Les séries à coups de poing pullulent ces temps-ci. Mais si certaines allient action et fond narratif solide, Good Boy vaut surtout pour ses acteurs investis, qui portent chacun un personnage cabossé avec intensité.
Un ancien boxeur, un tireur d’élite, un escrimeur… Tous médaillés olympiques, aujourd’hui recyclés en policiers d’élite. Entre justice expéditive, blessures enfouies et liens qui se tissent, Good Boy transforme l’arène sportive en champ de bataille urbain avec panache, muscles et humanité. Leur mission ? Intervenir là où la justice classique vacille, en usant de leurs réflexes d’athlètes, puisant dans leur rage contenue. Car s’ils ont brillé sur les podiums, ils frappent désormais dans l’ombre. Mais sous les uniformes impeccables, chacun porte ses propres cicatrices.
Yoon Dong-ju (Park Bo-gum) n’est pas simplement un ancien champion déchu. Il porte sa faute comme un gant trop serré et cogne pour expier. Il agit seul, refuse l’aide de ses coéquipiers, comme si le pardon devait se gagner dans la douleur, poing levé et souffle court. Derrière son regard déterminé, c’est un homme en chute intérieure, qui préfère s’abîmer dans l’action plutôt que d’oser la parole. Et plus sa santé chancelle, plus il accélère, comme s’il voulait régler ses comptes avec lui-même avant que son corps ne lâche.
Seok Ji-han (Lee Sang-yi) est peut-être le plus discret, mais il n’en est pas moins le plus lucide. Fin stratège, loyal jusqu’à l’effacement, il observe plus qu’il n’agit. Mais derrière son calme apparent se cache une douleur rentrée, comme cette blessure qu’il a toujours tue à celle qu’il aimait. Et face à Dong-ju, ce rival venu bousculer ses certitudes, il développe un lien fait de jalousie, d’admiration et d’un attachement presque fraternel. Comme s’il ne savait plus s’il voulait l’égaler, l’éloigner ou le sauver.
Ji Han-na (Kim So-hyun) ne parle pas beaucoup, mais chaque regard, chaque tir, vise juste. Elle ne vise pas seulement l’ennemi, mais une douleur ancienne. Elle a vu son père, policier droit et courageux, se faire assassiner pour avoir dénoncé la corruption. Depuis, Han-na se construit seule, entre le fantôme d’un père idéalisé et l’ombre d’une mère qu’elle rejette.
Go Man‑sik (Heo Sung‑tae) est la figure paternelle du groupe : une force de la nature aux prises élégantes. Ancien lutteur médaillé, il impose le respect. Calme, fiable, il porte les autres autant qu’il s’épuise à rester solide. À force de porter l’unité, il finit par incarner ce rôle ingrat : ni première ligne, ni héros flamboyant, juste la main ferme qu’on cherche quand tout s’écroule. Quand il soutient Dong‑ju, c’est un geste de protection plus vaste, envers l’équipe comme envers sa famille.
Sin Jae‑hong (Tae Won-seok), ancien lanceur de disque, est relégué à la circulation. Loin de la gloire. Pourtant, dans les moments critiques, sa carrure surgit, comme lorsqu’il soulève une lourde plaque pour dévier un danger. Sa douleur à lui, c’est de ne plus briller. Il incarne cet oublié parmi les oubliés. Et la série ne lui offre pas vraiment plus de place.
La création de cette équipe hors norme repose sur la volonté de Dong‑ju. Il n’a pas abandonné la boxe par choix, mais parce qu’on l’a écarté brutalement. Sa quête de justice devient alors un moteur, un exutoire, une manière d’agir là où il n’a pas pu se défendre.
Là où Good Boy séduit, c’est par la richesse de ses personnages, tous marqués. Si la tension et le suspens montent crescendo et nous maintiennent en haleine, surtout en première partie, en revanche, l’intrigue policière se révèle confuse avec des raccourcis ou des éléments arrivant d’une façon inopinée et disparaissent tel une bulle de savon. Le récit manque de fluidité : certaines pièces semblent avoir été posées sans avoir été véritablement montrées. La deuxième partie traine et nous livre des combats qui n’en finissent pas. Certes ces scènes sont chorégraphiées avec brio et portées par des acteurs engagés mais elles deviennent pourtant de moins en moins crédibles au fil des épisodes. Les attaques isolées, mais surtout les nombreuses blessures encaissées, deviennent trop graves pour que les personnages puissent s’en remettre aussi facilement. Dong-ju incarne à lui seul cette tension entre émotion juste et incohérence physique. Il vomit du sang, chancelle, mais continue. L’hémorragie interne n’est pas seulement médicale : c’est une faille intérieure. Ce trop-plein de blessures infligées nuit au réalisme que la série cherche pourtant à maintenir.
La bande-annonce promettait une escouade de cinq anciens champions olympiques, unis par leurs disciplines pour mener des missions d’élite. Mais très vite, la série s’organise autour de Dong-ju (Park Bo-gum), héros central omniprésent. Si Ha-na et Ji-han parviennent à tirer leur épingle du jeu, l’ancien lutteur et le lanceur de disque sont presque laissés sur la touche. Il faut attendre la moitié de la série pour qu’un semblant de cohésion d’équipe émerge. Quant aux compétences sportives vantées, elles restent sous-exploitées. Good Boy vend une équipe, mais ne s’intéresse qu’à son leader.
Au final, la série vaut avant tout pour son casting.
Park Bo-gum prête son visage juvénile à un boxeur à vif, obstiné et fragile.
Lee Sang-yi donne beaucoup de profondeur à son escrimeur grave et loyal.
Kim So-hyun, droite et silencieuse, incarne une Han-na marquée mais digne.
Et Oh Jung-se, dans un contre-emploi glaçant, donne vie à un antagoniste cruel.
Pour eux, pour leurs implications, j'ai mis 6 parce qu'avec un scénario comportant autant de trous dans la raquette, je n'aurais pas mis guère plus de 5.
Good Boy avait tous les ingrédients pour marquer. Mais à force d’étirer son récit, d’enchaîner les combats répétitifs et de se centrer sur un seul héros, la série s’essouffle. Avec quatre épisodes de moins, un scénario recentré et une fin moins convenue, elle aurait pu devenir un véritable uppercut. En l’état, elle laisse un goût d’entraînement trop long pour un match qui rate sa dernière droite.