les secondaires – The Rains of Castamere dans la saison 2, mais aussi le thème de Robert ou celui de Stannis) de Ramin Djawadi excellent aussi.


Une telle perfection n’appelle qu’au respect – HBO est décidemment le maître du genre, entre Game of Thrones, The Wire et Les Sopranos, on ne sait même pas ce que pense certains lorsqu’ils disent qu’AMC est son digne successeur. Petit message à ceux qui n’auraient pas lut les bouquins – nul doute que c’est une erreur et que vous allez courir en librairie acheter les magnifiques livres, car si les deux premiers tomes sont excellents, le troisième est encore au-dessus. Ce qui laisse présager une saison 3 et 4 (adaptées d’A Storm of Sword, le troisième livre) tout juste épiques.
★★★★★★★★★★



Saison 2



La première saison de Game Of Thrones avait été un choc télévisuel comme on en voit rarement, se classant parmi les meilleurs séries jamais réalisées. Adaptées d'une série de bouquins encore plus fabuleux de George R.R. Martin, il est clair que les dix mois qui ont séparé les saison une et deux ont été très longs, et d'autant plus que des plus grandes espérances naissent les plus grosses déceptions, on pouvait être inquiet de ne pas retrouver la qualité de la saison un. Notons que cette critique sera avec spoilers à mort, et ce n'est pas rien quand on sait le suspense qui régit Game Of Thrones : si vous n'avez pas vu la saison 2 et encore moins si vous attendez que cette critique vous convaincs de regarder la série, surtout ne lisez pas ce qui va suivre.


On retrouve le même casting (Sean Bean en moins), avec toujours un Peter Dinklage étincelant qui brille autant voir plus que dans la saison un. Mais force est de constater que si on avait pas vraiment remarquer certains acteurs il y a un an, la plupart explosent complètement ici : on pense à Alfie Allen, un peu discret avant, qui, du fait de la prise d'importance de son personnage dans A Clash of Kings (livre deux de la saga A song of ice and fire de George R.R. Martin dont la série est adaptée), vient ici se mettre sur le devant de la scène, et avec brio puisqu'il est pour moi l'un des trois meilleurs acteurs de la série, avec Peter Dinklage cité plus haut, et l'incroyable Charles Dance, interprète de Tywin Lannister : là, une trouvaille scénaristique (ces changements par rapport au livre, on en reparlera plus tard), puisqu'une relation avec Arya Stark (Maisie Williams excellente) est développé. Alors, les mauvaises langues diront qu'ils ont réussi à humaniser Tywin, moi je dirais juste qu'ils ont réussi à lui donner une certaine personnalité et une profondeur que George R.R. Martin, faute à son cercle de narrateurs réduits, n'avait put réaliser.
Après on a bien Emilia Clarke, que j'ai trouvé moins bonne que lors de ses aventures en compagnie de Viserys et Khal Drogo, ici quelque peu effacée (il faut dire qu'elle est un peu mise en arrière dans le livre, malgré que les évènements de Qarth soit décisifs, ils sont rares et peu intéressants : les scénaristes se sont d'ailleurs débourbés pour rendre aux péripéties de Daenerys un peu plus de suspense).


Mais inutile de s'arrêter sur cette semi-contre-performance d'Emilia Clarke pour signifier le niveau des interprètes féminines, puisque Michelle Fairley ou encore Lena Headey sont elles absolument parfaites dans cette saison deux, mention spéciale pour la Reine Lannister qui arrive véritablement à signifier la sympathie ascendante, que le lecteur lui donnait au fil du livre deux, dans la série. Sophie Turner s'en sort très bien elle aussi, comme Maisie Williams ou encore Carice Van Houten - mais inutile de faire le catalogue de tout le casting. Finissons juste sur trois noms que j'aurais aimé citer : Stephen Dillane en Stannis, excellent, Conleth Hill en Varys, et Jack Gleeson en Joffrey. Ou alors on peut dire tout simplement que le casting de Game of Thrones est tout simplement incroyable, à l'exception notable de Harington mais on lui pardonne car son Jon Snow va devenir intéressant par la suite, et de Emilia Clarke.
Même si Game Of Thrones c'est avant tout des personnages, c'est aussi une histoire : et il faut dire que contrairement à la première saison qui adaptait presque mot pour moi le livre, cette saison 2 prend réellement un certain nombre de libertés, plus ou moins déplaisantes. La vrai bonne idée, c'est la relation Arya-Tywin, comme dit plus haut, magnifiée par le duo Dance-Williams qui fonctionne à merveille. Sans crier au génie on peut dire que la finesse d'écriture des multiples scènes décrivant se duo se situant dans le milieu de la saison est vraiment un coup de force. Les modifications faites au nord du mur ou à Winterfell (notamment pour l'ultime et dernier épisode, où la bataille de Winterfell a été bien transformée) peuvent être oubliées, car même si elles ne valent pas les évènements du livre, sont quand même sympathiques et permettent d'être un peu surpris malgré quelques incohérences à prévoir. A Essos, c'était nécessaire d'animer le récit de Daenerys, donc pardonnable.


Mais le truc que je peux pas supporter, c'est la nouvelle amourette de Robb. Bon, OK, le fait que ça soit pas la même donzelle que dans le livre ça peut être oublié mais toutes les scènes ayant pour cadre leur drague mutuelle sont absolument atroces à regarder : niaise, insupportable ça a failli me faire redouter à chaque fois les apparitions du Roi du Nord. Mais passons cet élément qui est surement le seul que j'ai à reprocher réellement à la saison deux. Sinon, tout est aussi incroyable que le casting : la mise en scène magnifie les scènes déjà incroyables du livre (Le fantôme d'Harrenhaal, l'Ombre Maléfique qui tue Renly, la scène final des marcheurs blancs toute droit tirée du livre trois A Storm of Sword, la bataille de la Néra). D'ailleurs en parlant de la Bataille de la Néra qui monopolise l'épisode neuf, elle est incroyable avec comme musique du générique la sublime Les Pluies de Castamere qui résume à quelle point la bande originale de Game Of Thrones est elle aussi d'une grande qualité.
On peut aussi faire l'éloge des décors et des costumes, toujours aussi incroyables de beauté (les décors du Nord du mur, Harrenhaal ou encore les îles de Fer) et qui participent grandement à l'ambiance de la série encore plus ancrée dans cette saison deux que dans la première.


Cette saison deux qui commençait de façon excellente mais pas au niveau de l'extraordinaire saison, avec deux premiers épisodes très bons mais pas incroyables. C'est à partir du troisième qu'on a eut une montée en puissance, jusqu'à l'apogée des deux derniers épisodes, des chefs d'oeuvres à part entière au coût exorbitant mais qui reste mieux réalisés que nombre de films et dans lesquels il se déroule sans doute plus de choses que dans toute la première partie de la saison deux. La bataille de la Néra restera sans doute dans les meilleurs scènes de la série, tant la qualité obtenue par l'écriture du scénario par George R.R. Martin et la réalisation par le talentueux Neil Marshall ont permis à l'épisode de se hisser sans aucun doute possible comme le favori pour l'Emmy Awards du meilleur épisode de série en septembre prochain. Les récompenses qui, on l'espère, pleuvront encore plus que lors de la dernière édition où seulement (c'est déjà bien) Peter Dinklage et la conception du générique d'ouverture qui avaient été récompensés malgré les treize nominations.


La saison deux de Game Of Thrones est au final au moins aussi bonne que la première, et c'est d'autant plus exceptionnel que c'est déjà rare en temps normal et que la saison un avait déjà atteint un tel niveau d'excellence que l'idée d'une saison deux pouvant la supplanter était inimaginable. Incroyable à tout les niveaux, tant sur les performances d'acting, que sur la mise en scène, l'écriture du scénario, les qualités techniques, la profondeur des personnages et la richesse de l'univers qui le doit beaucoup au matériau d'origine, il n'est plus qu'une seule chose qui risque de traverser l'esprit des fans et des futurs fans (ou comment utiliser deux expressions pour dire spectateurs) après le cri glaçant du marcheur blanc : « Encore dix mois à attendre... Bon allez je (re)lis les livres. »
★★★★★★★★★☆



Saison 3



Je vais commencer par répondre à une question que vous pouvez vous poser - Oui, j'ai lut les livres de George R.R. Martin, je suis à jour, j'ai finit le tome 5 A Dance With Dragons en février dernier (avec la sortie du quinzième tome de l'édition française), et Oui, je suis un fan absolu de cette saga même si j'ai vu la saison 1 en ayant lut que les cinquante premières pages du premier tome. Enfin bref, je tiens aussi à préciser que je ne vais pas spoiler la suite des avènements, mais que cet article sera bourré de spoilers sur cette saison 3. Donc si vous n'êtes pas à jour, vous pouvez passer votre chemin et revenir après Mhysa.
Je dois dire que je suis assez étonné en faites. Parce que si la saison 1 avait eut ses détracteurs (peu nombreux), la saison 2 avait finit par en regrouper d'avantage, mais cette saison 3 a déchaîné les foules. Oui, bon, c'est relativement faux, notamment dû au fait que cette partie de la population qui suit Game of Thrones reste restreinte et on ne l'a trouve qu'en se rendant sur des forums spécialisés séries. L'accueil est toujours énorme, hein, mais des voix critiques sur la série de HBO se multiplient, et plus qu'on ne pourrait le penser. Si pour la seconde saison (plus calme, certes), ça pouvait se comprendre, je dois dire que puisqu'il s'agit de la saison , leurs voix me sont impénétrables.


Le bouquin 3 A Storm of Swords est le meilleur de la saga littéraire - cette saison 3 s'intéresse à peu près aux deux tiers de celui-ci (les intrigues de certains personnages s'arrêtent plus vers la moitié, d'autres sont quasiment arrivés à la fin de ce qui était raconté dans le livre), il est donc évident, même si la seconde partie du tome est bien plus épique que la première, qu'on tiendra pour ces saisons 3 et 4 probablement les meilleures de la série. Faut dire qu'il s'en passe des choses - et on peut diviser cette saison en deux parties bien distinctes : la première, globalement la plus difficile adaptable car étant le premier quart du livre (comme souvent dans Le Trône de Fer, il ne se passe quasiment rien) démarre lentement mais les épisodes 3 à 5 sont excellents et sont à classer parmi les meilleurs de la saison. Après, petit coup de mou jusqu'à l'épisode 8 (si l'on excepte The Bear and the Maiden Fair - les puristes comprendront), qui remonte le niveau, avec un épisode 9 monstrueux à classer parmi les meilleurs de la série (faut dire que les Noces Pourpres ça allait forcément donner quelque chose d'énorme) et un épisode final qui arrive à recréer des enjeux de très belle façon alors qu'il ne s'agit que de la moitié du livre.
Et je dois dire que même les détracteurs devraient se montrer admiratifs du travail des D&D pour gérer de si belle façon une bonne dizaine d'arcs narratifs, et quatre fois plus de personnages principaux - Game of Thrones est de loin la série chorale la plus réussie de l'histoire de la télévision, et personne ne pourra le nier. Après, c'est là qu'on remarque, encore plus que dans le livre, la faiblesse de certains de ces arcs : comme dans le livre, la partie où tout réussi à Daenerys est au final un peu casse-burnes quand on l'a met en parallèle de ce qui se passe sur le continent de Westeros, alors que je trouve que l'arc de Bran qui était un supplice dans le bouquin a été ici très bien traité (les acteurs choisis pour les Reed sont géniaux - il faut le dire). Quelques maigres retenues aussi pour ce qui se passe chez Theon - car même si sa scène de l'épisode 10 est géante (cette saucisse - cette façon d'amener l'identité de Ramsay - cette façon d'amener le personnage de Schlingue), d'autres, tirées en longueur et étrangement multipliées, sont un peu gênantes et répétitives, mais c'est secondaire - Iwan Rheon, choisi pour le rôle de Ramsay Bolton, est excellent.


La relation Jaime/Brienne est très bien retranscrite à l'écran - faut dire que dans le livre, elle est juste passionnante et j'ai ressenti devant la scène de l'ours (The Bear and the Maiden Fair !) ce que j'avais ressenti dans le livre : ces moments où Martin fait du romantisme, un peu de beauté sanglante dans son oeuvre gigantesque. La scène des bains de Harrenhal est dans cette même veine, et le monologue de Jaime Lannister durant cette scène est tel qu'il s'agit sans doute de l'une des meilleures scènes toutes saisons confondues. Du côté de Arya / La Fraternité Sans Bannières / Sandor Clegane / Gendry c'est aussi une plutôt bonne surprise - le duel à l'épée de feu est très bon, Clegane est encore plus fascinant que dans le livre, Maisie Williams est depuis longtemps l'une des meilleures actrices de la série, et si ils ont fait de gros changements sur Gendry afin de limiter le nombres de personnages (pas besoin d'introduire un Edric Storm), tout retombe sur ses pattes grâce à la fin de la saison, et on se dit que c'était bien pensé.
Chez Jon Snow c'est relativement fidèle - ou du moins quand ça ne l'est pas, c'est bien arrangé. Ciarin Hinds, le Mance Rayder télévisé, est d'ors et déjà très bon, et si leur Tormund m'avait un peu déstabilisé au premier abord, je dois dire que j'étai été bien plus convaincu au fil des épisodes même si je peine à le voir dans les événements de A Dance With Dragons. La scène de l'épisode 9 (et sa "mythique" - dans les livres - presque rencontre avec Bran et Jon Snow) est bien la meilleure de toutes, avec un sublime combat.
On passera outre les intrigues à Port-Réal - elles sont moins importantes dans la première partie de A Storm of Swords et ça se ressent, même si certaines sont géniales (les scènes du Conseil Restreint, très très réussies, ou encore le mariage de Tyrion et Sansa, qui m'a bien plus retourné que dans le bouquin), mais on ne peut oublier l'arc Robb / Catelyn, à l'origine de la meilleure scène de l'histoire de la série - et des livres au passage, ou alors pas loin.


Les Noces Pourpres. The Red Wedding. Ces quelques mots qui effraient depuis longtemps les lecteurs des bouquins de Martin - de notoriété public la scène la plus marquante et la plus choquante des livres, ramenant des souvenirs presque estompés de la mort de Ned Stark dans le premier livre. En faites, c'est surtout qu'en deux livres, il n'y avait pas eut de réels événements aussi choquants - c'est comme si Martin nous disait « Hé, les mecs, vous vous rappelez quand j'ai décapité le papa Stark ? Bah c'était pour vous donner un message - You Win Or You Die - Remember ? » Outre l'intelligence folle de l'écriture de la scène et son inscription dans une continuité narrative qui la définit presque comme une évidence (qui a dit Shakespeare ?), c'est surtout la furie qu'elle a déchaîné qui a été plaisante à voir. Tous les lecteurs y sont passés. Y compris moi. Et le fait de savoir dès l'annonce des titres des épisodes (The Rains of Castamere - c'est cramé que c'est l'épisode neuf si on a lut les livres) lequel d'entre eux retracerait ces fameux événements avait un aspect presque divin : et il faut dire que même si l'épisode 9 m'a retourné autant que dans le livre, le plus amusant était de voir les non-lecteurs y réagir (700 000 publications sur Twitter et Facebook dans les un jour après l'épisode à propos de celui-ci - c'est presque du jamais vu).
Du jour au lendemain, les Noces Pourpres sont devenues l'une des scènes les plus choquantes, terrifiantes et surprenantes de l'histoire de la télévision. Cette saison 3 a battu des records - Game of Thrones n'est plus un simple show, c'est un véritable phénomène, la série la plus téléchargée de l'histoire, et les épisodes ne font pas les meilleurs scores du monde c'est parce qu'HBO est payante. Mais il est évident que Game of Thrones n'est pas loin d'être la série la plus suivie de l'histoire de la télévision, et c'est à mettre en parallèle avec ses réussites artistiques. On notera aussi la grande qualité de la bande originale de Ramin Djawadi, son meilleur travail toutes saisons confondues (Mhysa, ou encore les variations orchestrales sur The Rains of Castamere), et aussi les progrès évidents sur la mise en scène (celle des deux derniers épisodes, réalisés par David Nutter, est excellente - de magnifiques plans, dont le plan final de l'épisode 10, ou encore les dernières scènes de Peyredragon et de Bran) alors qu'il s'agissait jusque alors de l'un des principaux "défaut" de Game of Thrones. De même que la performance de nombreux acteurs : si on crachait sur Emilia Clarke et Kit Harrington pour les précédentes saisons, il faut dire que le second s'est sensiblement amélioré jusqu'à devenir l'un des acteurs les plus en vue de la saison - il en est pareil pour Michelle Fairley, avec sa performance étonnante dans l'épisode 9. On est toujours ébahi devant un Peter Dinklage ou un Charles Dance, une Lena Headey ou un Alfie Allen, mais les performances du casting intégral sont encore plus impressionnantes, et on a ici le meilleure casting pour une série depuis The Wire. Les moyens ont grossi aussi, et si certains critiquaient les effets spéciaux des saisons précédentes, ici on est ébahi devant la qualité numérique de certains passages, qui rivalisent sans problème avec des films à gros budget.


Game of Thrones - Saison 3 a fait un pas. Un pas qu'il fallait faire dans la série et dans le monde de la télévision. Aucune série n'est aussi épique, aussi passionnante. Certains voient certains longueurs, moi je voit le déploiement sans limites de dizaines d'intrigues qui vont toutes converger vers les événements futurs : des événements encore plus sanglants, encore plus sauvages, encore plus terribles, encore plus choquants. Game of Thrones n'est pas seulement la meilleure série actuellement divisée, c'est devenu en trois saisons la plus grande oeuvre audiovisuelle de fantasy jamais créée - devant Jackson, devant tant d'autres. D'une qualité scénaristique qui n'est plus à démontrer, toujours plus terrible et choquante, comme si on avait cru avoir oublié Baelor, d'une qualité visuelle encore plus magnifique, avec des plans de plus en plus ambitieux, des moyens de plus en plus grands (j'ose à peine imaginer le budget), des acteurs se surpassant sans cesse, mais aussi une bonne d'ose de frissons, de sentiments chamboulés. A l'image du monologue (original car n'apparaissant pas dans le livre) de Littlefinger : « Chaos is a Ladder. » Ce chaos c'est Game of Thrones. Une montée en puissance qui n'a pas finit de nous surprendre et de gravir un échelon de plus. La meilleure série en production de la télévision contemporaine. Point.
★★★★★★★★★☆



Saison 4



C'est dimanche que s'achevait sur HBO la saison 4 de Game of Thrones, adaptant - s'inspirant ? - de la deuxième partie du troisième tome, A Storm of Swords, de la saga A Song of Ice and Fire de George R.R. Martin. En quatre saisons, la série événement de David Benioff et D.B. Weiss est devenu un véritable phénomène social, culturel et médiatique dont la simple étude ou analyse pourrait facilement remplir une thèse. C'est bien simple : depuis la fin de Lost, on avait jamais vu ça. La saison 1 était une claque, la deuxième un peu en deçà mais toujours aussi enthousiasmante, tandis que la troisième vague d'épisode s'est classée parmi les plus beaux moments de la télévision américaine de ces dernières années.


Cette quatrième saison fut donc celles des morts - chaque année il y en a, hein - mais en adaptant les chapitres les plus assassins de la saga, ces dix épisodes furent plutôt fournis en la matière. Le défi scénaristique allait être de tenir les dix épisodes sans trop tourner en rond, ce que beaucoup critiquent déjà à la série - avec l'avantage évident d'avoir des événements / rebondissements mieux répartis que d'habitude, autant en début qu'en fin de saison. C'est peut-être ce qui fait la force de cette saison : son rythme. Il se passe quelque chose d'important à chaque épisode, autant pour le long terme (comme ça a toujours été le cas), mais beaucoup plus à court terme, ce qui permet de tenir le spectateur lambda en haleine.
Une écriture qui trouve cependant ses limites : en étirant cette saison, la série connaît quelques passages à vide regrettables, proposant des scènes dont on se serait passé (notamment chez Daenerys), alors que certains passages auraient mérité un traitement plus en profondeur (Oberyn Martell est sous-exploité). Là où on sent aussi un réel avancement du show, c'est dans sa mise en scène - tant sur le plan technique qu'artistique. Avec des épisodes comme les deux derniers, on prend pleinement conscience du budget de la série - c'est violent et épique, grandiose et impressionnant. Game of Thrones a mis le paquet, et on a rarement (si ce n'est jamais) vu des effets spéciaux aussi nombreux, ambitieux et réussis à la télévision. Assumant pleinement sa fonction de blockbuster télévisuel, la série atteint son apogée tant narrativement que visuellement. Le spectaculaire s'article à merveille avec l'intelligence d'écriture.


Malgré cela, cette saison 4 se place un rang en-dessous de sa prédécesseur. Puissante mais moins marquante, sans doute parce qu'elle est un peu plus confuse et ne contient que trop peu d'arcs narratifs marquants (là où la saison 3 proposait des scènes inoubliables chaque semaine). Les acteurs - à quelques exceptions près qu'il n'est pas nécessaire de rappeler - sont tous très bons, les partis-pris et les distances prises au livres parfois critiquables mais toujours cohérentes, et même parfois très réussies. Une saison qui divise beaucoup dans tous les cas, mais on commence à avoir l'habitude - en attendant de pied ferme le cinquième acte prévu pour l'an prochain qui va avoir la lourde tâche d'adapter l'un des plus gros bordel littéraires de la décennie passée. Bonne chance.
★★★★★★★★☆☆



Saison 5



Cette année, Game of Thrones s’est vu affronter de nombreux obstacles : les fuites à répétition des épisodes ou des événements marquants du prochain épisode, sa popularité toujours plus grandissante qui a vu, fatalement, l’émergence d’un bashing gratuit et souvent injustifié, mais aussi le rattrapage inévitable des livres de George R.R. Martin, que les scénaristes ont tenté de contrer en poursuivant un virage opéré depuis désormais plusieurs années : celui de s’éloigner graduellement des livres. Et autant le dire tout de suite : à part deux ou trois arcs scénaristiques, cette année, Game of Thrones et A Song of Ice and Fire ont définitivement pris des chemins différents.


En se détachant des livres, les scénaristes de Game of Thrones ont dû improviser. Plus de Papa Martin pour superviser David Benioff et D.B. Weiss dans l’écriture des épisodes, il sera désormais nécessaire d’écrire des histoires crédibles en conservant la profondeur et la logique des dialogues et des personnages présents dans le livre. Chose moyennement acquise au terme de cette cinquième saison, il faut l’avouer. Game of Thrones est moins bavarde, et c’est dommage, car à vouloir contenter la masse populaire en leur proposant des scènes d’action et des intrigues évoluant rapidement, c’est la subtilité de la série qui s’est légèrement estompée. Oui, contrairement à ce qu’en disent beaucoup, Game of Thrones va très vite en 2015, il se passe beaucoup de choses. Beaucoup trop, et sans prendre le temps de les amener correctement, diminuant l’impression d’importance des retournements et des choix des protagonistes. Cela a abouti à des décisions scénaristiques, non présentes dans les livres, plutôt improbables. Des rencontres, notamment, maladroites tentatives de fanservice.
La qualité d’écriture a commencé à s’évaporer, c’est une évidence. Quelques épisodes (le cinquième et le dernier) démontrent que l’ombre de Martin plane encore sur le show, mais impossible d’oublier ces grossières erreurs parsemées ici et là. Dit comme ça, on pourrait penser que Game of Thrones saison 5 est un raté : c’est en réalité simplement le coup de mou (sublimé par quelques scènes incroyables) d’une grande série. La qualité presque irréprochable du casting – si l’on oublie un instant Emilia Clarke – l’intensité de certaines scènes en tant que broyeurs émotionnels incroyables, fatals, tragiques, sans aucune issue possible. L’univers de Westeros est un monde de bêtes humaines, aussi complexes qu’elles peuvent commettre les pires atrocités ou les plus grosses erreurs. Même les soi-disant héros (érigés comme tels par des personnes n’ayant pas compris le plus profond message de la série) sont faillibles. Même les reines conquérantes sont de piètre dirigeantes. Même les méchants parfaits sont parfois plus ambigus qu’on ne voudrait le penser.


Il y a cette ambition visuelle de chaque instant. Ce budget gigantesque qui permet à la série de servir des décors plastiquement parfaits et des scènes d’actions enthousiasmantes. Une maestria technique sous tous les aspects : de la mise en scène intelligente même si elle a tendance à être de plus en plus démonstrative, une bande-originale toujours aussi admirable et une précision scénographique qui est un modèle du genre.
Game of Thrones est prisonnière de sa popularité. Déjà parce qu’il est devenu cool de cracher dessus pour des raisons obscures, mais aussi parce que ces mêmes personnes – si elles ne s’en rendent pas compte – risque de signer l’arrêt de mort de la série. Bien sûr que cette saison 5 a des défauts, mais ce sont des failles issues des remarques faites aux grandes qualités des saisons précédentes. Le serpent se mord la queue et le seul espoir c’est que les scénaristes décideront enfin d’ignorer les plaintes d’un public non initié, que seuls les rebondissements et scènes de combats contentent. Sauf que Game of Thrones ce ne sont pas des morts, des viols et des batailles. Game of Thrones ce sont des individus perdus dans l’immensité de guerres qui les dépassent. Intimiste, réaliste et désenchantée.


Tragédie sur la religion et sur la difficulté des responsabilités, cette saison 5 de Game of Thrones aura reçu de nombreuses critiques imméritées. La série s’est trouvé un rythme de croisière, et il est clair qu’en réécrivant les livres de Martin à leur sauce, le duo de showrunners a fait l’erreur de recentrer les personnages autour de quelques intrigues pas forcement égales en qualité. A trop vouloir réunir les arcs, ils ont fini par perdre cet esprit choral qui faisait tout le charme des précédentes saisons. En espérant que ce ne soit que passager, et même si l’émerveillement s’est atténué, le plaisir est toujours intact.
★★★★★★★★☆☆



Saison 6



Malgré ses bas, malgré ses difficultés – dont la plus évidente est celle d’avoir rattrapé les livres dont elle est adaptée – l’influence de Game of Thrones ne semble pas faiblir, même après cinq années. Chaque saison, les chocs télévisuels se transforment en événements de pop-culture dont la récurrence est aussi renversante que leur impact gigantesque. Ce témoignage d’un entrain populaire sans précédent sur le petit écran n’est pourtant pas le signe d’irrégularités qualitatives : Game of Thrones est une grande série, et si certains pouvaient encore douter de cette assertion – surtout après deux saisons moins convaincantes – cet antépénultième acte vient définitivement récupérer le trône du plus grand monument de la télévision contemporaine.


Ce qui caractérise cette saison six c’est que pour la première fois, lecteurs et spectateurs étaient sur un pied d’égalité. L’inconnu total, les théories de longue date comme dernier bouclier, et surtout le défi pour scénaristes et producteurs de proposer, chaque semaine pendant deux mois, un spectacle digne de jouer les trouble-fête avec l’admirable patience des fans de longue date des livres de George R.R. Martin. Si on peut se douter que les deux arlésiennes qui se chargeront de clôturer la saga littéraire divergeront sur de nombreux points de son homologue diffusé sur HBO, le défi est très largement accompli par David Benioff et D.B. Weiss.
Cette année fut une année de clôture. Les arcs se recroisent, les personnages lorgnent leur chute ou leur résurrection, les plus faibles perdent le jeu des trônes – et meurent. Dix épisodes posant les dernières briques d’une œuvre magistrale dont la fatalité sanglante est aussi logique et cohérente que foncièrement tétanisante. Jouant avec leurs pièces restantes, les scénaristes ont su dynamiser l’écriture du show sans en perdre sa saveur originelle, sa poésie tragique et sa beauté pourpre. Les révélations – attendues ou non – se sont enchaînées plus que jamais à un rythme effréné, et c’est en grande partie grâce à la qualité incroyable d’une mise en scène qui n’a cessé de se réinventer, illustrant merveilleusement la profonde complexité des personnages, des enjeux et des lignes directrices de chaque épisode. Miguel Sapochnik livre à cet égard deux moments inoubliables de télévision (Battle of the Bastards et The Winds of Winter) dont les aboutissements techniques et artistiques semblent poser un nouveau point de référence pour la cinématographie de la petite lucarne.
Nul besoin de rappeler les qualités ancestrales de Game of Thrones – comme à son habitude, le casting est exemplaire, sans aucune fausse note ; les dialogues retrouvent quant à eux leur gloire passée, teintés (et on en est ravis) d’humour comme il est de tradition. La construction des épisodes comme de la saison sont eux aussi irréprochables, brassant des thématiques variées avec une aisance inédite. De la tromperie de la subjectivité à la crainte de la mort, des victimes du pouvoir au libre arbitre, en passant par l’ombre des pères, les dilemmes de la vengeance et le poids étouffant du passé, qui se répète, tel un cycle inarrêtable.


Game of Thrones faire taire les critiques, et ce avec la manière. Cette sixième saison est non seulement l’une des meilleures de la série, mais elle offre par la même occasion certaines scènes qui sont d’ores et déjà ancrées à jamais dans l’inconscient de son public. Vibrant, brillant, intelligent, passionnant – on commence à manquer de superlatifs, mais c’est pour mieux applaudir une série qui aura su transcender son évolution, comprendre ses failles et continuer à surprendre et à émouvoir alors qu’on pensait qu’elle nous avait tout dit. Un monstre télévisuel, tout simplement.
★★★★★★★★★☆

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le 11 juil. 2013

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Vivienn

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