Fan inconditionnel de l'univers de Hannibal Lecter, ce n'est qu'avec réticence que je me suis attaqué à cette série. Réticence parce que j'avais peur d'une nouvelle déception.
En effet, le Silence des agneaux peine à trouver un successeur. Le film précédent, Dragon Rouge de Michael Mann a affreusement mal vieilli et l'acteur choisi manque de charisme pour interpréter le génial personnage principal de la saga. Quant aux successeurs, bien que Anthony Hopkins se soit remis à la tâche pour un nouveau Dragon Rouge (de Brett Ratner avec Edward Norton) puis Hannibal, on ne retrouvait plus ce qui fait du Silence des agneaux un film aussi mythique. D'une part parce que Dragon Rouge deuxième du nom ne donne l'impression de n'être qu'une mauvaise contrefaçon du Silence des agneaux, la différence la plus marquante étant qu'au lieu de Jodie Foster dans le rôle de Clarisse Starling on a Edward Norton dans le rôle de Will Graham, profiler (chargé d'établir un profil psychologique d'un tueur en série) génial du FBI. Quant au film Hannibal, et bien tout ce qu'il y a à en dire est que c'est de Ridley Scott. Ce n'est donc pas insupportable, mais beaucoup moins intéressant, ce qui est vite frustrant quand on a affaire à un personnage aussi complexe. Le dernier rejeton de la série est par contre une daube. En fait, la seule chose qui m'a empêché de mettre à Hannibal Lecter : les origines du mal une ignoble note est tout simplement que l'histoire de base est trop bonne pour être totalement gâchée. Même si on se demande pourquoi est ce qu'on a décidé de faire revêtir à Hannibal une armure de Samourai. C'est écrit dans le bouquin, mais on aurait du voir une mauvaise idée même si elle est dans les romans, que Thomas Harris me pardonne.
Longue introduction, pardonnez moi, j'en ai profité pour faire une pierre 6 coups, revenons donc à la série. Malgré ses défauts auquel je reviendrais il faut tout de même rendre justice à la série. Si ce n'est clairement pas la meilleure série de l'année elle est de loin la meilleure chose qui soit arrivée au personnage du roman de Thomas Harris depuis le Silence des Agneaux : on découvre d'abord William Graham, jeune homme névrosé travaillant à l'académie du FBI, profiler de talent recruté par Jack Crowford (devenu noir entre le silence des agneaux et cette série, il est joué par Lawrence Fishburne Morpheus de Matrix) afin de travailler sur l'affaire d'un tueur en série. Face aux désordres psychologiques du héros, il décide de faire appel à un psychiatre extérieur et c'est ainsi que l'on rencontre Hannibal Lecter, joué par Mads Mikkelsen (Le Chiffre dans Casino Royal). Ce n'est pas l'acteur que j'aurais choisi, mais il faut dire que succéder à Anthony Hopkins est malaisé et il faut reconnaître qu'il s'en sort hornorablement. Bien propre sur lui, élégant et raffiné, on en devine pas loin toute la violence qui bouillonne en lui. C'est donc avec un certain plaisir que j'ai regardé les deux premiers épisodes de la saison. Cependant, le reste de la saison est venu rabaisser à un petit 6 le splendide 9 que je comptais mettre à cette série.
En effet, cette série a ce défaut horripilant inhérent aux feuilletons des années 90. Elle a un côté monstrueusement répétitif. Chaque épisode consiste en un nouveau tueur en série à attraper, chose rendue possible par le remarquable talent de Will, en cela bien assisté par Hannibal et l'équipe de Jack Crowford. Les scènes où le profiler se met dans la peau des assassins sont assez longues, et quand on les voit plusieurs fois d'affilée c'est assez horripilant. J'ai eu un moment d'espoir en milieu de saison, pensant qu'ils allaient se concentrer sur un seul tueur en série et développer la tension entre les différents personnages, mais non on retombe brutalement dans ce schéma assez basique. Du coup, les différents tueurs en série n'ont évidemment que peu de profondeur, ce que je trouve gênant quand le personnage principal est supposé avoir pour travail de dépeindre les caractéristiques psychologiques des différents meurtriers.
De plus, la deuxième partie de la saison se concentre particulièrement sur la faiblesse psychologique de Will, sur ses désordres mentaux. Et franchement, c'est trop gros, trop répétitif surjoué et presque risible. Je n'ai pas été ému par ce personnage, j'avais surtout hâte qu'on passe à autre chose, que l'intrigue avance. Au début de la série les problèmes mentaux de ce héros étaient une donnée, judicieusement jouée et ça aurait du rester comme ça, plutôt que de devenir un élément central. Ou alors le faire différemment. Bref, l'intrigue se ralentit à un moment où on attendait plus. Et puis franchement, ce Will Graham n'est pas un personnage suffisamment intéressant pour qu'on y passe autant de temps. La série s'appelle Hannibal, ce qu'on veut c'est Hannibal. D'ailleurs, pour se centrer sur Hannibal, la série essaye de nous le montrer comme un psychiatre de talent, mais je trouve ses analyses moins fortes que dans le film. Il y a dans le personnage de Thomas Harris une certaine logique dans ses actions. Tout doit avoir un but, tout ce que fait Hannibal sert un sens précis de ses intérêts. Dans la série en revanche on se demande ce qui conduit ce personnage, quel est son but. Il ne fait les choses que par simple curiosité, et je trouve que ce n'est pas assez. Que sait on finalement de ce Hannibal ? Je viens de finir la saison 1 et je n'ai pas l'impression d'en savoir beaucoup plus sur cet homme.
Bref, Hannibal est un feuilleton agréable à regarder si vous avez trois quart d'heures à tuer à un moment de votre journée, mais il ne s'agit certainement pas d'une des grandes séries de l'année. Je regarderai néanmoins la saison 2, prévue en 2014, quand elle sortira parce que la série a tout de même un sacré potentiel et il est tout à fait possible qu'elle s'améliore au fil des saisons.
