Girls
6.6
Girls

Série HBO (2012)

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« – Quoi de plus trivial que l'intimité ? Tu ne penses à aucun sujet beaucoup plus intéressant sur lequel écrire ? – À quoi penses-tu ? – Je ne sais pas... un tas de choses. Qu'en est-il de la critique culturelle, et toutes ses années de négligence, qu'en est-il des pluies acides, de la détresse du panda géant, du profilage racial, de l'expansion urbaine, qu'en est-il du divorce ou de la mort ? »
Écriture tranchante et mordante d'une série infiniment littéraire, malgré certaines apparences cosmétiques trompeuses, décrivant d'une manière vivante, presque cosmique, sociologique sur les bords, avec peu de concessions, non pas d'un côté la perdition, la déliquescence, le naufrage programmés de la jeunesse maintes fois ressassés, non pas de l'autre son inculture crasse vendue notamment par le sitcom qui fait de la jeune personne un enfant éternel, mais bien la jeunesse dans toute sa force et sa puissance réelles. Celle-ci ne peut plus dès lors être définie comme catégorie sociétale molle, elle se définit politiquement, dans ses engagements et le concret de la réalité en marche, assumant le principe de réalité sans transiger, la définissant dans le logos de son propre langage, celui d'une voix (plus que « la voix », comme l'annonce Hannah dans l'épisode pilote) de la nouvelle génération portée dans sa complexité qui est également celle de son époque. La jeunesse et/est bien plus cela.
Sans l'ombre d'un doute, l'une des toutes meilleures productions HBO, ce qui n'est pas peu dire, « Girls », loin d'être destinée aux seules filles, narration du temps présent, fait de bouts de ficelles en comparaison des moyens colossaux de géants du petit écran, est certainement l'une des œuvres cinématographiques les plus intelligentes de son époque dont il y aurait, signe de son éclat, tant à dire. Chapeau bas à la jeune et très talentueuse Lena Dunham, à la base du projet et en majeure partie aux commandes de l'écriture et de la réalisation. Une grâce pèse sur cette série qui pourrait ne jamais connaître le succès qu'elle mérite, mais un plus modeste succès d'estime qu'elle a déjà engrangé, ou plus heureusement connaître sur la longue traîne la gloire de l'œuvre culte d'initiés. Comme Oscar Wilde le disait, le public est extrêmement tolérant, il pardonne tout sauf le génie.
François_Nisse
9
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le 21 oct. 2014

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François_Nisse

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