Go Ahead est la série chinoise à l’origine du remake coréen Family By Choice. Mais ici, au lieu des 16 épisodes habituels, on en compte… 40. Bigre ! Autant dire que je ne suis pas habituée à ce format feuilleton.
Dès le départ, on est porté par des personnages plus réalistes, plus vivants, avec des interactions d’une grande spontanéité. Très touchante, la série raconte l’histoire de personnages avec leurs failles, leurs espoirs, leurs renoncements et leurs réussites. Elle s’attarde surtout sur le cœur du récit : la filiation, choisie ou imposée et le poids de la famille dans la construction identitaire des jeunes en Chine. Ici, les liens du sang ne sont pas forcément ceux qui nourrissent, et les blessures laissées par les parents biologiques pèsent lourd dans le passage à l’âge adulte. Ce thème irrigue tout le scénario et lui donne sa profondeur émotionnelle.
Là où Family By Choice consacre plus de la moitié de son intrigue à la période adolescente, Go Ahead pose ce cadre sur à peine un tiers. Le scénario y gagne en cohérence, car les vraies difficultés surgissent surtout à l’âge adulte, face aux responsabilités. La romance est ici beaucoup plus naturelle et simple même si j’ai regretté l’absence de romances secondaires. Ainsi les 2 amies qui vivent en colocation avec JianJian n’ont pas ce privilège. L’histoire se concentre sur Li JianJian et Ling Xiao. Leur relation est belle mais il est regrettable que l’évolution du sentiment amoureux chez JianJian ne soit pas mieux expliquée. Pour Xiao, c’est une évidence, mais chez elle, la bascule reste floue. Dans Family By Choice, cette progression était bien plus claire, plus sensuelle et subtile. Et il faut admettre que kiné, c’est un peu plus glamour que dentiste…
Là où Go Ahead surpasse son remake, c’est dans la justification du départ de Ling Xiao : un drame familial le contraint à quitter son père pour s’occuper de sa mère gravement accidentée et de sa petite sœur à Singapour. Un choix dicté par le devoir et l’urgence, qui déchire autant les personnages que nous-mêmes. Dans l’adaptation coréenne, les raisons sont moins légitimes, rendant la séparation plus frustrante que poignante. La mère, identique dans les deux versions, se pose en victime et instaure une relation toxique basée sur la culpabilisation.
Mais la série chinoise marque aussi des points par la richesse de ses personnages secondaires. On rit avec eux, on pleure avec eux. Les trois amies, quasi absentes dans la version coréenne, existent ici pleinement, chacune avec sa personnalité. Les portraits des mères sont plutôt sombres : culpabilisante et toxique pour l’une, exigeante et ambitieuse pour l’autre, absente et génératrice d’angoisse d’abandon pour la dernière. Le tout s’ancre dans la culture chinoise, dominée par la piété filiale et l’importance de la filiation.
Les acteurs livrent un jeu sincère et bouleversant. Song Wei Long (Ling Xiao) est aussi beau, sombre et mélancolique que Hwang In-yeop, Steven Zhang (He Zi Qiu) aussi attachant que Bae Hyun-sun. Tan Song Yun se montre plus spontanée et naturelle que Jung Chae-yeon, tandis que Sun Yi, dans le rôle de la meilleure amie, est aussi juste que son équivalent coréen. Les pères sont, eux aussi, formidables.
Malgré quelques longueurs propres au format de 40 épisodes d’une durée moyenne de 45 minutes, Go Ahead captive par l’authenticité de ses personnages et la chaleur de ses liens. La série parle de famille, mais aussi d’amitié, avec ce beau trio féminin totalement occulté dans le remake. L’ensemble est traité avec tendresse et lucidité, rappelant que la famille choisie peut parfois réparer celle que l’on subit.
Alors, laquelle je préfère ? Contre toute attente… la coréenne mais d’un poil ! Non pour sa profondeur, la version chinoise creuse davantage ses thématiques grâce à son format, mais parce que 40 épisodes, pour moi, c’est beaucoup. La version coréenne a su condenser l’essentiel, quitte à sacrifier certains personnages et nuances.
OST
- Fearless de Ma Di :https://www.youtube.com/watch?v=reXSb-gvds4&list=RDreXSb-gvds4&start_radio=1